CfP: Les mobilisations aux États-Unis depuis 2008. Vers une remise en cause du paradigme néolibéral?

Call for papers, deadline 31 January 2017 (in French)

Le contexte politique américain actuel reflète la pacification et l’institutionnalisation des mouvements de contestation qui ont eu lieu au cours des dernières décennies (McCarthy & McPhail 1998), surtout lorsqu’on le compare avec les années 1920-1930 (mouvements centrés sur les droits des travailleurs) et les années 1960-1970 (mouvements pour les droits civiques, anti-guerres et anti-impérialistes, féministes et pour les droits des minorités sexuelles).

Si l’élection de Barack Obama en novembre 2008 a marqué le début de ce que certains appellent une « nouvelle ère progressiste » (Texeira 2009), son mandat signale aussi un renouveau de la contestation : Campaign for Paid Family Leave depuis 2006 pour l’obtention de congés parentaux; manifestation des fonctionnaires du Wisconsin en 2011 (le plus important mouvement social qu’aient connu les États-Unis depuis soixante-quinze ans) ; suivi cette même année d’Occupy contre les abus du capitalisme financier ; mouvement Fight for $15 des travailleurs payés à l’heure pour augmenter le salaire minimum depuis 2012 ; la grève des enseignant-e-s de Chicago de septembre 2012 et son impact sur le syndicalisme enseignant à travers le pays ; l’organisation des actions de « Moral Mondays » qui ont remis à jour la tradition de désobéissance civile des religieux progressistes dans les Etat du Sud depuis 2013 ; mouvement de défense des droits des immigrés, et notamment ses composantes de jeunes auto-organisés (mouvement des Dreamers) ; et enfin Black Lives Matter contre les violences policières et le racisme institutionnel dont sont victimes les citoyens afro-américains. Depuis l’élection de la trotskyste Kshama Sawant au conseil municipal de Seattle, de l’ancien sandiniste Bill de Blasio à la mairie de New York en 2013 et la candidature du social-démocrate Bernie Sanders à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2016, le mot « socialiste » n’est plus un adjectif fatal à une carrière politique américaine. Une nouvelle génération trouve un intérêt renouvelé pour les théories radicales et la contestation de l’ordre établi, comme en atteste l’émergence des nouvelles revues Jacobin et N+1 et des médias en ligne dédiés à l’information comme Truthout ou The Intercept. L’analyse de l’activisme politique contemporain pousse ainsi Catherine Corrigall-Brown (Corrigall-Brown 2011) à considérer que les mouvements sociaux aux Etats-Unis ne touchent pas que des groupes minoritaires mais la société dans son ensemble.

Dans le même temps, depuis 2008 les mouvements politiques conservateurs ont eu aussi connu d’importantes évolutions. C’est ce contexte d’un renouveau du militantisme de terrain impulsé par les franges les plus radicales du parti républicain et de ses réseaux (Tea Party, National Rifle Association, droite évangéliste) qui a permis l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis en novembre dernier (Skocpol 2013, Hochschild 2016).

L’objectif de cette journée sera de faire un état des lieux du champ des mobilisations américaines et d’obtenir une perspective comparée de phénomènes et de manifestations très récentes voire toujours en cours, tout en rassemblant les jeunes chercheur-e-s (doctorant-e-s et jeunes docteur-e-s) de toutes les disciplines académiques qui se spécialisent sur les mouvements sociaux aux Etats-Unis. Elle s’articulera autour de plusieurs axes, parmi lesquels :

  • Un axe sur des mouvements dits « horizontaux » (Occupy Wall Street, Black Lives Matter, mouvement des Dreamers). Quelles relations entretiennent ces mouvements en apparence horizontaux, décentralisés, avec les secteurs plus institutionnalisés de l’espace des mouvements sociaux (syndicats, secteur associatif, organisations politiques ou de droits civiques) ? Quels sont les ressorts de la constitution de ces mouvements « horizontaux » ? Dans quelles continuités et lignages historiques s’insèrent-ils ?
  • Un axe sur les convergences entre mouvements sociaux. Quelles sont les conditions sociales et politiques de possibilité de faire converger différents mouvements sociaux ? Quels sont les obstacles auxquels ces mouvements sont confrontés ?
  •  Un axe sur les mobilisations conservatrices. Existe-t-il une spécificité des mobilisations conservatrices par rapport à leurs équivalents progressistes ? Quelles sont leurs conditions sociales de possibilité et de félicité ? Les réseaux et institutions sur lesquelles elles s’appuient ? Les modalités d’intervention politique qu’elles développent ?

Cette journée d’étude bilingue et interdisciplinaire est conjointement organisée par les séminaires AREA (Paris 4) et MobeE (Paris 1), qui se spécialisent respectivement sur le monde anglophone et sur l’étude des mobilisations. Elle se déroulera à la salle des Actes de la Sorbonne le 23 juin 2017 de 9h à 17h, et verra se succéder 8 interventions de chercheurs/chercheuses junior ainsi que deux discours d’intervenant-e-s étatsunien-ne-s.

Modalités de soumission

Les propositions ne devront pas dépasser 500 mots ; elles indiqueront les principaux matériaux et références bibliographiques utilisés, et comporteront une brève bio-bibliographie. Elles sont à envoyer avant le 31 janvier 2017 

aux organisateurs à l’adresse suivante : jemobilisationsUSA@gmail.com

Les textes retenus (sur la base d’une intervention de 30 minutes en anglais ou en français) devront parvenir aux organisateurs au plus tard le 15 mai 2017 afin de pouvoir être mis en circulation entre les personnes inscrites à la journée.

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