CfP: Special Issue of Tracés on "Les irrécupérables"

Call for articles, deadline 1 June 2018 (in French)

 

Appel à contribution pour la revue Tracés (n° 37) : Les irrécupérables

Numéro coordonné par Émilie Guitard, Igor Krtolica, Baptiste Monsaingeon et Mathilde Rossigneux-Méheust.

« Irrécupérable » est un terme qui qualifie ce qui ne peut pas être récupéré et qui donne donc lieu à un processus de disqualification, de relégation ou d’élimination. Le rebut ou l’irrécupérable est alors ce qui résiste à la fois à l’intégration et à l’élimination. Dans la langue française, ces deux termes s’appliquent aussi bien aux choses qu’aux personnes. Ce numéro de la revue Tracés entend interroger les différentes formes qu’empruntent ces processus d’impossible réintégration. Il propose de questionner la mise en échec de toute dialectique de réhabilitation, de récupération ou de recyclage.

Peuvent être proposés des articles, notes, traductions et entretiens (voir modalités de soumission).

Date limite : 1er juin 2018 (intentions) – 30 septembre 2018 (soumission du texte complet) – voir les modalités après l’argumentaire.

Argumentaire

« Irrécupérable » est un terme qui qualifie ce qui ne peut pas être récupéré et qui donne donc lieu à un processus de disqualification, de relégation ou d’élimination. Le rebut ou l’irrécupérable est alors ce qui résiste à la fois à l’intégration et à l’élimination. Dans la langue française, ces deux termes s’appliquent aussi bien aux choses qu’aux personnes. Ce numéro de la revue Tracés entend interroger les différentes formes qu’empruntent ces processus d’impossible réintégration. Il propose de questionner la mise en échec de toute dialectique de réhabilitation, de récupération ou de recyclage.

Le problème de l’irrécupérabilité s’arrime à un questionnement plus large sur l’exclusion et la mise à l’écart au sein de la sphère sociale d’une part, sur les déchets et les ordures au sein de la sphère matérielle d’autre part. En choisissant le terme d’irrécupérable, ce numéro entend questionner la possibilité d’une approche conjointe de l’irrécupérabilité au sein de ces deux sphères, c’est-à-dire interroger la pertinence d’un continuum matériel-social : en repérant des continuités (dans quelle mesure la relégation matérielle constitue-t-elle par exemple un modèle pour penser celle des humains, et inversement ?), en repérant des différences (si l’on peut mettre à mort les humains relégués hors du monde social, n’y a-t-il pas néanmoins des déchets matériels qu’on ne peut supprimer ?), en identifiant des combinaisons (n’y a-t-il pas des lieux où des personnes qualifiées de rebuts sociaux coexistent avec des choses traitées comme des rebuts matériels ?). En somme, peut-on mettre sur le même plan, comme l’ont fait Alain Corbin (1978) ou Zygmunt Bauman (2003), ces deux aspects de la mise hors du monde ? Y a-t-il un sens à interroger la fabrique de l’irrécupérable en saisissant ensemble les discours de mise au rebut des individus et des objets ? Peut-on trouver quelque chose de commun entre les bagnes coloniaux, les génocides, l’enfouissement de matériaux radioactifs ou encore l’exportation massive de déchets plastiques ? Si l’on sait bien que certaines catégories sociales sont affectées à la gestion des rebuts parce qu’elles sont elles mêmes reléguées, ce numéro est une invitation à explorer le divers des circulations entre humains et non-humains au cours des processus de disqualification, de relégation ou d’élimination radicales. Il invite aussi les auteur-es qui douteraient de la possibilité scientifique de tenir dans un même raisonnement la mise au rebuts des individus et celle des choses à développer également leur démonstration en ce sens.

Le terme « irrécupérables » n’est pas un concept. Néanmoins, il constitue dans tous les cas une catégorie limite qui désigne et ouvre un champ d’investigation aux sciences humaines et sociales. Si cet appel ne porte pas sur un concept issu des SHS, de l’action publique ou du langage ordinaire des sociétés occidentales, c’est parce que nous souhaitons nommer provisoirement une série de problèmes souvent pensés de manière déconnectés et susciter du même coup des contributions originales. Cette série de problèmes renvoie pour une bonne part à un double fait problématique : d’un côté, la production effrénée par nos sociétés contemporaines d’éléments matériels et humains qualifiés d’irrécupérables, et de l’autre la neutralisation non moins débridée de ces mêmes éléments qu’elles ambitionnent soit de récupérer soit d’éliminer.

Analyser la mise au rebut comme une construction culturelle et sociale complexe (Douglas, 1967) invite à déplier les étapes de ce processus, de la fabrique de l’irrécupérable à tout ce qui est susceptible de remettre en cause l’opération initiale de disqualification. Précisons d’entrée le caractère artificiel d’un tel découpage, tant la définition de l’irrécupérabilité est à la croisée des théories légitimant la mise au rebut, des pratiques disqualifiantes et des discours et usages qui font et défont ces étiquetages. Nous incitons les contributeurs et contributrices à s’emparer de ce terme d’« irrécupérable » à travers quatre axes de réflexion, non exhaustifs ni exclusifs.

