CfP: Les migrations africaines. Regards croisés sur un phénomène ambivalent : entre menaces et opportunités

Call for papers, deadline 30 April 2019 (in French)

La mobilité humaine est un phénomène aussi vieux que le monde. La migration étant l’une des dimensions de la mobilité, l'être humain a de tout temps migré. D'abord, parce qu'il était nomade et se déplaçait pour trouver sa nourriture. Ensuite, après la découverte de l'agriculture, il part à la recherche de meilleures terres ou de partenaires pour faire du commerce. Aujourd’hui, les flux migratoires actualisent et pérennisent des échanges marqués par l'ancienneté et la permanence (BENSAÂD ALI, 2002). En 2015, l’on dénombre plus 740 millions de déplacés dans le monde. Parmi lesquelles, 244 millions (soit 3,3% de la population mondiale) ont franchi une frontière pour s'installer dans un autre pays que celui de leur naissance (UN, WMR 2018).

Les migrants internationaux sont le plus souvent originaires d’Asie (104 millions), d’Europe (62 millions), d’Amérique latine et centrale (37 millions) et d’Afrique (36 millions). En effet, seulement 14% des personnes migrantes à travers le monde sont nées en Afrique et parmi elles, plus de la moitié est installée sur le continent (soit 19% de résidents internes et 17% hors Afrique). D’après la banque mondiale, l’on comptera d’ici 50 ans près de 34 millions de migrants africains dans les pays de l’OCDE.

Le phénomène migratoire constitue aujourd’hui une véritable problématique pour les politiques publiques internationales, compte tenu des risques et des nombreuses pertes en vie humaine qu’il entraîne au quotidien. À titre d’exemple, plus de 46.000 personnes ont disparu ou sont décédées lors d’un passage aux frontières depuis 2000. Les années 2014 et 2015 comptent parmi les plus meurtrières, avec plus de 5.000 décès et disparitions par an, dont 70% enregistrée en Méditerranée.

La question migratoire se pose alors avec plus d’acuité dans l’arène politico-médiatique. Elle est l’objet de nombreuses réflexions au sein de la communauté scientifique et se situe au cœur des politiques publiques internationales.

Le mot migration, vient du latin « migrare » qui signifie : changer de résidence. Encore appelées flux démographiques, les migrations « renvoient au mouvement de personnes qui ébranlent l’imaginaire sédentaire de l’État ». Désignant le déplacement d’individus quittant leurs pays d’origine pour un autre, elles contribuent par là même à déconstruire leur société d’origine et à recomposer leur société d’accueil, sans toutefois laisser à l’État d’autres possibilités que celles d’agir à la marge pour contenir ces flux (BADIE et SMOUTS, 1999 ; SINDJOUN, 2002).

Même s’ils constituent aujourd’hui la plus grande partie des migrations, les flux transnationaux ne sont pas les seuls. L’on distingue les migrations internes et les migrations internationales. La dimension transnationale appartient au registre de l’immigration et constituent la face visible de l’iceberg, parce que médiatiquement rentable. Même s’il est en baisse aujourd’hui, le principal mouvement migratoire sur le continent depuis les années 50 est celui de l’exode rural[1].

L’exode rural est une forme de migration observée tout au long de l'histoire humaine et se déroule aujourd'hui encore à l'échelle planétaire selon une intensité et des modalités diverses. A l’origine, les migrations se faisaient à l’intérieur des frontières d’un État et constituent ce que l’on appelle aujourd’hui encore « l’exode rural ». L’exode rural et l’immigration sont des formes de migrations ou déplacements des populations d’un lieu vers un autre. Les flux démographiques sont par nature transfrontaliers et s’inscrivent dans une logique de défi de l’État d’origine et de l’État d’accueil. Ce concept implique entre autres, les catégories de réfugié (résident provisoire ou définitif pour des raisons politiques, ethno-raciales ou religieuses, etc.) et de migrant (volontaire) (YANOU TCHINGANKONG, 2012). Parlant des migrants volontaires, l’on peut établir une nette différence entre l’immigration légale et l’immigration clandestine.

À l’origine majoritairement individuelle (BENSAÂD ALI, 2002 : 45), l’entreprise de migration est de plus en plus collective comme en témoignent les cargaisons de migrants clandestins qui écument déserts, mers et océans. Aujourd’hui, les migrations se sont mondialisées et globalisées du fait de l’accroissement des causes de départ et de l’existence de plusieurs grands espaces migratoires complémentaires en termes de demande et d’offre de main d’oeuvre, de population et de ressources (DE WENDEN, 2011).

