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A l’ombre des fumées pétrochimiques.
Couloirs de la chimie et santé environnementale
Colloque international – Lyon, 28 et 29 Novembre 2019
Ce colloque propose d’étudier des industries chimiques, dont l’activité s’est fondée sur l’usage de substances dérivées de combustibles fossiles, en portant l’attention aux effets sanitaires et écologiques de ces activités sur les territoires et les sociétés locales. Au XXe siècle, les activités pétrochimiques ont façonné les territoires où elles s’installent. Non seulement leur édification impose la construction de vastes réseaux d’infrastructures connexes, mais elle rend possible la production de nouvelles substances dont la fabrication exige des dérivés du charbon ou du pétrole. Dès leur mise en fonctionnement, les nuisances générées par ces industries sont perceptibles par les sociétés locales. Ces activités sont rapidement accusées de provoquer des troubles de santé, par les travailleurs comme par les riverains. Si la conflictualité reste souvent latente, elle s’est exprimée parfois avec violence, en particulier lorsque sont survenus des « débordements industriels » spectaculaires qui ont brisé la discrétion des pollutions chroniques. Jusqu’à nos jours, cette conflictualité peut aussi s’exprimer avec véhémence lorsque la désindustrialisation rompt l’accord tacite qui pouvait exister entre les travailleurs et l’entreprise dont ils tiraient leur revenu. La fin de l’activité industrielle peut révéler les effets écologiques et sanitaires, nourrir le ressentiment des riverains affectés et créer des mobilisations qui se nourrissent parfois d’une réactivation de la mémoire des désastres.
Dès lors, les enquêtes sur les conséquences sanitaires de l’industrie contribuent à la recomposition des rapports sociaux sur les territoires industriels. Ces enquêtes de santé répondent à une demande sociale forte, provenant des travailleurs et des riverains exposés aux pollutions chroniques. La production de ces savoirs peut se donner pour objectif de remédier aux lacunes d’une science non-produite ou d’alerter sur la potentialité pathogène d’une usine lorsque des riverains mènent une enquête d’épidémiologie populaire, voire instaurer le doute sur les effets de certaines substances afin d’éviter l’adoption de régulations contraignantes pour l’activité des entreprises. Ce processus s’inscrit dans un contexte conflictuel : les savoirs sont ainsi discutés, contestés, controversés.
Les autorités publiques jouent un rôle ambigu, tantôt régulatrices, tantôt soutiens des industriels. Ce rôle est fonction de l’intensité des interpellations des différents groupes d’intérêts, mais aussi de l’implication des agents dans ces dossiers ou d’opportunités politiques (lorsque des controverses médicales s’imposent dans le débat public, lorsque des conflits surviennent entre le pouvoir municipal et le pouvoir national, etc). Ainsi, l’administration peut faciliter la production de savoir pour rendre visible et lutter contre certaines pollutions. Les échelles d’analyse de l’action publique peuvent s’articuler comme elles peuvent s’opposer entre elles : les conclusions des expertises sanitaires provenant d’institutions publiques nationales peuvent ainsi contredire des enquêtes conduites avec le soutien des autorités municipales. Malgré des phases de controverses véhémentes, l’attention aux enjeux sanitaires est marquée par des discontinuités fortes sur ces territoires : les conclusions des enquêtes sont parfois oubliées pendant plusieurs décennies, menant à la répétition d’enquêtes identiques. Ces processus d’oubli actif participent à la fois à la production d’une ignorance sur les effets sanitaires de l’industrie et au maintien des accommodements locaux qui assurent la pérennité de l’activité industrielle, en dépit de ses nuisances.
Les études monographiques sur les « couloirs de la chimie », à travers le monde, tendent à se multiplier en interrogeant la désignation indigène de ces territoires, ainsi de la « Cancer Alley » ou des « Toxic Corridors » américains, ou du « Triangolo della morte » sur le littoral sicilien. Ces mots décrivent tous des districts dont la fonction industrielle s’est construite ou renforcée au XXe siècle, dans la foulée d’investissements massifs dans des infrastructures permettant l’expansion de la chimie de synthèse fondée sur des dérivés de combustibles fossiles. Non seulement ces aménagements induisent un impact environnemental et sanitaire, mais ils créent aussi un phénomène de dépendance dont ces districts peinent à se déprendre.