Axe 1. Produire

Les irrécupérables le sont d’abord parce qu’ils sont définis comme tels, dans les discours comme dans les pratiques, par toute une série d’acteurs autorisés à dire la disqualification des biens et des personnes. Qui sont ces acteurs, et dans quels espaces et par quelles pratiques des individus, des groupes humains ou des objets sont-ils jugés irrécupérables et produits comme tels ? Si l’on admet que la mise au rebut est une forme paroxystique de stigmatisation, quels critères et quels outils sont forgés pour justifier la relégation définitive d’individus ou d’objets ? Comment déterminer une bonne fois pour toutes leur inutilité, leur absence de valeur ou d’usage ? Cet axe invite à interroger les multiples opérations discursives et matérielles qui conduisent à représenter, à penser, à légitimer et à organiser la disqualification définitive.

Une première piste à explorer consiste à identifier et examiner les acteurs de cette disqualification. Ce dossier vise à accueillir des analyses permettant de saisir les conditions sociales de cette pensée de la relégation. Qui forge l’idée d’une inutilité des rebuts matériels et sociaux : quels individus, quelles institutions, en fonction de quels faisceaux de représentations spécifiques ? Comment s’articulent par exemple les discours et les pratiques des médecins, juristes, urbanistes, moralistes, philosophes, économistes, politistes, etc. (la liste n’est pas exhaustive) dans la production d’une telle disqualification ? Quelle autorité exercent ceux qui disqualifient une partie des personnes et des objets que produit la société ? Dans quels contextes sociaux, géographiques, démographiques, idéologiques, politiques cette pensée de la mise au rebut se déploie-t-elle ? Quelles sont les conditions qui assurent le succès ou l’échec de sa mise en œuvre ?

Une deuxième piste consiste à interroger les outils forgés pour fonder et contrôler ces opérations de mise à l’écart. Ces outils établissent une « économie des grandeurs » (Boltanski, Thévenot, 1991) qu’il faut continuer à questionner pour comprendre comment se construit cette catégorie limite qui conduit à penser l’impossible intégration d’une partie de la société ou de ce qu’elle produit. Au cours du premier xixe siècle, par exemple, les aliénistes développent ainsi un puissant arsenal statistique qui contribue à redoubler la fonction instituante de leurs classifications, alors que, dans les administrations françaises en charge d’individus jugés suspects, « il pleut des statistiques […] comme il fleurit des physiologies » (Perrot, 1977). L’histoire de l’eugénisme, qui est pour une part celle de la production progressivement assumée de la mise au rebut, est une histoire de mesures : mesure des capacités reproductives des différents groupes sociaux et raciaux, mesure des dispositions génétiques et de la qualité reproductive (Carol, 1995 ; Rosental, 2003 ; Cahen, 2011). Comment mesure-t-on ce qui ne vaut rien, ce qui ne sert plus à rien ? Quelles opérations conduisent à déclarer quelqu’un ou quelque chose hors d’usage ? Quel rôle y jouent l’évaluation de leur degré de dangerosité, le risque supposé de contamination, et corrélativement un certain droit voire un devoir de les faire disparaître, ou à défaut de les neutraliser ? Si l’on sait l’importance de la sélection du meilleur dans le développement d’une science des mesures de l’espèce humaine, quelle place occupe à l’inverse la question de l’irrécupérabilité dans la production des outils statistiques et des opérations de classement ? Et que gagne-t-on à observer la production des irrécupérables quand on réfléchit à la mesure de la valeur humaine comme de la valeur matérielle ?

Une troisième piste invite à questionner les pratiques et les formes de la liquidation, dans leurs dimensions spatiale (mise à l’écart) et temporelle (mise à mort). Par quelles opérations cherche-t-on à éliminer ce que l’on considère comme définitivement inutile ? Sont en effet développés des dispositifs spatiaux variés, visant à l’invisibilisation, au confinement, à l’enfouissement et à l’éloignement : poubelles fermées et sacs poubelles opaques, tuyaux et égouts souterrains, voire plus récemment évacuation des déchets solides par conduits pneumatiques, collecte de nuit, sites de décharge fermés et hors des villes, incinérateurs, mais aussi prisons, dépôts de mendicité, bagnes, camps de concentration, colonies pénitentiaires, maisons de correction, asiles, hospices, etc. Il ne s’agit pas de faire un catalogue des dispositifs spatiaux d’exclusion, mais plutôt de saisir la façon dont ils produisent et reproduisent de l’irrécupérabilité en même temps que des représentations de la dangerosité des éléments jugés irrécupérables. Il s’agira également d’interroger la dimension temporelle de la disqualification des individus et des choses condamnés à disparaître irrévocablement. Nous incitons les contributions à interroger les dispositifs censés reléguer définitivement humains et non humains « hors du monde », en montrant notamment dans quelle mesure ils contribuent à forger des représentations de l’irréversibilité. Peut-on par exemple inclure les nombreux dispositifs de gestion pensés et présentés comme temporaires (stockage des déchets nucléaires), dans l’attente du développement de nouvelles techniques qui permettront, dans un avenir indéterminé, leur récupération ou leur annihilation complète (Barthe, 2009) ?

