Appel à communications
Les jeunes, le travail et l’engagement
Journée d’étude le 20 septembre 2018 à l’IRES
Les jeunes travailleurs ont subi de plein fouet la crise économique depuis 2008 et sont particulièrement touchés par le chômage et les précarités. Ils sont l’objet de nombreux dispositifs d’action publique qui cherchent à les (re)mettre au travail sans pour autant leur reconnaître toujours un statut de salarié (stages, service civique, garantie jeune…). Il est désormais établi que les parcours d’intégration professionnelle imposent aux jeunes des sas de précarité toujours plus longs. Qu’ils soient étudiants, salariés, « faux indépendants » ou naviguant entre ces différents statuts, les jeunes ont été au cœur des nombreuses mobilisations contre l’austérité des dernières années. Si les questions du travail et de l’insécurité sociale sont redevenues centrales dans les mouvements sociaux, les syndicats sont loin d’apparaître comme la seule médiation pour les porter, certains allant même jusqu’à parler d’un « alter-activisme » se développant contre les formes traditionnelles d’action collective, ou à côté d’elles. Des mobilisations récentes comme celles des livreurs à vélo oscillent entre le recours syndical et l’affirmation autonome, faisant écho à d’autres phénomènes passés (coordinations, collectifs d’emplois-jeunes…). Lors des dernières grandes mobilisations de 2016 en France, certains secteurs protestataires ont remis au goût du jour l’idée que le problème était peut-être moins la loi (travail) que le travail lui-même.
Plutôt que de reproduire les habituels débats sur les oppositions entre « anciens » et « nouveaux » (militantismes, mouvements sociaux…), cette journée d’études vise à documenter empiriquement des expériences concrètes de mobilisations des jeunes autour de la question du travail. En croisant la sociologie du travail et des relations professionnelles avec celle des mouvements sociaux, il s’agit de réfléchir concrètement à la façon dont les nouvelles générations redéfinissent sur le tas l’expérience du travail et les revendications qui vont avec, en s’appropriant des catégories anciennes ou en en inventant de nouvelles, en investissant les organisations existantes ou en créant d’autres cadres. Ces contributions pourront venir nourrir les réflexions du mouvement syndical sur le sujet, en cohérence avec les missions de l’IRES.
En quoi l’expérience générationnelle façonne-t-elle les représentations du travail ? Sous quelles conditions les jeunes salariés s’engagent-ils aujourd’hui encore dans les syndicats ? Quelle place trouvent-ils au sein de ces organisations ? Qu’en est-il des formes de mobilisation « para-syndicales » ? Quelles relations celles-ci entretiennent-elles avec les syndicats ? Comment les jeunes salariés s’approprient-ils plus largement les ressources juridiques du droit du travail, des institutions représentatives du personnel aux prud’hommes, pour faire valoir leurs intérêts ? Quelles ressources, quels cadres d’action collective « bricolent » les jeunes qui se retrouvent en situation de travail sans avoir pour autant le statut de salarié ? Hors des lieux de travail, dans les occupations de places comme Nuit debout ou dans les organisations politiques et associatives, quelle place les jeunes accordent-ils à la question du travail ? Les notions de « précaire » ou de « précariat » offrent-elles aujourd’hui des identités collectives de substitution à celle de travailleur, et comment s’articulent-elles à l’expérience générationnelle ? Plus largement, les trajectoires d’engagement des jeunes militants traduisent-elles de nouveaux modes d’articulation entre les identités (professionnelle ou de classe, de genre, de race, etc.) ?
Les intentions de communication (5 000 signes) pourront porter sur l’engagement des jeunes autour de la cause du travail à différentes échelles : internationale, nationale, sectorielle, territoriale ou encore au niveau de l’entreprise. Elles préciseront leur question de recherche, leur matériau empirique et leur méthode d’enquête. Nous accueillons aussi bien les propositions qualitatives que quantitatives, dès lors qu’elles font preuve de réflexivité. Les propositions de comparaison entre pays ou échelles et les études portant sur des expériences étrangères sont bienvenues. Les intentions sont à transmettre d’ici le 27 avril 2018 à :
Sophie Béroud : sophie.beroud@univ-lyon2.fr
Camille Dupuy : camille.dupuy@univ-rouen.fr
Marcus Kahmann : Marcus.Kahmann@ires.fr
Karel Yon : ynkarel@yahoo.fr
La contribution finale (entre 40 000 et 60 000 signes) est attendue pour le 1er septembre 2018. Sous réserve d’avis favorable du comité de rédaction, les contributions pourront être proposées à la publication dans un numéro thématique de la Revue de l’IRES suivant le processus éditorial habituel de la Revue[1].