Toutefois, les comparaisons entre les territoires pétrochimiques européens et nord-américains restent rares. En rassemblant des études menées dans différents territoires pétrochimiques, ce colloque entend poser les jalons d’une histoire comparée des couloirs de la chimie. En se démarquant des histoires qui prennent pour acquise l’équation entre la consommation croissante d’énergie fossile et la prospérité des territoires, ce colloque invite à mettre l’impact sanitaire de l’industrie au cœur des récits portant sur la pétrochimie. Pour cette raison, ce colloque accordera un intérêt particulier aux communications proposant de revisiter l’histoire des enquêtes de santé qui portèrent sur les territoires industriels, ainsi qu’aux communications permettant un dialogue étroit entre chercheurs en sciences sociales et chercheurs en santé publique. Trois axes principaux sont soumis à la discussion :
- Le premier axe invite à étudier la manière dont les industries pétrochimiques façonnent des territoires, en composant avec les conflits portant sur leurs enjeux sanitaires. Par l’ampleur des infrastructures connexes qui lui sont nécessaires, la présence d’une raffinerie sur un territoire participe ainsi à la recomposition des rapports sociaux dans les municipalités qui l’entourent. Les activités de la chimie métamorphosent le territoire en érodant les arrangements sociaux existants entre groupes sociaux : les accords portant sur la gestion des ressources naturelles se trouvent altérées par la présence industrielle (eau, air, terre). Malgré le répertoire d’action déployé par l’industrie pour se rendre acceptable auprès de la société locale en dépit de ses risques (par la création d’emplois, la contribution à la fiscalité municipale, ou les compensations financières des plaignants lors d’épisodes de pollutions), les enjeux fonciers et la question sanitaire constituent les motifs d’une opposition d’une fraction des riverains et des travailleurs : elle devient probablement l’obstacle récurrent à la production d’un consentement unanime des acteurs locaux à la présence industrielle. Les communications devront permettre de mieux caractériser socialement les groupes qui se montrent concernés et contribuent à définir les contours des enjeux sanitaires, à l’échelle des territoires. Il s’agira de comprendre quelles sont les ressources des travailleurs et des travailleuses qui parviennent à contester les nuisances de l’industrie dont ils tirent leur revenu, tout en éclairant les ressorts de la construction d’une préoccupation parmi les riverains lorsqu’ils dressent le constat de troubles de la santé. Le rôle des proches de ces travailleurs dans la mise en visibilité des maladies industrielles mérite une attention particulière. A ce titre, il est important d’interroger la manière dont les rapports de genre structurent la formulation des enjeux de santé environnementale dans les territoires de la pétrochimie.
- Le deuxième axe vise à caractériser plus précisément les temporalités dans la construction de la visibilité et de la prise en charge des impacts sanitaires et écologiques de la pétrochimie. En rupture avec une histoire des industries énergétiques dont le récit suit l’évolution des stratégies d’entreprises qui s’imposèrent sur le marché, ce colloque invite à réintroduire des temporalités plus heurtées. Ainsi, les maladies industrielles et les conséquences écologiques de l’industrie deviennent souvent visibles après un temps de latence. Il convient ainsi d’éclairer la manière dont ces effets différés sont pensés et pris en charge par les travailleurs et leurs organisations ; comment les professions de santé composent avec ces durées dans la réalisation des enquêtes sanitaires ; et dans quelle mesure ces temps de latence modifient les stratégies industrielles. De plus, les études de longue durée portant sur un territoire contribueront à construire une chronologie pour mieux cerner les « régimes du risque industriel » successifs, c’est-à-dire les rapports sociaux et les systèmes de régulation des risques de santé qui prédominent dans une période donnée et un lieu donné.