Axe 2. Faire avec

Acter l’existence d’une production d’irrécupérables ne suffit pas : encore faut-il interroger la façon dont ils sont gérés, investis, oubliés ou négligés par les sociétés humaines, d’autant plus qu’il est probablement impossible d’éliminer « purement et simplement » ce qui a été qualifié d’irrécupérable. Il est nécessaire dès lors de se pencher sur les multiples opérations de gestion de ces rebuts, les façons de faire avec eux. Que faire avec ce qui résiste à la fois à l’intégration et à l’élimination ? Mais dans quelle mesure l’élimination complète, la suppression définitive des irrécupérables est-elle simplement possible ? Les processus de liquidation, de mise à mort ou d’éradication ne sont-ils pas, toujours, générateurs d’autres formes d’irrécupérables ? Comment gérer ce qui reste même après avoir été mis « hors du monde » ? L’ambition de ce dossier est aussi de rendre visible et mesurable que la gestion des irrécupérables engage toute une économie et constitue un véritable travail.

Gérer, au quotidien et pour l’avenir, la relégation sans retour des éléments jugés irrécupérables a un coût et nécessite un investissement. L’ensemble privé et public des dispositifs politiques, sociaux et législatifs, étayés par des appareils techniques complexes nécessitent le plus souvent d’importants moyens financiers. Qu’il s’agisse d’objets, de substances ou d’individus, d’institutions ou de sites spécifiques, leur liquidation suppose un investissement et des investisseurs. Analyser la question de la mise au rebut sous l’angle économique permet d’interroger ce que vaut une vie humaine ou un objet matériel dévalorisés. Partir de la question du coût économique de l’élimination invite ainsi à poursuivre le questionnement sur l’institution d’une hiérarchie entre les éléments mis au rebut. Tous les irrécupérables, quelle que soit leur nature (humaine ou non humaine) ou les modalités de leurs productions, génèrent des coûts de traitement. Quels investissements les particuliers, les entreprises, les pouvoirs publics sont-ils prêts à engager dans la déportation des bagnards, dans les frais de fonctionnement des camps de concentration, dans l’enfouissement des déchets nucléaires, dans l’exportation de déchets toxiques, dans les espaces fermés des hôpitaux gériatriques, dans le matériel de mise à mort, dans la sélection génétique ? On s’interrogera aussi sur les coûts engagés dans les espaces et les matériaux inutilisables, interdits d’accès ou abandonnés, qui restent souvent dans l’attente d’une hypothétique réhabilitation (dépollution, rénovation, reconversion).

Penser l’administration de l’irrécupérabilité comme un travail conduit aussi à envisager le processus de mise au rebut comme une source de profits. Certains dispositifs de gestion des irrécupérables semblent souvent, en dépit de leur caractère transitoire revendiqué, profiter à des entrepreneurs de rebuts dans le cadre du système global d’accumulation capitaliste. On pense par exemple à la production massive d’objets jetables (emballages, couverts, accessoires d’hygiène, etc.) ou à l’obsolescence programmée. À cela s’ajoute l’ensemble des bénéfices issus du travail effectué par les populations pourtant jugées irrécupérables (Petit, 1990) ou issus de la gestion des déchets ultimes. Parce que rentable, la gestion des irrécupérables n’est plus conçue comme un mal nécessaire, mais comme une activité lucrative à entretenir et développer. Cette tension entre coût et bénéfice invite à exhumer une approche comptable souvent invisibilisée par les enjeux moraux.

Le travail de mise au rebut mobilise une série d’acteurs qui œuvrent concrètement à la gestion des éléments jugés irrécupérables et qui en sont eux-mêmes affectés. Quel est le statut de ces travailleurs et de ces travailleuses contraints à faire l’expérience de la proximité avec ce(ux-lles) qu’une société cherche à justement mettre à distance ? Quels sont les risques auxquels ils/elles sont exposé-es ? Qu’est-ce que la gestion de ce(ux-lles) dont personne ne veut plus a comme conséquences sur ceux et celles dont c’est l’activité professionnelle ? Comme l’illustre le cas classique des « travailleurs des déchets » qui se retrouvent affectés par le dégoût et la relégation associés aux matières qu’ils manipulent (Lelay et Corteel, 2011 ; Florin, 2015 ; Jeanjean, 2011), ou encore des gardiens de prisons dévalorisés par le contact avec une population stigmatisée, peut-on faire l’hypothèse générale que les dispositifs de gestion des irrécupérables participent de leur production, via un phénomène de « contamination » de leurs agents ? Les personnes recrutées pour effectuer ces tâches dépréciées appartiennent souvent déjà à des catégories de population marginalisées. Elle se retrouvent par là encore affectées à des postes subalternes, dont la moindre reconnaissance est alimentée par le contact quotidien avec l’irrécupérable et parfois par l’angoisse de la contamination sociale. Ainsi, une chaîne du travail subalterne lié aux rebuts se met parfois en place. C’est sur cette logique que de nombreux systèmes à castes, aussi bien indiens qu’africains, ont pu construire la délégation systématique de la gestion des irrécupérables (vidange des latrines, équarrissage, rites funéraires) aux castes les plus basses ou aux hors castes, déjà conçus comme « souillés » par essence, comme les esclaves dans les cités-états peules (Kyburz, 1997), les forgerons de nombreuses sociétés d’Afrique subsaharienne (Van Beek, 1992) ou encore les Dalit indiens (Harshey & Sharma, 2016). Sans devenir eux-mêmes définitivement irrécupérables, cette contamination isole encore davantage, socialement et professionnellement, ces travailleurs déjà subalternes. Les contributrices et contributeurs sont invités à mettre en évidence la diversité des emplois, qualifiés et non qualifiés, féminins et masculins, encadrants et manuels, qui sont au contact des éléments définis en amont comme irrécupérables. L’existence dans le monde entier de sites de retraitements des déchets toxiques ou radioactifs autorise-t-elle à penser un prolétariat mondialisé du maniement des restes ? Les contributions sont par conséquent invitées à sortir d’une approche segmentée de l’irrécupérabilité (par type d’objets, de substances ou de tares) pour penser de manière transversale et transnationale ce que la charge de gérer les restes fait à ceux et celles auxquel-le-s elle incombe.

