En 2000, les partis d’extrême droite étaient cantonnés aux marges du paysage politique européen. En quelques années, ils ont gagné du terrain dans la plupart des parlements nationaux. Leur avancée, parallèle aux victoires d'Erdoğan en Turquie, de Modi en Inde, de Duterte aux Philippines, de Trump aux États-Unis ou de Bolsonaro au Brésil, a provoqué une radicalisation identitaire d’une partie de la droite traditionnelle.
Assistons-nous à une « fascisation » de la vie politique ? Faut-il craindre un « retour du fascisme » ? Loin de rester cantonnées aux seuls spécialistes, ces questions ont mobilisé de nombreux écrivains, artistes, politiciens (et jusqu'au pape François).
Elles ont ravivé aussi des débats historiographiques d’envergure : le fascisme est-il un phénomène historique spécifique ou une notion qui dépasse le cadre géographique et temporel qui l’a engendré ? Quel est le rôle de l’analogie et de l’anachronisme dans l’analyse historique ? Quatorze historiens et politistes ont accepté de s’exprimer sur le sujet.
Dans les premiers jours de la crise sanitaire, nous nous sommes demandées si notre dossier risquait d’apparaître déplacé, voire obsolète. Tel ne semble pas être le cas. Dans le monde entier, les partis d’extrême droite ont cherché à tirer profit de l’urgence sanitaire. Ils ont proposé des lectures complotistes, sollicité la fermeture des frontières et instruit un réquisitoire contre les mesures de confinement.
C’est dans cette conjoncture que nous avons découvert le travail de Sosthen Hennekam, qui a bien voulu illustrer ce numéro, sur les architectures de Milan, le lieu de naissance du fascisme et l’une des villes le plus touchées par la pandémie du Covid.
Dossier coordonné par Federica Bertagna et Sabina Loriga
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