- Un troisième axe proposera de mieux caractériser les savoirs sanitaires produits, la manière dont ces savoirs alertent sur une ou des substances, et dont ces savoirs sont mobilisés dans la transformation des pratiques de régulation des risques industriels. Il s’agira d’une part d’interroger les disciplines mobilisées pour produire des savoirs sur les effets sanitaires de l’industrie. Ainsi, alors que l’hygiène industrielle se donnait pour ambition d’étudier les effets des substances sur la santé des travailleurs dans l’entreprise, les enquêtes menées à l’échelle des territoires contestent cette démarcation entre l’intérieur et l’extérieur des espaces de travail. Il s’agira d’autre part de repérer les confrontations entre démarches d'épidémiologie universitaire et d'épidémiologie populaire. Bien que celles-ci puissent sembler moins robustes quant à l'administration de la preuve, elles contribuent à pointer des phénomènes épidémiques et à alerter à leur sujet des chercheurs qui, autrement, seraient restés à distance de ces situations sanitaires. Ces deux formes d’épidémiologie interrogent également la manière de fabriquer des régulations, dans la mesure où l’épidémiologie universitaire est régulièrement mobilisée dans l’action publique pour déceler des clusters de maladies liées à l’industrie, alors que l'épidémiologie populaire se donne pour objectif d'établir des pratiques de précaution pour prévenir l’exposition à des substances dont le caractère pathogène est soupçonné.
Ainsi, entre les pratiques des riverains, des universitaires, des élus du territoire ou bien encore des représentants des agences publiques, une diversité d’approches est indéniable. Il s’agit de les étudier et de les confronter pour mieux comprendre la lente et sinueuse histoire de l’impact sanitaire des infrastructures pétrochimiques sur lesquelles repose une grande partie des modes de vie et de consommation contemporains.
Les langues de travail seront l’anglais et le français.
Les propositions de communication doivent inclure le nom du ou des chercheurs, un court CV, et une proposition de 400 mots maximum. Les propositions de communications doivent être envoyées avant le 15 mai 2019.
Les propositions seront envoyées simultanément à renaudbecot@gmail.com et stephanefrioux@yahoo.fr
Les auteurs seront informés peu après le 15 juin 2019. Le comité d’organisation prendra en charge les frais de logement pendant la conférence, et les auteurs pourront aussi demander la prise en charge d’un montant raisonnable pour les coûts de transports s’ils en ont la nécessité.
Il sera demandé aux participants de faire parvenir un texte de travail (environ 30.000 caractères) avant le 31 octobre 2019.
Colloque soutenu par la Fondation de France.
Comité d’organisation
Renaud Bécot (Post-doctorant en Histoire contemporaine, LARHRA, Lyon)
Stéphane Frioux (Maître de conférences en Histoire contemporaine, Université Lyon 2 & IUF, LARHRA)
Gwenola Le Naour (Maître de conférences en Science politique, Sciences Po Lyon, Triangle)
Vincent Porhel (Maître de conférences en Histoire contemporaine, Université Lyon 1, LARHRA)
Comité scientifique
- Laura Centemeri (Chargée de recherche, Sociologie, CNRS - CEMS-EHESS Paris)
- Emilie Counil (Chargée de recherche, Epidemiologie, INED - Paris)
- Anne Dalmasso (Professeure en Histoire contemporaine, Université Grenoble Alpes - LARHRA)
- Xavier Daumalin (Professeure en Histoire contemporaine, Université Aix-Marseille – Directeur de l’UMR TELEMME)
- Philippe Davezies (Professeur émérite en médecine et en santé au travail, Université Lyon 1)
- Pierre Fournier (Professeure en Sociologie, Université d'Aix-Marseille – Directeur du Laboratoire méditerranéen de sociologie, LAMES)
- Julie Henry (Maître de conférences en philosophie, Ecole Normale Supérieure Lyon – Triangle)
- Anne Marchand (Post-doctorante en Sociologie et Histoire, Université Paris 13, Giscop 93)
- Pascal Marichalar (Chargé de recherche, CNRS - IRIS - Paris)
- Emmanuel Martinais (Chargé de recherche, ENTPE et EVS-Rives - Lyon)
- Geneviève Massard-Guilbaud (Directrices d’études, EHESS - CIRED - Paris)
- Judith Rainhorn (Professeure en Histoire contemporaine, Université Paris 1 - Centre d'Histoire Sociale)
- Christopher Sellers (Professeur en Histoire contemporaine, Stony Brook University - New York)
- Kayo Togawa (Chercheure, Section de l’Environment, Centre international de recherche sur le cancer, Organisation mondiale de la santé)
Bibliographie indicative.