Enfin ce numéro souhaite poser la question de la mémoire et de l’oubli des éléments irrécupérables. Par quel travail conserve-t-on, entretient-on ou efface-t-on la mémoire de ce qui est jugé à un moment donné nocif au point de devoir être éliminé ? Y a-t-il là par exemple matière à étudier les dispositifs de production d’ignorance à l’endroit de la prolifération des irrécupérables (Proctor & Schiebinger, 2008) ? Si l’histoire environnementale a notamment vocation à analyser les processus d’invisibilisation des nuisances et des pollutions comme de leurs contestations (Fressoz, 2012 ; Pessis, Topçu & Bonneuil, 2013), quelles peuvent être les contributions des autres sciences humaines sociales à ce travail d’archéologie des irrécupérables ?

 Axe 3. Résister

Il apparaît que, même isolés, même relégués, certains éléments jugés irrécupérables sont à même de continuer à produire des effets sur leurs milieux.

Étudier les résistances aux processus d’élimination permet-il de penser sous un nouvel angle une agentivité des objets ? Et si les irrécupérables disposent d’une forme d’agentivité, comment se manifeste-t-elle et qui ou que « sert »-elle ? De ce point de vue, les irrécupérables ne sont-ils pas toujours susceptibles de devenir réfractaires, au sens (passif et/ou actif) où ils résistent à toute intégration comme à toute élimination ? Quelles sont les capacités et les modalités de résistance (là encore au double sens actif et passif) des irrécupérables ?

Au-delà de la façon dont sont envisagés ceux qui entrent en collusion avec un système de récupération totalisant, ce numéro vise à interroger la diversité des modes de résistance déployés : ceux qui se refusent au confinement et circulent, parfois à de très vastes échelles, à travers nos sociétés, comme les migrants sans-papiers, les hobos (Anderson, 1923) les tramps américains (Douglas, 1970); ceux qui produisent une contre-culture comme les punks (Hein, 2012) ; ceux qui à l’inverse se soustraient au monde, les ermites (Lacarrière, 1961), les renonçants, les jeunes hikikomori japonais vivant reclus dans leur chambre (Hamasaki, Tajan & Pionné-Dax, 2017), voire les personnes affectées du syndrome de Diogène (Clark, Mankikar & Gray, 1975). Si certains individus se définissent spontanément comme irrécupérables, les punks par exemple, et se mettent « hors du monde », en résistant avec acharnement à toute tentative d’insertion ou d’intégration, peut-on aller jusqu’à en dire de même du monde physique ? N’y a-t-il pas en effet des déchets qui résistent à toute tentative d’élimination (déchets nucléaires, plastiques, mâchefers, etc.) ?

Que nous disent dès lors les réfractaires – hommes, objets ou substances – de la morale et des failles d’un système idéal où tout serait revalorisable à l’infini, ou chaque chose et chaque personne aurait une place assurée ?

Axe 4. Théoriser

Enfin, si l’on fait porter la réflexion sur le travail des chercheuses et des chercheurs, comment éviter le paradoxe (voire l’aporie) qui veut que penser et parler des irrécupérables soit encore, bon gré mal gré, une manière de les récupérer, c’est-à-dire de les réintégrer à l’intérieur du champ de la théorie et de la pratique ?

En premier lieu, n’y a-t-il pas des choses irrécupérables pour le savoir parce qu’ils ne peuvent constituer à proprement parler un objet de pensée ? Dans le Parménide, Platon doutait qu’il y eut « des Idées de toutes choses », une Idée du poil, de la boue et de la crasse (Platon, Parménide 129b3). Mais quand bien même il y aurait une Idée de toutes choses, même du non-être, élever les irrécupérables au rang d’objet de pensée ne conduit-il pas nécessairement à les faire changer de nature, à les récupérer dans le champ théorique après qu’ils ont été éliminés du champ pratique ? Ne faut-il donc pas aller jusqu’à considérer qu’au lieu de former un objet de savoir, les irrécupérables pointent surtout l’endroit où le savoir se confronte à sa limite ? Ainsi les « incurables », les « incorrigibles », les « inéducables », les « inadaptés » chez Fernand Deligny (2007) ; ainsi les clochards naufragés, ces « effarants professeurs du négatif » chez Patrick Declerck (2001) ; ainsi les « hommes infâmes » de Michel Foucault, qui contraignent le penseur à s’affranchir du point de vue de ce que le pouvoir dit ou fait dire (1977). Et non moins que la possibilité de les élever au rang d’objet, la cohérence du discours se trouve également mise en jeu par les irrécupérables. Quel type d’articulation discursive correspond en effet à ces existences impossibles ? Comment leur imposer une cohérence que leur existence même réfute ? D’où la tentation du collage, sans ordre préconçu, assumée par Foucault se demandant si le projet d’une vie des hommes infâmes ne devrait pas se limiter à une stricte anthologie d’archives brutes, sans mise en ordre factice (1977). Reste-t-il autre chose à faire qu’essayer de dresser l’inventaire, d’égrener des noms pour en conserver la mémoire ? Mais là encore, comment conserver sans récupérer ?

