CfP: Conflits, résistances et tensions dans les mondes du travail

Call for papers, deadline 17 September 2017 (in French)

 

L’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et l’École Normale Supérieure de Paris (ENS) organisent le 18 décembre prochain une journée d’étude au Campus Jourdain de l’ENS sur le thème : «Conflits, résistances et tensions dans les mondes du travail».

Dans cette perspective, un appel à communications vient d’être lancé, dont les grandes lignes sont les suivantes :

Si la question de la conflictualité au travail a fait l’objet de nombreux travaux de sciences sociales parfois devenus des classiques, les discours des années 1990 sur la fin des classes sociales [Bouffartigue, 2004] ou la baisse de la conflictualité ont contribué à reléguer ce thème au second plan [Penissat, 2009]. Pourtant, les récentes transformations des contextes de travail et d’emploi, telles que la financiarisation de l’économie, l’accentuation des inégalités sociales et les lourdes restructurations des entreprises, viennent réinterroger la conflictualité au travail [Godechot, 2013 ; Benquet, Durand, 2016]. Les mouvements de grève intenses de ces dernières années, contestant les licenciements collectifs accentués avec la « crise », l’objectif de compétitivité dans les entreprises, ou encore les réformes successives du Code du travail (ANI, loi Macron, loi travail, etc.) [Freyssinet, 2013], ont montré que cette conflictualité était loin d’avoir disparue.
 
Cette journée d’étude s’inscrit dans le prolongement de travaux récents [e.g. Beaud et Pialoux, 1999 ; Jounin, 2008 ; Collovald et Mathieu 2009 ; Benquet, 2011] qui ont renouvelé les approches de la conflictualité au travail à l’intersection de la sociologie du travail et de la sociologie politique de l’action collective [Giraud, 2009]. Elle se propose d’appréhender les conflictualités au travail saisies dans des contextes pluriels en s’intéressant aux conflits les plus ouverts et organisés comme aux « résistances » les moins visibles (Eigensinn [Lüdtke, 1996], micro-conflits, déloyautés au travail, etc.). Elle s’intéresse autant aux différends opposant direction et salarié.e.s qu’à ceux divisant la main-d’œuvre. Cette journée d’étude invite ainsi à articuler ces différentes formes de conflictualité, à multiplier les échelles d’analyse – notamment lorsque les chaînes d’interdépendance remontent aux décisions du siège et au-delà des frontières nationales [Collectif du 9 août, 2017] – et à tenir compte des différents points de vue, salariaux, syndicaux mais aussi patronaux (stratégie d’évitement, domestication des conflits, etc.).
 
De manière transversale, cette journée d’étude se veut également être un espace de réflexion sur les méthodes d’enquête permettant d’analyser la conflictualité au travail. La multiplication des travaux consacrés à ces conflits est liée au développement de l’ethnographie dans les sciences sociales, qui permet de rendre visible la diversité et l’articulation des logiques de conflictualité, ses acteurs et leurs dynamiques tout en les replaçant dans les rapports de force qui les encadrent et l’histoire longue qui les éclaire [Arborio et al., 2008]. Elle a pour corollaire l’engagement du chercheur sur son terrain [Favret-Saada, 1977]. Comment circuler entre les différents protagonistes d’un conflit au travail ? Peut-on accéder à une position « d’atopie » [Naepels, 1998] ? L’ethnographie soulève également le problème de la temporalité des conflits et du chercheur. Comment étudier la dynamique des conflits en train de se faire ? Et quels sont les enjeux d’une reconstruction a posteriori ? Enfin, comment articuler les enquêtes de terrain, en général qualitatives et monographiques, avec la longue tradition d’analyse quantitative des conflits au travail ?
 
L’appel à communication encourage les propositions s’inscrivant dans l’un de trois axes suivants :
 
1/ Les terrains de la conflictualité, une diversité d’acteurs et de contextes
2/ Conditions d’émergence ou de non-émergence des conflits au travail
3/ Résistances aux restructurations
 
Plus d’informations sur: https://fr-fr.facebook.com/semtravail/.
Date limite d’envoi des propositions de communication: 17 septembre 2017.
Les participant.e.s doivent envoyer un résumé de 5 000 signes maximum (espaces compris), présentant leur problématique, le cadre théorique, les supports empiriques et les principaux résultats avant le 17 septembre 2017 à l’adresse e-mail suivante: sem.travail@gmail.com.
Réponse du comité d’organisation: 2 octobre 2017
La journée d’étude se déroulera le 18 décembre 2017 sur le campus Jourdan – 48 boulevard Jourdan, 75014 Paris.
 
 
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