Organisateurs : Société française d’histoire politique en partenariat avec UMR SIRICE (Sorbonne Université), UMR SAGE (Université de Strasbourg), GRHIS (Université de Rouen), Institut Universitaire de France.
Lieu : Maison de la recherche, Sorbonne Université, 28 Rue Serpente, 75006, Paris (D323, sous réserve des conditions sanitaires).
Date : 25 juin 2021, 9 h 30 – 18 h.
Contacts : jean-numa.ducange@univ-rouen.fr ; karim.fertikh@unistra.fr
Si les débats sur la « social-démocratie » comme modèle pour le parti socialiste et ceux sur la crise de la social-démocratie sont constants en France depuis au moins les années 1970, les recherches sur les social-démocraties de langue allemande y ont longtemps été limitées à quelques travaux de grande valeur, souvent synthétiques et désormais assez anciens (Jacques-Pierre Gougeon, Joseph Rovan ou encore Gilbert Badia).
Cependant, les social-démocraties des espaces germanophones sont désormais empiriquement investies par de nombreux chercheurs, soit dans le cadre d’études comparatives et croisées, soit dans le cadre de recherches monographiques ou biographiques. Cet ensemble de travaux relève de plusieurs disciplines (principalement l’histoire, la science politique et les études germaniques).
Au-delà de la diversité qui caractérise ces travaux, un même ensemble de questionnements et de problématiques se dégage, démontrant la vivacité des recherches en cours sur l’histoire politique d’un des courants les plus anciens et influents de la vie politique en Allemagne, Autriche et Suisse alémanique. Ces travaux revisitent les grands moments et les grands hommes de la social-démocratie en essayant de déconstruire certains mythes historiographiques stabilisés durant les décennies d’après-guerre : pourquoi le SPD n’a-t-il pas reconquis ses fiefs en Allemagne de l’Est après la réunification ? Comment Willy Brandt est-il devenu un père de l’Europe ? La social-démocratie suisse était-elle réellement consensuelle ? Caractérisées par l’importance de leur travail empirique et de leur réflexion méthodologique, ces travaux permettent de jeter une lumière neuve sur le développement des social-démocraties germanophones aux 19e et 20e siècles.
Aussi la présente journée entend présenter ces recherches passées et en cours autour de deux axes forts, sous la forme de tables-rondes.
La première traitera de l’histoire croisée avec d’autres pays. Fondées dans la seconde moitié du 19e siècle, dans un contexte où l’internationalisme semblait être un horizon certain malgré les difficultés rencontrées, les social-démocraties de langue allemande ne peuvent être séparées de l’évolution plus globale du socialisme international. De la création du SPD, « parti modèle » revendiqué comme tel à la fin du XIXème siècle, jusqu’aux positions internationales des sociaux-démocrates autrichiens en passant par les rapports complexes avec le voisin français, une histoire transnationale de la social-démocratie s’impose désormais.
La seconde table-ronde reviendra sur les modalités pratiques et théoriques de l’orientation du parti social-démocrate allemand à travers l’examen de plusieurs études de cas au cours de son histoire. Cette seconde séquence regroupera notamment des chercheurs ayant travaillé de près sur les grands moments de refondation (le célèbre congrès de Bad-Godesberg en 1959 puis la réunification allemande en 1989 tout particulièrement), tout en intégrant des questions primordiales des transformations contemporaines des social-démocraties, allant du militantisme féminin à celle des transformations de l’organisation partisane et des formes du courtage électoral.
Cette journée se veut une première approche d’une démarche plus globale visant à donner une plus grande visibilité aux travaux français portant les forces politiques dans le monde germanophone.
Introduction (9 h 30) : Jean-Numa Ducange et Karim Fertikh
Première table-ronde : Histoires croisées des social-démocraties des pays germanophones (10 h – 13 h)
Pierre-Henri Lagedamon, Les relations entre socialismes français et autrichiens (1890-1930) (doctorant, Université de Rouen)
Elisa Marcobelli, Sociaux-démocrates allemands et socialistes français face aux crises internationales (1889-1912) (post-doc en histoire, Université de Picardie Jules Verne)
Jean-Numa Ducange, L'impossible union de la social-démocratie germanophone (1860-1920), (professeur en histoire contemporaine, Université de Rouen, IUF)
Laure Gallouët, Le SPÖ et la vocation internationale de la Seconde République d'Autriche, (docteure en études germaniques, ATER à l'Université de Nantes)
Pénélope L. Patry :, « Hele folket i arbeid! » (« Tout le peuple au travail ! »), ou comment, pendant son exil scandinave, Willy Brandt (re)devient social-démocrate (professeure agrégée, docteure en Études germaniques)
Nicolas Batteux, Parti au pouvoir vs. parti d’opposition, Bundestag vs. Assemblée nationale, « 68er Bewegung » vs. « années 1968 » : les députés SPD et FGDS face au phénomène soixante-huitard dans une perspective comparée (1967-1972) » (doctorant, Sorbonne Université, ATER à l’Université de Bourgogne)
Seconde table-ronde : Histoires sociales des idées et des enjeux partisans (14 h – 17 h)
Anne-Laure Briatte, Mouvement prolétaire féminin et mouvement féministe allemands: l'impossible convergence des luttes (1890-1918), (maîtresse de conférences en études germaniques, Sorbonne Université)
Karim Fertikh : Bad Godesberg (1959) revisité : pour une histoire sociale d'une rupture idéologique (années 1920-années 2000), (maître de conférences en science politique, Sciences Po Strasbourg, IUF)
Etienne Dubslaff, Les enjeux identitaires lors de la fusion des deux partis sociaux-démocrates en 1990 (maître de conférences en études germaniques, Université de Montpellier)
Sophie Bouiller, Les débats programmatiques du SPD à l'aube des années 1990 (professeure de CPGE à Nantes, docteure en études germaniques)
Zoé Kergomard, Ni "rouge" ni "pauvre type"? Le parti socialiste suisse à la recherche de son électorat dans les années du "consensus de la croissance" (années 1940-1980), (chercheuse en histoire, Institut historique allemand de Paris)
Conclusion 17 h – 17 h 30 : Hélène Miard-Delacroix, Professeure à Sorbonne Université