En outre, cette confrontation du savoir à sa limite ne manifeste-t-il pas, sinon le caractère dérisoire de la science, du moins le fait qu’il s’agit en dernière instance toujours d’autre chose que de science ? Nietzsche puis Foucault ont souligné combien la « volonté de savoir » supposait toujours une volonté d’un autre ordre, une volonté morale et une volonté de pouvoir (Nietzsche, 1886 ; Foucault, 2011). Dès lors, le problème épistémologique ne s’accompagne-t-il pas d’un problème éthique et politique, qui touche simultanément aux rapports de reconnaissance et de méconnaissance de l’autre et aux rapports de pouvoir et de domination qui s’y trament ? Deleuze évoquait « l’indignité de parler pour les autres » (Deleuze & Foucault, 1972), fondée sur une double impossibilité : de ne pas parler des autres, de parler pour eux. Mais comment ceux qui parlent des irrécupérables – chercheurs comme acteurs sociaux – négocient-ils avec cette double impossibilité ? Ce paradoxe a provoqué une littérature abondante, en partie nourrie par les Cultural, les Postcolonial et les Subaltern Studies, et notamment par la polémique qui suivit l’essai de Gayatri Spivak, « Les subalternes peuvent-elles parler ? » (Spivak, 1988). De même, la volonté de réhabiliter l’étude des rebuts matériels a donné naissance à de nombreux travaux, en épistémologie notamment (Dagognet, 1997 ; Beaune, 1999) en s’appuyant sur l’alternative « rebuts ou ressources » (Bertolini, 1978). Pour ce numéro, les contributeurs et contributrices seront ainsi invités à réfléchir à leurs propres pratiques en posant la question de savoir dans quelle mesure les irrécupérables rejouent et déplacent ces problèmes.

On se demandera enfin si ce paradoxe de la représentation est insurmontable. Ainsi Jules Vallès avec ceux qu’il nomme les réfractaires : ni mise à distance illusoirement objectivante, ni fusion impossible avec eux, Vallès entend établir les conditions d’une alliance. Plutôt que de neutraliser l’irrécupérable pour éviter d’être contaminé par lui, le penseur ne peut-il au contraire – dans un étrange mélange de passivité et d’activité – se laisser contaminer ?

Bibliographie

Anderson, Nels (2011), Le hobo, sociologie du sans-abris, Paris, Armand Colin.

Arendt, Hannah (1982), L’impérialisme, Paris, Le Seuil.

Balibar, Étienne (2010), Violence et civilité, Paris, Galilée.

Banks, Russel (2012), Lointain souvenir de la peau, Arles, Actes Sud.

Barles, Sabine (2005), L’invention des déchets urbains. France : 1790-1970, Seyssel, Champ Vallon.

Barthe, Yannick (2009) « Les qualités politiques des technologies. Irréversibilité et réversibilité dans la gestion des déchets nucléaires », Tracés, n° 16, 2009, p. 119-137.

Bauman, Zygmunt, (2003), Vies perdues. La modernité et ses exclus, trad. M. Bégot, Paris, Payot, 2006.

Bazin, André (1976), Qu’est-ce que le cinéma ?, Paris, Éditions du Cerf.

Beaune, Jean-Claude (dir.) (1999), Le déchet, le rebut, le rien, Seyssel, Champ Vallon.

Bernardet Van Staëvel, Elvire (1999), « De la monstruosité du déchet ultime », in Beaune, Jean-Claude (dir.) (1999), Le déchet, le rebut, le rien, Seyssel, Champ Vallon., pp. 112-122.

Bertolini, Gérard (1978), Rebuts ou ressources ? La socio-économie du déchet, Paris, Éditions Ententes.

Blanchon, David, Moreau, Sophie & Veyret, Yvette (2009), « Comprendre et construire la justice environnementale », Annales de géographie, n° 665-666 (1), p. 35-60.

Blanchot, Maurice (1983), La communauté inavouable, Paris, Minuit.

Boltanski, Luc & Thévenot, Laurent (1991), De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard.

Bourgois, Philippe (1997), « The Pornography of Violence : Fieldnote(s) in El Salvador and the US Inner City », paper presented at the plenary session of the Canadian Anthropology Society/Congress of Learned Societies, St John’s, Newfoundland, 13 June.

Bourdelais, Patrice (dir.) (2001), Les hygiénistes : enjeux, modèles et pratiques, Paris, Editions Belin

Bullard, Robert (2008), Dumping in Dixie : Race, class, and environmental quality, Westview Press.

