CfP: Résistances au fil des siècles dans l’Empire russe, en URSS et dans les États post-soviétiques

Call for papers, deadline 30 September 2022 (in French)

 

Colloque de l’AFR (Association Française des Russisants)« Résistances au fil des siècles dans l’Empire russe, en URSS et dans les États post-soviétiques » Lyon - 18 mars 2023.

Argumentaire

L’histoire de la Russie a été marquée par des régimes tyranniques et des gouvernances autocratiques et autoritaires. Lorsque les oppositions au pouvoir en place ne peuvent s’exprimer librement, se pose la question, réactualisée depuis le début de la guerre en Ukraine, de l’adhésion ou de la résistance, quelle que soit la manière dont elle se manifeste. Ce thème de l’opposition à un pouvoir politique et de diverses formes de mobilisations s’inscrit dans différents courants de la recherche, comme en témoigne en particulier la problématique choisie par le Centre d’études slaves contemporaines (CESC) de l’université Grenoble-Alpes : « Résistances, adaptations et contournements dans la société, la littérature et la culture de la Russie contemporaine ». Cette question des résistances convoque un vaste éventail de disciplines – la littérature, la linguistique, les arts, la sociologie, l’histoire, les sciences politiques, ou encore la géographie et la géopolitique.Dans la situation géopolitique actuelle, ce choix de consacrer le colloque 2023 de l’AFR aux « Résistances » nous a paru s’imposer. Nous souhaitons les aborder ainsi qu’elles s’expriment et se sont exprimées en Russie, en URSS et dans l’Empire russe face au pouvoir en place, afin de mettre en perspective des pratiques, des expériences, et des discours qui ne sont pas uniquement une réaction à l’actualité, mais traduisent au contraire une continuité historique. Le terme de « résistances » au pluriel invite à interroger de manière interdisciplinaire des formes d’opposition dans toute leur diversité. La résistance peut être frontale – elle est alors souvent sanctionnée par l’élimination physique des personnes, l’exil, l’émigration, l’emprisonnement, la déportation ou l’internement psychiatrique ; mais elle peut aussi s’avérer ordinaire ou quotidienne. Elle adopte parfois une posture de silence : parmi de nombreux exemples, on peut citer celui des écrivains qui pratiquent la « langue d’Esope » et invitent le lecteur à lire entre les lignes, ou qui, sans espoir d’être publiés, écrivent « pour leur tiroir ». Elle se manifeste de plusieurs manières – action militante, création artistique, à travers un acte individuel ou collectif… Les outils numériques, au coeur des enjeux de propagande, sont aussi des instruments de résistance et de contournement (voir, par exemple, les travaux du programme ResisTIC). Le « pouvoir » contre lequel se cristallisent les résistances pourra être considéré au sens large, qu’il s’agisse d’une autorité politique (à différentes échelles), d’une doxa ou d’un dogme culturel, artistique, religieux ou autre.

Durant de nombreuses années, les recherches ont principalement porté sur les oppositions frontales au pouvoir. En ce qui concerne la période tsariste, l’accent a été mis sur les Décembristes, les nihilistes et les révolutionnaires ; les travaux sur la période soviétique ont privilégié la dissidence et l’émigration.

Aujourd’hui les études distinguent des formes plus souterraines de résistance, qui ne passent pas toujours par un discours politique contestataire.

Pour faire apparaître la diversité des résistances dans le temps et dans l’espace, afin de penser la pluralité de leurs formes et de leurs acteurs, cet appel propose trois axes principaux que les communications pourront explorer :

1) Les résistances frontales : réseaux, dynamiques, leviers de la contestation

On peut interroger ici les contextes historiques et les types d’acteurs qui y sont impliqués, les systèmes de domination et les rapports de force qu’ils induisent, ainsi que les expressions de ces types de résistance (mobilisations, réseaux militants, outils de résistances…). Comment cela s’exprime, quelles en sont les médiations ? Où et à quelles échelles ces formes de résistances se cristallisent et se structurent ? On peut penser notamment aux résistances qui ont opposé les « périphéries » au « centre », quelle que soit l’époque. Se pose également la question des alliés et des ennemis de ces résistances avec, entre autres, les rapports qu’elle entretiennent avec d’autres mobilisations face au pouvoir russe (en Europe, dans les pays baltes, en Ukraine, Biélorussie, Asie centrale…). Enfin, quels sont les impacts de ces résistances, dans quelle mesure ont-elles contribué à faire évoluer le système ?

2) Des résistances ordinaires aux résistances créatives : produire et créer « contre »

Pour ce thème, il conviendrait de réfléchir à la définition de l’action de résistance lorsqu’elle se manifeste chez tout un chacun, dans la vie quotidienne, ainsi qu’aux formes qu’elle peut revêtir. Le rire et l’humour en font également partie, de même que toute transmission orale, exhaustive ou allusive, jusqu’au silence. Et on s’intéressera aux processus de création que sont aussi les actes de résistance – collectifs, individuels, spectaculaires, invisibles. Quelles sont les mobilisations – sociales, écologiques, politiques, artistiques, qui les mettent en oeuvre ? Quelles formes prennent-elles dans l’art, la littérature, sur les réseaux sociaux, dans l’espace ? Cet axe permettra alors de questionner leurs spécificités, leur efficacité et leur rôle dans le contexte historique où elles s’inscrivent.

3) Raconter pour résister : témoigner, conserver, transmettre

Ce dernier axe se propose d’étudier comment les résistances s’inscrivent dans l’Histoire. Que nous disent les auteurs des récits testimoniaux, pourquoi et comment ? Quelles problématiques mémorielles, d’archivage et de conservation surgissent dans ce contexte ? Comment ces récits du passé peuvent-ils être réemployés, voire instrumentalisés ?

Pistes bibliographiques

Langues de travail : français et russe

Modalités de soumission

Les propositions de communication (maximum 500 mots) ainsi que le titre (provisoire) de la future communication sont à envoyer à l’adresse suivante : colloqueAFR2023@gmail.com

avant le 30 septembre 2022.

Comité scientifique

  • Gayaneh ARMAGANIAN-LEVU, MCF, Ecole Normale Supérieure de Lyon
  • Evelyne ENDERLEIN, MCF honoraire, HDR, Université de Strasbourg, vice-présidente de l’AFR
  • Victoire FEUILLEBOIS, MCF, Université de Strabourg
  • Julie GERBER, Lectrice, Université Jean Moulin, Lyon
  • Armelle GROPPO, MCF honoraire, Université Paris Nanterre, membre du CA de l’AFR
  • Emilia KOUSTOVA, MCF, HDR, Université de Strasbourg
  • Christian LAFONT, PRAG, Université Jean Moulin, Lyon
  • Anne MAITRE, Responsable des fonds Russie et Europe médiane, Bibliothèque Diderot de Lyon
  • Michel NIQUEUX, Professeur émérite, Université de Caen-Normandie
  • Marie-Pierre REY, PR, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
  • Camille ROBERT-BOEUF, postdoctorante CNRS, Secrétaire Générale de l'AFR
  • Myriam TRUEL, CC INALCO, vice-présidente de l’AFR
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