Salvatore Adorno, “L’area industriale siracusana e la crisi ambiantale degli anni Settenta”, Salvatore Adorno e Simone Neri Serniri (dir.), Industria, ambiente e territorio. Per una storia ambientale delle aree industriali in Italia, Bologna, Il Mulino, 2009, p. 267-316.
Madeleine Akrich, Yannick Barthe, Catherine Rémy (dir.), Sur la piste environnementale : Menaces sanitaires et mobilisations profanes, Paris, Presses des Mines, 2010.
Barbara Allen, Uneasy alchemy: citizens and experts in Louisiana’s chemical corridor disputes, Cambridge (Ma.), MIT Press, 2003.
Barbara Allen, “From Suspicious Illness to Policy Change in Petrochemical Regions: Popular Epidemiology, Science, and the Law in the U.S. and Italy”, Soraya Boudia and Nathalie Jas (dir.), Powerless Science? Science and Politics in a Toxic World, Oxford, Berghahn Books, 2014, p.152–169.
Barbara Allen, Yolaine Ferrier, Alison Cohen, “Through a Maze of Studies: ‘Health Questions and Undone Science’ in a French Industrial Region”, Environmental Sociology, 3(2), 2016, p. 134–144.
Barbara Allen, "Strongly Participatory Science and Knowledge Justice in an Environmentally Contested Region”, Science, Technology, & Human Values, 43(6), 2018, p. 947–971.
Christelle Avril et Pascal Marichalar, « Quand la pénibilité du travail s’invite à la maison », Travail et Emploi, n° 147, 2016.
Thomas Belton, Protecting New Jersey's Environment : From Cancer Alley to the New Garden State, New Brunswick (NJ), Rutgers University Press, 2010.
Brian C. Black, Karen R. Merrill, Tyler Priest (dir), “Oil in American History. A Special Issue”, Journal of American History, Vol.99/1, 2012.
Brian Black, Crude Reality. Petroleum in World History, New York, Rowman & Littlefield, 2012.
Laura Centemeri et Xavier Daumalin (dir.), Pollutions industrielles et espaces méditerranéens, XVIIIe-XXIe siècle, Paris, Karthala, 2015.
Emilie Counil, Emmanuel Henry, « Frontières disciplinaires et tensions entre savoirs académiques et connaissances issues du terrain dans la production de savoir et d’ignorance en santé et travail », Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé, 20-1, 2018 [En ligne, consulté le 8 mai 2018]
Nathalie Jas et Soraya Boudia (dir.), Powerless Science ? Science and politics in a toxic world, New York, Bergahn, 2014.
Phil Brown, « Popular Epidemiology and toxic waste contamination : lay and professional ways of knowing », Journal of Health and Social Behaviour, 3, 1992, p. 267-181.
Phil Brown et Edwin Mikkelsen, No Safe Place. Toxic Waste, Leukemia and Community Action, Berkeley, University of California Press, 1990.
Xavier Daumalin, « La création du Secrétariat permanent pour les problèmes des pollutions industrielles Fos/étang-de-Berre. Tournant environnemental ou optimisation d’une ambition industrielle (1971-1985) ? », Rives méditerranéennes, à paraître.
Elena Davigo, Il movimiento italiano per la tutela della salute negli ambienti di lavoro (1961-1978), Thèse d’histoire, Université de Florence, 2018.
François Duchêne, Léa Marchand, David Desaleux, Lyon, vallée de la chimie. Traversée d'un paysage industriel, Lyon, Éditions Libel, 2015.
Cécile Ferrieux, Les couloirs du risque : les milieux industriels et le gouvernement local des risques dans la vallée de la chimie, Thèse de sciences politiques, Université Lyon 2, 2015.
Séverine Frère, Hervé Flanquart (dir.), La ville et ses risques : habiter Dunkerque, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2017.
Scott Frickel, Sahra Gibbon, Jeff Howard, Joanna Kempner, Gwen Ottinger, David J. Hess, “Undone science : Charting social movement and civil society challenges to research agenda setting”, Science, Technology & Human Values, 35/4, 2010, p. 444-473.