Carbonel, Frédéric (2005) « L’asile pour aliénés de Rouen. Un laboratoire de statistiques morales de la Restauration à 1848 », Histoire & mesure, vol. xx, n° 1, 2005, p. 97-136.

Castel, Robert (1995), Les métamorphoses de la question sociale, Paris, Gallimard.

Clark, Ang, Mankikar, GD & Gray, Ian (1975), « Diogenes syndrome : a clinical study of gross neglect in old age », The Lancet, 305 (7903), p. 366-368.

Cahen, Fabrice (2013), « Éléments pour une histoire de la lutte contre la stérilité involontaire (France, 1920-1982) », Annales de démographie historique, vol. 126, n° 2, 2013, p. 209-228.

Carol, Anne (1995), Histoire de l’eugénisme en France. Les médecins et la procréation. xixe-xxe siècles, Paris, Le Seuil.

Castel, Robert (1977), L’Ordre psychiatrique. L’âge d’or de l’aliénisme, Paris, Éditions de Minuit.

Corbin, Alain (1978), Les Filles de noces, Paris, Aubier.

Corbin, Alain (1982), Le miasme et la jonquille, l’odorat et l’imaginaire social xviiie-xixe siècles. Paris, Flammarion.

Corteel, Delphine & Lelay, Stephane (2011), Les travailleurs des déchets, Toulouse, Editions Eres.

Dagognet, François (1997), Des détritus, des déchets, de l’abject, Le Plessis-Robinson, Institut Synthélabo.

D’Hoine, Peter (2010), « “Ceux qui acceptent des Idées de toutes choses”. Sur l’interprétation de Parménide 129b3-e4 dans l’Antiquité tardive », Philosophie antique, 10/2010, p. 225-252.

D’Hoine, Peter (2011), « Les arguments de Proclus contre l’existence d’Idées des maux », Études platoniciennes, 8/2011, p. 75-103.

De Certeau, Michel, Julia, Dominique & Revel Jacques (1974), « La beauté du mort », in De Certeau, Michel, La culture au pluriel, Paris, UGE, 1974, rééd. Paris, Le Seuil, 1994, p. 45-72.

De Certeau Michel (1975), L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard.

Declerck, Patrick (2001), Les Naufragés. Avec les clochards de Paris, Paris, Plon.

Deleuze, Gilles (1968), Différence et répétition, Paris, PUF.

Deleuze, Gilles & Foucault, Michel (1972), « Les intellectuels et le pouvoir. Entretien avec Michel Foucault du 4 mars 1972 », L’Arc, n° 49, p. 3-10.

Deleuze, Gilles & Guattari, Félix (1980), Capitalisme et schizophrénie 2. Mille plateaux, Paris, Minuit.

Derrida, Jacques (1967), « Cogito et histoire de la folie », in L’écriture et la différence, Paris, Le Seuil.

Douglas, Harper (1970), Good company : a tramp life, Boulder, University of Chicago Press.

Douglas, Mary (1967), De la souillure : essai sur les notions de pollution et de tabou, trad. Guérin, Anne et De Heusch, Luc (2001), Paris, La Découverte.

L’Escapade (Collectif) (2016), Milot l’incorrigible, Niet ! Editions, Paris.

Faure, Olivier (2015), Aux marges de la médecine. Santé et souci de soi. France xixe siècle, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, Collection « Corps et âmes ».

Filhol, Elisabeth (2010), La centrale, Paris, Gallimard.

Foucault, Michel (1961), Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard.

Foucault, Michel (1972), « Mon corps, ce papier, ce feu », repris in Dits et Écrits, II, Paris, Gallimard, 1994, texte n° 102.

Foucault, Michel (1972), « Réponse à Derrida », repris in Dits et Écrits, II, Paris, Gallimard, 1994, texte n° 104.

Foucault, Michel (1975), Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard.

Foucault, Michel (2011), Leçons sur la volonté de savoir, Paris, Gallimard/Le Seuil.

Fressoz, Jean-Baptiste (2012), L’Apocalypse joyeuse. Une histoire du risque technologique, Paris, Le Seuil.

Gervais-Lambony, Philippe (2012), « Nostalgies citadines en Afrique Sud », EspacesTemps.net, https://www.espacestemps.net/articles/nostalgies-citadines-en-afrique-sud/

Gervais-Lambony, Philippe & Dufaux, Frédéric (2009), « Justice… spatiale ! », Annales de géographie, 665-666 (1), p. 3-15.

Gervais-Lambony, Philippe (2017), « Le tomason : un concept pour penser autrement les discontinuités et discontiguités de nos vies citadines ? », Espaces et sociétés, vol. 168-169, n° 1, p. 205-218.

Hamasaki, Yukiko, Tajan, Nicolas et Pionnié-Dax, Nancy (2017), « Rapport de recherches sur le hikikomori. Synthèse des résultats publiés en septembre 2016 par le bureau du cabinet du Japon », L’information psychiatrique, 93 (4), p. 289-296.

Harshey, Sohnee, and Sharma, Pratibha (2016), « Making Waste Matter : Reimagining Urban Renewal and Advocating for Women Waste-Pickers’ Right to a Dignified Livelihood », In Land, Labour and Livelihoods, Springer, p. 263-283.

