Rencontre de l' Association des historiens contemporanéistes de l’enseignement supérieur et de la Recherche (AHCESR) :
"Histoire visuelle et histoire matérielle : un mariage heureux ?"
Vendredi 8 juin 2018 de 14h à 16h15,
à la Maison de la Recherche de Sorbonne Université (28, rue Serpente, 75006 Paris, métro Odéon ou Saint-Michel, salle D040; entrée libre).
Programme :
14h-14h10: présentation de la table-ronde par Jérôme Bazin (Université Paris-Est Créteil), membre du Conseil d'administration de l’AHCESR
14h10-14h30 : Anaïs ALBERT (ICT, université Paris-Diderot), « Les scellés après décès : une source à la croisée de l’histoire matérielle et de l’histoire visuelle »
14h30-14h50: Manuel CHARPY (UMR 8529 IRHIS, université de Lille), « Matières et mémoires : une histoire matérielle du portrait au XIXe siècle ».
14h50-15h10: Annie CLAUSTES (LAHRA, université Lumière Lyon 2), « Culture matérielle, arts de l’objet du quotidien et histoire de l’art contemporain »
15h10-15h30: Gábor RITTERSPORN (CERCEC-CNRS), « Le samovar dans les images russes, soviétiques et postsoviétiques »
15h30-16h15 : Débat
Histoire visuelle et histoire matérielle sont souvent réunies dans le même mouvement. Dans l’histoire ouverte au grand public, l’essor des musées d’histoire a contribué à la généralisation et à l’association des objets et des images. La distinction peut sembler au premier abord inutile. Les deux suscitent des discussions autour du terme de « culture » (visuelle ou matérielle) ; les mêmes sources peuvent passer d’une étiquette à l’autre : toute image est d’abord un objet matériel et tout objet peut être regardé comme une image. Et l’histoire de ce qui est appelé arts décoratifs ou design est celle de l’objet-image.
Cette rencontre aborde cette partie de l’histoire contemporaine en interrogeant justement ce qui réunit, mais aussi ce qui sépare histoire visuelle et histoire matérielle. Les deux ne partagent pas la même généalogie académique. L’histoire visuelle s’est construite avec (et contre) l’histoire de l’art. De cette confrontation, elle a hérité la réflexion sur ce qui fait image, mais aussi le goût pour l’équivocité, l’appétit pour ce qui est incertain : l’image, qui serait par nature plus équivoque qu’un texte, serait un matériel moins aisé à utiliser dans la construction d’un savoir historique qu’un document écrit. L’histoire matérielle, quant à elle, est davantage née de l’histoire des techniques, du quotidien et des circulations. Les objets qu’elle traite sont surtout définis par leurs dits usages et pratiques ; ils sont d’abord saisis et touchés, puis secondairement vus.
Poser la question de la différence entre l’image et l’objet, pour relative qu’elle soit, peut permettre d’éclairer des pratiques historiennes, d’interroger les attendus des historiens face à de telles sources. C’est une façon de reposer la question de ce que les historiens tirent des images et des objets. C’est aussi une manière de revenir sur la place des sources textuelles dans les histoires visuelles et matérielles – car dans ce mariage, heureux ou non, s’invite inévitablement un tiers élément, le texte ; c’est souvent lui qui vient confirmer et certifier les analyses, rendant incertaine la capacité des images et des objets à tenir un discours propre.