Anne-Marie Granet-Abisset et Stéphane Gal (dir.), Les territoires du risque, Grenoble, PUG, 2015.
Emmanuel Henry, Ignorance scientifique et inaction publique. Les politiques de santé au travail, Paris, Presses de Sciences Po, 2017.
David J. Hess, Alternative Pathways in Science and Industry : Activism, Innovation and the Environment in the Era of Globalization, Cambridge, MIT Press, 2007.
François Jarrige et Thomas Le Roux, La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel, Paris, Le Seuil, 2017 (Forthcoming translation, The MIT Press).
Nathalie Jas, Soraya Boudia (dir.), Toxicants, Health and Regulation since 1945, Londres, Pickering & Chatto, 2013.
Paul Jobin, Maladies industrielles et renouveau syndical au Japon, Paris, éditions de l'EHESS, 2005.
Gwenola Le Naour, Aux marges de l’action publique, Mémoire pour l’habilitation à diriger des recherches en science politique, Université de Strasbourg, 2017
Thomas Le Roux (dir.), Risques industriels. Savoirs, régulations, politiques d’assistance, fin XVIIe-début XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016.
Thomas Le Roux et Michel Letté (dir.), Débordements industriels. Environnement, territoire et conflit (XVIIIe-XXIe siècle), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013.
Anne Marchand, Reconnaissance et occultation des cancers professionnels : le droit à la réparation à l’épreuve de la pratique (Seine-Saint-Denis), Thèse d’histoire, Université Paris Saclay, 2018.
Gerald Markowitz et David Rosner, Deceit and Denial. The Deadly Politics of Industrial Pollution, Berkeley, University of California Press, 2002.
Emmanuel Martinais, « L'emprise du risque sur les espaces industriels », Valérie November, Marion Penelas, Pascal Viot (dir.), Habiter les territoires à risques, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires Romandes, 2011, p. 101-119.
Geneviève Massard-Guilbaud et Richard Rodger (dir.), “Reconsidering Justice In Past Cities : When Environmental and Social Dimensions Meet”, Environmental and Social Justice in the City : Historical Perspectives, Isle of Harris, White Horse Press, 2011.
Geneviève Massard-Guilbaud et Charles-François Mathis (dir.), Sous le soleil. Systèmes et transitions énergétiques du Moyen Âge à nos jours, Paris, éditions de la Sorbonne, 2019.
Naomi Oreskes et Erik Conway, Les Marchands de doute, Paris, Le Pommier, 2012 ;
Gwen Ottinger, Refining Expertise: How Responsible Engineers Subvert Environmental Justice Challenges, New York, New York University Press, 2013.
Joseph Pratt, Martin Melosi, Kathleen Brosnan (dir.), Energy Capitals: Local Impact, Global Influence, Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 2014.
Tyler Priest et Michael Botson, « Bucking the Odds: Organized Labor in Gulf Coast Oil Refining », Journal of American History, vol. 99, nᵒ 1, 2012, p. 100-110.
Robert Proctor et Londa Schiebinger (dir.), Agnotology. The Making and Unmaking of Ignorance, Stanford University Press, 2008.
Myrna Santiago, The ecology of oil: environment, labor, and the Mexican Revolution, 1900-1938, New York, Cambridge University Press, 2006.
Christopher Sellers et Joseph Melling (dir.), Dangerous Trade. Histories of Industrial hazards across a globalized world, Philadelphia, Temple University Press, 2012.
Annie Thébaud-Mony, Philippe Davezies, Laurent Vogel, Serge Volkoff (dir.), Les risques du travail. Pour ne plus perdre sa vie à la gagner, Paris, La Découverte, 2015.
Frank Uekötter and Uwe Lübken (dir.), Managing the Unknown. Essays on Environmental Ignorance, New York, Berghahn, 2014.
Richard White, « ''Are You an Environmentalist or Do You Work For a Living ?'' : Work and Nature », William Cronon (dir.), Uncommon Ground. Rethinking the Human Place in Nature, New York, Norton, 1996.
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In the Shadow of the Petrochemical Smokestack.