Hein, Fabien (2012), Do it yourself ! Autodétermination et culture punk, Paris, Le Passager clandestin.

Huard, Raymond (1988), « Marx et Engels devant la marginalité : la découverte du lumpenproletariat », Romantisme, 1988, n° 59, p. 5-17.

Huteau, Michel & Lautrey, Jacques, (2006), Les tests d’intelligence. La Découverte, 2006.

Jarrige, François (2014), Technocritiques, Paris, La Découverte.

Jarrige, François & Le Roux, Thomas (2017), La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel, Paris, Le Seuil.

Jeanjean, Agnès (2011), « Travailler à la morgue ou dans les égouts », Ethnologie Française, 1 (XLI), p. 59-66.

Kalifa, Dominique (2009), Biribi. Les bagnes coloniaux de l’armée française, Paris, Perrin, 2009.

Kalifa, Dominique (2009), Les Bas-Fonds. Histoire d’un imaginaire, Paris, Le Seuil, 2013.

Kyburz, Olivier (1997), « La fabrication de la foulanité », Journal des africanistes, vol. 67, n°2, p. 101-126.

Lacarrière, Jacques (1961), Les hommes ivres de Dieu, Paris, Le Seuil.

Le Courant, Stefan (2015), « Le poids de la menace. L’évaluation quotidienne du risque d’expulsion par les étrangers en situation irrégulière », Ethnologie française, 45 (1), p. 123-133.

Lignier, Wilfried (2011), « La cause de l’intelligence. Comment la supériorité intellectuelle enfantine est devenue une catégorie de l’action publique d’éducation en France (1971-2005) », Politix, vol. 94, n° 2, 2011, p. 179-201.

Levi, Primo (1947), Si c’est un homme, Turin, De Silva.

Mariot, Nicolas & Zalc, Claire (2010), Face à la persécution. 991 Juifs dans la guerre. Paris, Odile Jacob.

Martinoia, Rozenn (2014), « Un lieu commun sans vacuité : le caractère dans la pensée d’Alfred Marshall », Cahiers d’économie Politique / Papers in Political Economy, vol. 66, n° 1, p. 35-68.

Mucchielli, Laurent (2000), « Criminologie, hygiénisme et eugénisme en France (1870-1914) : débats médicaux sur l’élimination des criminels réputés “incorrigibles” », Revue d’Histoire des Sciences Humaines, vol. 3, n° 2, 2000, p. 57-88.

Nancy, Jean-Luc (1986), La communauté désœuvrée, Paris, Christian Bourgois.

Nietzsche, Friedrich (1886), Par-delà le bien et le mal.

Ogilvie, Bertrand (2012), La production de l’homme jetable. Essai sur l’exterminisme et la violence extrême, Paris, Amsterdam.

Perrot, Michelle (1977), « Premières mesures des faits sociaux : les débuts de la statistique criminelle en France (1780-1830) », in Collectif, Pour une histoire de la statistique. Tome 1 : Contributions, Paris, INSEE, p. 125-138.

Pessis, Céline, Topçu, Sezin & Bonneuil, Christophe (2013), Une autre histoire des « trente glorieuses », Modernisation, contestation et pollutions dans la France d’après-guerre, Paris, La Découverte.

Petit, Jacques-Guy (1990), Ces peines obscures, Pars, Fayard.

Platon, Parménide

Proclus, Commentaire sur le Parménide

Proctor, Robert & Schiebinger, Londa (2008), Agnotology, The Making and Unmaking of Ignorance, Stanford, Stanford University Press.

Rancière, Jacques (1992), Les noms de l’histoire, Paris, Le Seuil.

Rodriguez, Jacques (2010), « Aux origines de la sociologie anglaise. Le débat économique sur la pauvreté à l’orée du xxe siècle », Cahiers d’économie politique, n° 59, p. 225-248.

Rosental, Paul-André (2003), L’intelligence démographique. Sciences et politiques des populations en France (1930-1960), Paris, Odile Jacob.

Rosental, Paul-André (2016), Destins de l’eugénisme, Paris, Le Seuil.

Sanchez, Jean-Lucien (2013), « Les “incorrigibles” du bagne colonial de Guyane. Genèse et application d’une catégorie pénale », Genèses, vol. 91, n° 2, p. 71-95.

Scheper-Hughes, Nancy (1995), « The primacy of the ethical : propositions for a militant anthropology », Current Anthropology 36 (3), p. 409-440.

Spivak Gayatri Chakravorty (1988), Can the Subaltern Speak ?, tr. fr. Les subalternes peuvent-elles parler ?, Paris, Amsterdam, 2009.

Stedman Jones, Gareth (1971), Outcast London : A Study in the Relationship Between Classes in Victorian Society, Oxford, Clarendon Press, 1971.

Vallès, Jules (1865), Les Réfractaires, in Œuvres, I, Paris, Gallimard, 1975.

Van Beek, Walter (1992), « The Dirty Smith : Smell as a Social Frontier among the Kapsiki/Higi of North Cameroon and North-Eastern Nigeria », Africa : Journal of the International African Institute, 62 (1), p. 38-58.

Vidal, Hernan (1986), El Movimiento Contra la Tortura « Sebastián Acevedo » : derechos humanos y la producción de símbolos nacionales bajo el fascismo chileno, Institute for the Study of ideologies and literature, Minneapolis.

