Après l’exode massif du début de l’année 1939 qui mène vers la France plusieurs centaines de milliers de républicains espagnols, ces derniers connaissent tout au long de
la Seconde Guerre mondiale des itinéraires marqués par le travail – souvent forcé –, par des engagements militaires et par diverses formes de résistances contre l’occupant de leur pays d’exil. Ils sont prestataires de l’armée française ou soldats incorporés dans des unités étrangères de celle-ci. Et, ce qui est encore relativement méconnu, ils contribuent massivement à l’économie de guerre tout au long de la période en France mais aussi en Allemagne et en Espagne.
Comment la IIIe République puis l’État français dirigé depuis Vichy ont-ils conçu, géré, l’utilisation de la main-d’oeuvre abondante que représentaient ces « étrangers indésirables », d’abord dans les Compagnies puis dans les Groupements de travailleurs étrangers (CTE et GTE) ? Comment les autorités nazies ont-elles puisé dans le vivier des GTE pour leurs besoins industriels en Allemagne et en France occupée, notamment pour la construction du Mur de l’Atlantique ? Et aussi, comment la dictature franquiste a-t-elle fait du travail esclave effectué par ses opposants un pilier économique du régime ?
Les études historiques sont suivies d’articles sur le travail accompli par des associations mémorielles oeuvrant pour rappeler l’histoire des travailleurs forcés des bases sousmarines allemandes et honorer leur mémoire. Deux exemples particulièrement éclairants reflètent la vie des « Espagnols rouges » – Rotspanier – ayant travaillé pour la construction des bases sous-marines de Bordeaux et de Brest.
Ce numéro double comprend également la rubrique « La fabrique des archives », un aperçu sur de nouvelles recherches – femmes galiciennes émigrant seules en Catalogne
sous le franquisme – et des notices de livres – sur des GTE dans le Sud-Est français et sur la guérilla antifranquiste dans le León et en Galice.
Coordination
Geneviève Dreyfus-Armand, Iván López Cabello,
en collaboration avec Peter Gaida et Antonio Muñoz Sánchez.
AU SOMMAIRE DE CE NUMÉRO
Guadalupe Adámez Castro, José Manuel Algarbani, Claudine Allende Santa Cruz, Antoine Caro
Guillerm, Cristina Clímaco, Joël Delhom, Emmanuel Dorronsoro, Geneviève Dreyfus-Armand, Monique
Escobar, Peter Gaida, Diego Gaspar Celaya, Rafael Guerrero Moreno, José Luis Gutiérrez Molina, Iván
López Cabello, Antonio Muñoz Sánchez, Cláudia Ninhos, Wally Rosell, Emma Rubio-Milet, Jean Sala
Pala, Sandrine Saule, Marta Simó, Pierre Souchar, Grégory Tuban, Hugues Vigouroux.
AVEC LE SOUTIEN DE
Centre de recherches ibériques et ibéro-américaines (CRIIA) de l’Université Paris-Nanterre, Centre de
recherches sur les Suds et les Orients de l’Université Paul-Valéry Montpellier-3 (ReSO) et Laboratoire
Héritage et création dans le texte et l’image (HCTI, UR 4249) de l’Université de Brest.