Chemical Corridors and Environmental Health
International Conference – Lyon (France), 28th and 29th November 2019
This conference endeavours to study chemical industries that use fossil fuel derivatives. It will focus on these industrial activities’ environmental and health effects on surrounding areas and local populations. In the 20th century, petrochemical activities shaped their surrounding areas. Not just because such facilities required massive ancillary infrastructure networks to be built, but also because they enabled the production of new substances requiring coal and oil derivatives. As soon as petrochemical facilities were brought on stream, their harmful effects on local communities were perceptible. These industrial activities were rapidly accused of causing health problems for workers and neighbouring populations alike. Conflictuality was generally latent but sometimes broke out in overt violence, especially when highly visible “industrial spillovers” occurred, abruptly putting the spotlight on previously-unnoticed chronic pollution. Up to the present day, this conflictuality can also be vehemently expressed when deindustrialisation breaks the unspoken agreement that may have existed between workers and the companies that paid their wages. When an industrial activity ends, its ecological and health effects may become apparent, fuelling the resentment of the affected local populations and giving rise to activist movements that sometimes draw on revived memories of past disasters.
Therefore, surveys of the petrochemical industry’s health consequences help to reshape social ties in industrial areas. These health surveys respond to strong social demand from workers and neighbouring populations exposed to chronic pollution. Production of this knowledge can be aimed at filling the gaps of scientific knowledge that was not produced or sounding an alert about the potential pathogenic risk of a factory when neighbouring populations carry out a public epidemiological survey, or even instilling doubts about the effects of certain substances in order to prevent regulations from being adopted that would restrict companies’ operations. This process is part of a conflictual context: knowledge is debated, disputed and subject to controversy.
Public authorities play an ambiguous role, sometimes regulating industrial firms, sometimes supporting them. This role is determined by the level of involvement of various interest groups, along with the involvement of economic agents in these cases or the existence of political opportunities (when medical controversies gain sway in the public debate, when conflicts arise between municipal and national authorities, etc.). Thus, the government can facilitate knowledge production in order to make certain cases of pollution visible and to fight against them. The various scales of analysis by public authorities may concur or they may disagree. For example, national public health institutions may issue conclusions that contradict the findings of surveys commissioned by municipal authorities. Despite periods of heated controversy, the attention given to public health issues shows sharp discontinuities in these industrial areas: conclusions of surveys are sometimes forgotten for several decades, leading to identical surveys being repeated. These processes of “active forgetting” contribute to both ignorance about the industry’s health effects, and a furthering of local arrangements to ensure that industrial activity continues despite its harmful effects.
A growing number of monographs on “chemical corridors” are being published around the world, investigating what these areas are called locally. Examples include research on “Cancer Alley” or “Toxic Corridors” in the US, or on the “Triangolo della morte” on the Sicilian coast. These terms refer to districts whose industrial purpose began or was strengthened in the 20th century during the massive wave of infrastructure investments that enabled the expansion of the chemicals industry based on fossil fuel-derived synthesis. Not only did these facilities have an environmental and health impact; they also created a phenomenon of dependence that these districts are struggling to break free from.
However, comparisons between chemical corridors in Europe, North America and others regions are few in number. By bringing together studies carried out on various industrial lands, this conference aims to lay the groundwork for a comparative history of such areas. By breaking with historical scholarship that considers increased fossil energy consumption and local prosperity to be a foregone conclusion, this conference calls for participants to focus their narratives of the petrochemicals industry on the health impact of its activities. As a result, this conference will give special emphasis to papers that take a fresh look at the history of health surveys in industrial areas, and to projects that foster in-depth discussions between researchers in the social sciences and public health. Three main themes are open for debate:
- The first theme calls for studying how the petrochemical industry shapes a region’s development, factoring in the conflicts about health-related issues. Due to the scale of necessary ancillary infrastructure, the presence of a refinery in a given area contributes to a reshaping of social ties in the surrounding cities or urban areas. Chemical activities transform their host areas by eroding existing arrangements between social groups: agreements on natural resource management (water, air and soil) are altered by the industrial presence. Although industrial players undertake an array of efforts to make their activities acceptable to the local population despite their risks (with emphasis on job creations, the contribution to local tax revenue, or financial compensation for claimants following instances of pollution), the land use and health issues are grounds for opposition from a portion of neighbouring populations and workers. This opposition probably became the recurring obstacle preventing local stakeholders from consenting unanimously to the industrial presence. Conference papers should provide a clearer description of the social characteristics of the groups involved, and should help define the boundaries of health issues at the regional level. The aim will be to understand the resources of the workers (both men and women) who successfully protested the harmful effects of the industry that provided their income, and to shed light on the process through which neighbouring populations grew concerned when they noted health problems. Special attention is warranted for the role of these workers’ relatives in bringing visibility to industrial illnesses. In this regard, it is important to investigate how gender relationships gave structure to the formulation of environmental health issues in chemical corridors.
