Éducation populaire et mouvements sociaux. Une liaison à conjuguer à tous les temps
Popular education and social movements - a relationship at work through time
Revue Les Causeries du Labocoop, n°2
Les Causeries du Labocoop journal issue no.2
RÉSUMÉ
L’idée de dédier ce deuxième numéro aux liens entre éducation populaire et mouvements sociaux a émergé lors d’une rencontre de chercheur·ses en éducation populaire organisée par le Labocoop en octobre 2015, s’inscrivant pleinement dans les questionnements actuels autour de l’éducation populaire politique. Alors que nous nous demandons quel rôle peut jouer l’éducation populaire dans les luttes sociales et qu’est-ce que les mouvements sociaux produisent en terme d’éducation populaire, les mobilisations contre la COP21 et l’état d’urgence annoncent les prémices d’un mouvement social d’ampleur qui fleurira au printemps 2016 pour protester contre « la loi Travail et son monde ».
ANNONCE
La revue
Le Labocoop est un laboratoire de recherche autonome qui réunit des praticien.nes-chercheur.ses autour des questions d’éducation populaire en mouvement(s). Le Labocoop se veut travailler de manière coopérative et expérimentale afin de produire des savoirs pratiques, impliqués et donc fondamentalement politiques.
L'éducation populaire est ici envisagée comme un objet d'étude, mais aussi, voire surtout, comme une méthode de production de savoirs en capacité de déranger l'ordre établi, dans une visée de transformation sociale, économique et politique. Notre revue annuelle, Les Causeries, ainsi nommée d’après le nom des conférences des premières Universités Populaires, veut participer, aussi ambitieusement que possible, à la diffusion et à la production de savoirs collectifs, expérimentaux et critiques, pour penser l’éducation populaire aujourd’hui.
Le numéro
L’idée de dédier ce deuxième numéro aux liens entre éducation populaire et mouvements sociaux a émergé lors d’une rencontre de chercheur.ses en éducation populaire organisée par le Labocoop en octobre 2015, s’inscrivant pleinement dans les questionnements actuels autour de l’éducation populaire politique.
Alors que nous nous demandons quel rôle peut jouer l’éducation populaire dans les luttes sociales et qu’est-ce que les mouvements sociaux produisent en terme d’éducation populaire, les mobilisations contre la COP21 et l’état d’urgence annoncent les prémices d’un mouvement social d’ampleur qui fleurira au printemps 2016 pour protester contre “la loi Travail et son monde”. Plusieurs d’entre nous ont participé activement à ce mouvement, qui se caractérise par une diversité d’initiatives et de modes d’action : lycées et universités en grève, Nuit Debout, divers secteurs en grève, mise en place de comités d’action, de coordinations étudiantes et lycéennes, mais aussi inter-luttes, inter-professionnelles, non-syndiquées, etc.
Dans ce contexte, il nous a paru évident qu’en tant que chercheur.ses en éducation populaire, nous devions nous saisir de nos implications dans le mouvement pour repenser les liens historiques entre éducation populaire et mouvement sociaux, en vue de faire vivre une éducation populaire politique en action.
Les pistes proposées
Historiciser les liens entre éducation populaire et mouvements sociaux
L’éducation populaire semble être historiquement liée aux mouvements sociaux, dès lors qu’elle trouve ses origines au XIXème siècle dans les pratiques culturelles et d’éducation politique du mouvement ouvrier. Le projet philosophique de l’éducation populaire s’inscrit alors dans un héritage à la croisée des courants marxistes et anarchistes du XIXème siècle et de l’humanisme des Lumières.
Que reste-t-il aujourd’hui de ces liens avec le mouvement social ? Quels liens avec les organisations politiques traditionnelles ? Avec les formes d’organisations plus autonomes et/ou mouvements d’occupation de places ? Quelles mémoires collectives des luttes peut-on identifier ? Qu’a-t-on gagné ? Qu’a-t-on appris ? Quelles critiques peut-on apporter à cet héritage de l’éducation populaire ? Comment peut s’actualiser une pensée de l’éducation populaire au vu des approches critiques contemporaines (notamment féministes, postcoloniales, etc.) et des pratiques de luttes actuelles ?
Penser une éducation populaire politique en lutte
Depuis quelques années, une nouvelle génération de praticien.nes-chercheur.ses semble se dessiner autour de la notion d’éducation populaire politique, pour réaffirmer la dimension politique de ce courant. Au-delà des expériences des SCOP et associations d’éducation populaire, qui tentent de construire du politique en marge des grands mouvements institutionnels, le défi auquel nous aimerions nous confronter aujourd’hui est celui de faire vivre une éducation populaire politique en lutte, une éducation populaire comme moyen d’action politique au service des luttes. L’émergence d’un mouvement social tel que le mouvement contre la loi Travail nous semble un moment important à saisir afin d’éprouver ces réflexions sur le terrain, en adoptant une approche du mouvement social comme un « espace politico-pédagogique », où les pratiques se renouvellent dans l’action.
Quels processus pédagogiques sont à l’œuvre dans le renouvellement des pratiques de luttes ? Que peut apporter l’éducation populaire à ces processus et quelles pratiques d’éducation populaire en émergent ? Quels outils épistémologiques etméthodologiques pour penser et faire vivre une éducation populaire en lutte ?
Les détails pratiques
Notre revue ayant vocation à désacraliser les savoirs dits scientifiques, et à promouvoir une pluralité des formes de savoirs, nous accueillerons toutes les formes de contributions qui vous semblent pertinentes : articles, analyses, récits, extraits de journaux, photos, dessins, poèmes, etc. Nous vous invitons à envoyer vos propositions
avant le 15 décembre 2016
par email à labo.coop@gmail.com.
Comité de rédaction de la revue
Alexane Brochard (praticienne-chercheuse, association Préface)
Myriam Cheklab (doctorante en sciences de l'éducation, laboratoire EXPERICE, Université Paris 8)
Léa Laval (doctorante en sciences de l'éducation, laboratoire EXPERICE, Université Paris 8)