Quelles données pour quelle recherche?

Event, 8 February 2019, Paris, France (in French)

Lieu: EHESS, 105 boulevard Raspail, 75006 Paris – amphithéâtre François Furet

 

Ce qu’il est devenu commun d’appeler « les données de la recherche » fait l’objet d’une attention renouvelée ces dernières années, ainsi qu’en témoigne la multiplication des colloques,séminaires et formations qui leur sont consacrés dans l’ensemble du monde académique[1]. Cette prolifération a lieu dans un contexte d’injonctions contradictoires faites aux chercheur·e·s en sciences humaines et sociales, qui doivent à la fois conserver, gérer, organiser, valoriser et rendre publiques leurs données mais aussi sécuriser, crypter voire détruire certaines données personnelles et sensibles. Alors que les critères de scientificité évoluent et que les exigences de réplicabilité des résultats se sont accrues, alors que les législations nationales et supranationales sur la protection des données personnelles se renforcent, alors que les infrastructures (notamment numériques) de stockage etde gestion des données se développent, et alors que les enjeux d’intégrité scientifique se complexifient en raison de la multiplication des liens d’interdépendance (contractualisation de la recherche, des relations aux enquêté·es, surveillance étatique, propriété intellectuelle, contraintes éditoriales, etc.), une question semble se poser à tou·te·s : que faire des données de la recherche ? Or, cette question d’une grande actualité gagne sans doute à être replacée au sein d’un questionnement plus large, à la fois épistémologique et critique : épistémologique d’une part au sens où les recherches en sciences humaines et sociales reposent par définition sur le recueil et /ou la production d’éléments du monde social ; et critique d’autre part au sens où le vocable même de « données » (et ce qu’il charrie) n’a pas la naturalité qu’il semble exprimer.

La revue Tracés organise le 8 février2019 une journée d’étude qui donnera lieu au numéro Hors-Série de 2019 afin d’adopter une perspective critique et réflexive sur la question des données de la recherche. Les données de la recherche cristallisent en effet une série d’enjeux qui touchent toutes les disciplines en sciences humaines et sociales et renvoient à des problématiques aussi bien juridiques (protection des données, des enquêté·e·set des chercheur·e·s), que techniques (stockage, sécurisation, indexation,opérabilité, etc.), méthodologiques (recueil, valorisation, réutilisation),épistémologiques (validité de la preuve, outillage des sciences sociales),économiques (financement de la recherche) et politiques (politiques scientifiques nationales et européennes, place des sciences humaines et sociales dans le champ scientifique, mais aussi politiques de l’enquête et de la relation enquêtrice·eur/enquêté·e).

Il importe également de souligner que ces questionnements intéressent un large spectre de discipline sen sciences humaines et sociales, et non seulement celles (anthropologie,géographie, sciences politiques, sociologie) impliquant une intervention directe sur le monde social, via le terrain ou l’enquête. De ce point de vue, le terme « données » inclut aussi bien les archives des historiens, que les corpus des littéraires (sans compter les différents éléments sur lesquels les philosophes peuvent faire porter leurs recherches : enquêtes, archives,corpus, etc.).

 

Programme de la journée

Vendredi 8 février 2019

 

8h30 – 9h Accueil des participants et café

9h – 9h15 Introduction

  • Juliette Galonnier, Stefan Le Courant et Anthony Pecqueux

 

9h15 – 10h45 Table ronde 1. Le destin des données : politiques d’archivage et de conservation

Modération : Stefan Le Courant (EHESS)

  • Marie Puren (LARHRA), Retour d’expérience sur la rédaction des plans de gestion de données
  • Guillaume Garcia (CDSP), beQuali, des données archivées pour être revisitées
  • Patrick Simon (INED), Enquêtes de recherche sur l’immigration et mise à disposition des données

 

10h45 – 11h Pause-café

 

11h – 12h30 Table ronde 2. Enjeux pratiques et dilemmes éthiques

Modération : Anaïs Albert (Université Paris Diderot)

  • Delphine Cavallo (TELEMMe, Maison méditerranéenne des sciences de l’homme), Données à penser. Enjeux pratiques et éthiques autour des données dans le montage de projets européens
  • Aline Sarradon-Eck (SESSTIM), La protection des données à travers le prisme des principes de l’éthique de la recherche
  • Sophie Duchesne (Centre Emile Durkheim), Les impasses de l’archivage des enquêtes qualitatives en sciences sociales

 

12h30 – 14h Pause déjeuner                                                               

 

14h – 15h30 Table ronde 3. Protéger les enquêtés, protéger les données, protéger les chercheurs

Modération : Juliette Galonnier (INED)

  • Montassir Sakhi (Université Paris 8), Enquêter sur la guerre et le terrorisme : surmonter la surveillance étatique
  • Thierry Dominici (Université de Bordeaux), Le nationalisme corse et la politisation de la jeunesse insulaire, deux terrains à risque ou deux risques du terrain pour le chercheur ? Témoignage des difficultés et des interdictions rencontrées autour de deux enquêtes
  • Félix Tréguer (CERI/SciencesPo et Quadrature du Net), Chercheurs sous surveillance : les enjeux de la protection des données de recherche

 

15h30 – 15h45 Pause-café

 

15h45 – 17h15 Table ronde 4 : Les données : par qui, pour qui, pour quoi ?

Modération : Anthony Pecqueux (AAU/CNRS)

  • Christelle Rabier (EHESS), Archives et données de la recherche : une histoire politique du travail en sciences humaines et sociales
  • Alexandra Caria (EHESS), La démarche ethnométhodologique aux prises avec l’institution : ne cherchez pas une preuve dans la donnée !
  • Séverine Janssen (BNA-BBOT), Dire la donnée

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Lieu : Amphithéâtre François Furet, EHESS, 105 boulevard Raspail, 75006 PARIS
NB : L’entrée à la journée est libre et il n’est pas nécessaire de s’inscrire

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