- The second theme endeavours to specify the timelines of the process whereby the petrochemical industry’s health and ecological effects become visible and are managed. This conference, by breaking with a history of energy techniques (which tracks the evolution of the corporate strategies of the market leaders), favours the re-emergence of less linear timelines. Thus, industrial illnesses and the industry’s ecological consequences often become visible only with a certain time lag. Light should be cast on the way that workers and their organisations think about and handle these deferred effects. How do healthcare professionals deal with these time lags in carrying out health surveys? To what extent do these time lags change industrial strategies? In addition, long-run studies of a chemical corridor will help build a timeline in order to better grasp successive “industrial risk regimes”, in other words, the predominant social ties and health risk regulation systems for a given time and a given place.
- The third theme aims to better describe the health knowledge produced, the way that this knowledge serves as a warning about one or more substances, and how this knowledge is used to transform industrial risk regulation practices. The aim will be, on the one hand, to analyse the fields used to produce knowledge about the health effects of industry. Thus, while industrial hygiene endeavours to study the effects of substances on the health of a company’s workers, health surveys carried out at the local level challenge this separation between occupational health and general public health. On the other hand, the aim will be to pick out the differing viewpoints between academic and popular epidemiology approaches. While the popular epidemiology approach may seem less robust in terms of the rules of evidence, it helps to identify epidemic phenomena and to alert researchers who would otherwise not be aware of these health situations. These two kinds of epidemiology also question how regulations are made insofar as academic epidemiology is frequently used by public authorities to detect clusters of illnesses related to industry, whereas public epidemiology has the goal of determining precautionary measures to prevent exposure to substances suspected of being pathogenic.
Thus, there is an undeniable diversity of approaches amidst the various stakeholders: neighbouring populations, academics, local elected representatives or government agency representatives. The conference will endeavour to study and compare these approaches in order to gain a clearer understanding of the slow, winding history of the health impact of the petrochemical infrastructures that form a cornerstone for our contemporary lifestyles and consumption patterns.
Working languages will be English and French.
Paper proposals will include the name of the applicant, a short CV and an abstract of no more than 400 words. The deadline for the submission of paper proposals is 15th May 2019.
Paper proposals have to be sent simultaneously to renaudbecot@gmail.com and stephanefrioux@yahoo.fr
Applicants will be informed shortly after 15th June 2019. The organizing committee will cover their accommodation during the conference, and applicants could ask for a cover of reasonable travel costs if required.
Successful applicants will be asked to send a working papers of about 30,000 characters before the 31st October 2019.
Conference supported by the Fondation de France.
Organizing Committee
Renaud Bécot (Post-doctoral researcher, History, LARHRA, Lyon)
Stéphane Frioux (Maître de conférences, History, University Lyon 2 and IUF, LARHRA)
Gwenola Le Naour (Maître de conférences, Political Science, Sciences Po Lyon and Triangle, Lyon)
Vincent Porhel (Maître de conférences, History, University Lyon 1 and LARHRA)
Scientific Committee
- Laura Centemeri (Research Fellow, Sociology, CNRS - CEMS-EHESS Paris)
- Emilie Counil (Research Fellow, Epidemiology, INED - Paris)
- Anne Dalmasso (Professor, History, Université Grenoble Alpes - LARHRA)
- Xavier Daumalin (Professor, History, Université Aix-Marseille - Director of the UMR TELEMME)
- Philippe Davezies (Professor of medicine and occupational health, University Lyon 1)
- Pierre Fournier (Professor, Sociology, Université d'Aix-Marseille - Director of the Laboratoire méditerranéen de sociologie, LAMES)
- Julie Henry (Maître de conférences, Philosophy, Ecole Normale Supérieure Lyon – Triangle)
- Anne Marchand (Post-doctoral researcher, Sociology, Université Paris 13)
- Pascal Marichalar (Research Fellow, CNRS - IRIS - Paris)
- Emmanuel Martinais (Research Fellow, ENTPE and EVS-Rives - Lyon)
- Geneviève Massard-Guilbaud (Professor, Environmental History, EHESS - CIRED - Paris)
- Judith Rainhorn (Professor, History, Université Paris 1 - Centre d'Histoire Sociale - Paris)
- Christopher Sellers (Professor, History, Stony Brook University - New York)
- Kayo Togawa (Scientist, Section of Environment, International Agency for Research on Cancer / World Health Organization)
Selected bibliography.
