Images du travail, Travail des images, n. 9 : L'apprentissage et l'enseignement professionnel en images

Announcement of publication (in French)

Ce numéro d’Images du travail, travail des images pose l’hypothèse selon laquelle les images informent beaucoup sur l’apprentissage et l’enseignement professionnel, sur les publics de ces formations, sur le travail des apprentis et des élèves. Une telle hypothèse est née de trois constats : d’une part, les travaux consacrés à l’apprentissage et l’enseignement professionnel, en histoire ou en sociologie, sont relativement peu nombreux (Caspard, 1989 ; Tanguy, 2000) ; d’autre part, et parmi ces travaux, ceux qui mobilisent les images fixes ou animées, seules ou au sein de corpus diversifiés, s’avèrent encore plus rares. De telles images existent pourtant, et sont même parfois interrogées à l’instar de films comme La Vie par les bords, réalisé par Fabrice Cazeneuve et François Bon, sorti en 2005 et diffusé sur la chaîne Arte en 2006 ou encore des documentaires Quel travail ? (2002) et Nous les apprentis (2004) de Cyril Menegun. Les portraits de garçons et de filles en lycée professionnel au Val d’Argenteuil, dans La Vie par les bords, et d’apprentis dans les métiers du bâtiment, dans Nous les apprentis, y font écho aux parcours de formation et de travail restitués dans quelques précieuses autobiographies ouvrières (Vigna, 2016). Enfin, ces images, quand elles existent ou sont diffusées, montrent une figure très masculine de la formation professionnelle, alors que dès les années 1960 le lycée professionnel accueillait presque autant de filles que de garçons (Moreau, 1994). L’illustration de une de ce numéro l’atteste et se veut de ce point de vue un mauvais exemple de représentations, mais à dessein : le monde masculin et au-delà viril et saillant de cette affiche[1], alliant force, mécanique et technicité montre un aspirant cheminot travaillant à la lime… une lime qu’on retrouvera quelques années plus tard (1971) au cœur de L’ordre des choses, l’ouvrage de Claude Grignon consacré aux formations en CET (collège d’enseignement technique) : ce dernier y rangeait la lime « dans la catégorie des instruments d’inculcation morale, au même titre que les retenues, les devoirs supplémentaires ou les taloches » (p. 15). Une « raison technique » qui selon l’auteur était complice de la domination et qui a un temps figé la recherche sociologique sur l’enseignement professionnel avant que Lucie Tanguy ne vienne y ouvrir de sérieuses brèches (1991).

https://imagesdutravail.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=2640

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