Vuillard, Éric (2016), 14 juillet, Paris, Actes Sud.

 

Modalités de soumission

L’appel à contribution a valeur de cadrage et permet la sélection des contributions en fonction de leur pertinence par rapport au thème et aux enjeux du numéro. Il a, en outre, vocation à suggérer aux rédacteurs potentiels quelques pistes générales de réflexion, et à leur rappeler que la revue Tracés attend un propos analytique et argumenté.

Articles

Les articles représentent des contributions originales à la recherche, qui suivent les normes habituelles de la production scientifique. Ils doivent tous se positionner par rapport à l’appel à contributions.

Différents types d’approches sont possibles, permettant de diversifier la manière d’aborder la thématique : nous accueillons tant des articles à vocation essentiellement théorique, que des contributions fondées sur des recherches empiriques, où les enjeux méthodologiques seront précisés et discutés.

Tracés étant une revue interdisciplinaire, les articles doivent pouvoir être compréhensibles et pertinents pour des lecteurs et des lectrices non spécialistes ; ils peuvent également faire appel à des méthodes et des références de plusieurs disciplines, ou interroger les présupposés ou les outils empiriques et théoriques d’une discipline à partir du point de vue d’une autre discipline.

Les articles soumis ne peuvent excéder 45 000 signes (espaces, notes, et bibliographie incluses).

Notes

Nous publions des notes critiques qui présentent un ensemble de travaux (éventuellement un ouvrage en particulier), une controverse scientifique, ou l’état d’une question actuelle. Elles doivent dans tous les cas se rattacher explicitement à la thématique du numéro et permettre d’éclairer des orientations de recherche ou des débats inhérents à cette dernière, notamment pour des lecteurs et des lectrices non spécialistes des disciplines concernées.

Les notes soumises ne peuvent excéder 30 000 signes (espaces, notes, et bibliographie incluses).

Entretiens

Des entretiens avec des chercheurs, chercheuses ou d’autres expert-e-s des questions étudiées sont également publiés dans chaque numéro. Les contributeurs et les contributrices qui souhaiteraient en réaliser sont invité-e-s à prendre contact directement avec le comité de rédaction (redactraces [a] groupes.renater.fr).

Traductions

Les traductions sont l’occasion de mettre à la disposition du public des textes peu ou pas connus en France et qui constituent un apport capital à la question traitée. Il doit s’agir d’une traduction originale. Le choix du texte devra se faire en accord avec le comité de rédaction et les questions de droits devront être réglées en amont de la publication.

Il est donc demandé aux contributeurs et aux contributrices de bien préciser pour quelle rubrique l’article est proposé. La soumission d’articles en anglais est également possible, mais si l’article venait à être retenu pour la publication, sa traduction nécessaire en français demeure à la charge de l’auteur-e.

Procédure

Les auteur-e-s devront envoyer leur contribution (article complet) avant le 30 septembre 2018. Celle-ci sera envoyée au comité de rédaction de Tracés (redactraces [a] groupes.renater.fr) et aux coordinateurs et coordinatrices du numéro, Emilie Guitard (emilie.guitard[a]gmail.com), Igor Krtolica (igorkrtolica[a]hotmail.com), Mathilde Rossigneux-Meheust (mathildemeheust[a]yahoo.fr), et
Baptiste Monsaingeon (b.monsaingeon[a]gmail.com)
.

Les auteur-e-s peuvent informer en amont les coordinateurs de leur projet par courrier électronique en indiquant le titre de leur contribution, la rubrique dans laquelle ils le proposent, ainsi qu’un bref résumé du propos. La date limite des propositions est fixée au 1er juin 2017. Un retour est fait aux auteur-e-s sur la recevabilité de leur proposition.

Chaque article est lu est par un-e membre du comité de rédaction et par deux évaluateurs et évaluatrices extérieur-e-s. Nous maintenons l’anonymat des lecteurs et lectrices et des auteur-e-s. A l’aide de ces rapports de lecture, les coordinateurs et la coordinatrice du numéro rendent un avis sur la publication et décident des modifications à demander aux auteur-e-s afin de pouvoir publier l’article.

Dans le cas de propositions trop éloignées de l’appel à contribution ou des exigences scientifiques de la revue, les coordinateurs et la coordinatrice se réservent le droit, en accord avec le comité de rédaction, de rendre un avis négatif sur la publication sans faire appel à une évaluation extérieure. Hormis ces exceptions, une réponse motivée et argumentée est transmise aux auteur-e-s suite à la délibération du comité de lecture.

Nous demandons aux contributeurs et contributrices de tenir compte des recommandations en matière de présentation indiquées sur la page suivante de notre site : http://traces.revues.org/index103.html

Les articles envoyés à la revue Tracés doivent être des articles originaux. L’auteur-e s’engage à réserver l’exclusivité de sa proposition à Tracés jusqu’à ce que l’avis du comité de lecture soit rendu. Elle ou il s’engage également à ne pas retirer son article une fois que la publication a été acceptée et que l’article a été retravaillé en fonction des commentaires des lecteurs et lectrices.

NB : L’insertion d’images et de supports iconographiques est possible dans un nombre limité (Précisez-le dans votre déclaration d’intention).

 

Posted