Salvatore Adorno, “L’area industriale siracusana e la crisi ambiantale degli anni Settenta”, Salvatore Adorno e Simone Neri Serniri (dir.), Industria, ambiente e territorio. Per una storia ambientale delle aree industriali in Italia, Bologna, Il Mulino, 2009, p. 267-316.
Madeleine Akrich, Yannick Barthe, Catherine Rémy (dir.), Sur la piste environnementale : Menaces sanitaires et mobilisations profanes, Paris, Presses des Mines, 2010.
Barbara Allen, Uneasy alchemy: citizens and experts in Louisiana’s chemical corridor disputes, Cambridge (Ma.), MIT Press, 2003.
Barbara Allen, “From Suspicious Illness to Policy Change in Petrochemical Regions: Popular Epidemiology, Science, and the Law in the U.S. and Italy”, Soraya Boudia and Nathalie Jas (dir.), Powerless Science? Science and Politics in a Toxic World, Oxford, Berghahn Books, 2014, p.152–169.
Barbara Allen, Yolaine Ferrier, Alison Cohen, “Through a Maze of Studies: ‘Health Questions and Undone Science’ in a French Industrial Region”, Environmental Sociology, 3(2), 2016, p. 134–144.
Barbara Allen, "Strongly Participatory Science and Knowledge Justice in an Environmentally Contested Region”, Science, Technology, & Human Values, 43(6), 2018, p. 947–971.
Christelle Avril et Pascal Marichalar, « Quand la pénibilité du travail s’invite à la maison », Travail et Emploi, n° 147, 2016.
Thomas Belton, Protecting New Jersey's Environment : From Cancer Alley to the New Garden State, New Brunswick (NJ), Rutgers University Press, 2010.
Brian C. Black, Karen R. Merrill, Tyler Priest (dir), “Oil in American History. A Special Issue”, Journal of American History, Vol.99/1, 2012.
Brian Black, Crude Reality. Petroleum in World History, New York, Rowman & Littlefield, 2012.
Laura Centemeri et Xavier Daumalin (dir.), Pollutions industrielles et espaces méditerranéens, XVIIIe-XXIe siècle, Paris, Karthala, 2015.
Emilie Counil, Emmanuel Henry, « Frontières disciplinaires et tensions entre savoirs académiques et connaissances issues du terrain dans la production de savoir et d’ignorance en santé et travail », Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé, 20-1, 2018 [En ligne, consulté le 8 mai 2018]
Nathalie Jas et Soraya Boudia (dir.), Powerless Science ? Science and politics in a toxic world, New York, Bergahn, 2014.
Phil Brown, « Popular Epidemiology and toxic waste contamination : lay and professional ways of knowing », Journal of Health and Social Behaviour, 3, 1992, p. 267-181.
Phil Brown et Edwin Mikkelsen, No Safe Place. Toxic Waste, Leukemia and Community Action, Berkeley, University of California Press, 1990.
Xavier Daumalin, « La création du Secrétariat permanent pour les problèmes des pollutions industrielles Fos/étang-de-Berre. Tournant environnemental ou optimisation d’une ambition industrielle (1971-1985) ? », Rives méditerranéennes, à paraître.
Elena Davigo, Il movimiento italiano per la tutela della salute negli ambienti di lavoro (1961-1978), Thèse d’histoire, Université de Florence, 2018.
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