Les migrations africaines constituent aujourd’hui de véritables menaces, pour au moins deux raisons principales. Premièrement, les migrations Sud-Nord – bien que constituant à peine 30% des flux migratoires mondiaux (62 millions), et Sud-Sud (61 millions) – sont les plus importantes. Elles sont également les plus difficiles en raison de la sécurisation des frontières du nord qui se traduit par l’adoption des lois restrictives sur l’accès au territoire, la construction des murs frontaliers. Leur nombre s’est considérablement développé passant de 10 pendant la Guerre froide à 65 construits dans le monde de nos jours. Deuxièmement, elles sont l’objet de débats au sein de la communauté internationale, compte tenu des nombreuses dérives que l’on observe sur la scène internationale (naufrages aux larges des côtes espagnoles, trafics humains et « esclavage moderne » en Libye, nombreux morts dans la traversée du désert Sahara, etc.). D’où leur inscription dans l’agenda politique africain.

En vue de mener une réflexion approfondie sur l’épineuse question migratoire et ses effets sur le continent africain, le Centre de Recherche sur l’Afrique et les Enjeux Contemporains organise les 23 et 24 juillet 2019 dans la ville de Yaoundé au Cameroun un Colloque international sur les migrations africaines : regards croisés sur les menaces et les opportunités.

Axes de réflexion 

Axe 1 : PHÉNOMÉNOLOGIE DE LA MIGRATION

Sous-axe 1 : La problématique migratoire : la migration en débat

  • Migration, immigration, émigration : évolution du concept de mobilité ;
  • Les types de migration : migration économique ou de travail, migration politique, migration forcée ou non volontaire (refuge ou exil politique), migration de contrainte ou migration de réfugiés, migration pour études, migration de peuplement, la migration de confort, la migration de conquête, la migration sociale ou familiale, migration artistique, migration sportive, migration climatique ;
  • Les modes opératoires : déplacement sur le continent, mobilité à l’extérieur ;
  • Migration régulière et migration irrégulière.

Sous-axe 2 : Facteurs et acteurs de la migration :

  • Les causes : Colonisation et néo-colonisation (installation ou exploitation), les échanges commerciaux, la quête d’une vie meilleure, etc. ;
  • Les acteurs : les migrants, les émigrés, les passeurs, etc.
  • Les pays de départ, les pays d’accueil, les pays de transit, etc.

Axe 2 : Défis migratoires, enjeux et perspectives

Sous-axe 3 : Les conséquences des migrations incontrôlées

  • La criminalisation des migrants
  • La fuite des cerveaux, l’exportation d’une main d’oeuvre forte plus ou moins qualifiée ;
  • La fluidité des frontières, la transplantation des immigrés ;
  • Les trafics humains et l’« esclavage moderne » ;
  • Le phénomène des ghettos et des bidonvilles ;
  • Les risques d’enrôlement dans les entreprises des crimes organisés ou de terrorisme.

Sous-axe 4 : La régulation des flux migratoires

  • Le rôle des acteurs : les États, les postulants et les facilitateurs, les ONG ;
  • Les instruments de la régulation : traités et conventions internationales, les politiques migratoires (nationales et internationales), etc. ;
  • La prise en charge de la diaspora africaine.

Chronogramme des activités

Réception des propositions d’article : Résumé de 300 mots maximum (date limite : 30 avril 2019) ;

  • Sélection et promulgation des résultats (date limite : 15 mai 2019) ;
  • Réception des articles complets (date limite : 15 juillet 2019) ;
  • Organisation du colloque (du 23 et 24 juillet 2019).

N.B. : Les communications seront soumises sous support numérique aux adresses suivantes : nguelieutou_2000@yahoo.fr et mariusnjami@gmail.com. Elles doivent respecter les conditions suivantes : Times New Roman, 12 ; interligne 1,5 ; alignement justifié ; marge 2 cm, format Word (21 pages maximum, bibliographie

Comité scientifique

PRÉSIDENT

  • Pr Auguste NGUELIEUTOU (Université de Douala - Cameroun)

MEMBRES

  • Pr Laurent Charles BOYOMO ASSALA (Université de Yaoundé II Soa- Cameroun),
  • Pr Jean NJOYA (Université de Yaoundé II-Soa-Cameroun),
  • Pr Ibrahim MOUICHE (Université de Yaoundé II-Soa-Cameroun),
  • Pr André TCHOUPIÉ (Université de Dschang-Cameroun),
  • Pr Guillaume EKAMBI DIBONGUÈ (Université de Douala -Cameroun)
  • Pr Albert MANDJACK (Université de Douala - Cameroun),
  • Pr Claude MOMO (Université de Douala - Cameroun).
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