Appel à communications
Deux siècles après la naissance de Marx, l’intérêt renouvelé de nombreux chercheurs pour les socialismes, Marx et les marxismes, se produit à un moment où les organisations issues des « mouvements ouvriers » traditionnels sont presque partout en difficulté.
Les études en cours sur ces sujets intègrent souvent une dimension internationale et transnationale ; l’internationalisme peut être ainsi traité sous un nouveau jour. Pour penser cette histoire, le chercheur doit sortir de sa propre sphère culturelle et linguistique et « décentrer » son regard, en accord avec le souhait formulé par Marcel Van der Linden [Van der Linden, 2017].
Le présent séminaire se propose d’étudier les relations entre les socialismes et les socialistes des différents pays à partir de ces nouvelles méthodes. Le cadre de l’État-nation demeurant prégnant dans l’étude des transmissions et diffusions des idées et des savoirs, il est nécessaire de le surmonter afin d’appréhender le défi global [Middell, 2004] et d’inscrire les études sur le socialisme dans le global turn.
C’est en s’insérant dans cette perspective que ce séminaire souhaite s’intéresser à toutes ces manifestations “transnationales” du socialisme : circulation des textes, des idées et des acteurs socialistes entre les différents pays, travail transfrontalier, mouvements transnationaux, positions des socialistes lors des conflits – tout ce qui de quelque manière dépasse, voire efface les frontières. Une attention singulière sera portée aux traductions politiques, champ relativement délaissé jusqu’ici alors même qu’il permet de réexaminer les processus de transmission sous un nouveau jour. Les populations particulièrement concernées par les pratiques transnationales (un des « transnationalismes » parmi les plus discutés à l’époque étant le cas polonais) méritent à ce propos une attention spécifique.
Ces séances pourront également aborder la question des relations institutionnelles entre les différentes « nations » et Empires ; proposer une histoire transnationale permet d’étudier les enchevêtrements et les interconnexions des institutions socialistes et d’autres formes de solidarité internationale. Ceci peut être fait par l’étude des institutions telles que les Internationales socialistes et le Bureau socialiste international et les diverses rencontres internationales, à l’occasion desquelles les socialistes ont essayé de mettre en pratique la dimension internationale de leurs principes.
À l’instar de ce qui a été proposé par Michel Espagne et Michael Werner [Espagne et Werner, 1988], qui ont dédié leurs analyses à la diffusion de la pensée allemande en France, il est fondamental de s’occuper des outils qui permettent la diffusion et la circulation des idées et des savoirs. Mais trop longtemps, l’étude des représentations et des transmissions ont fait la part belle aux idées ; les vecteurs matériels de ces transferts, également importants, ont été peu traités. L’étude de la circulation des ouvrages socialistes entre les différents centres et foyers socialistes (le rôle des traductions étant là un élément déterminant), sans oublier la place de la littérature grise dans ces échanges peut constituer de ce point de vue, un élément essentiel. Les propositions devront s’intéresser non plus au rayonnement du cadre national vers l’étranger, qui induit une logique diffusionniste, mais devront dépasser cette perspective en tenant compte des influences extérieures et réciproques dans le processus de construction d’une « pensée internationaliste ».
Le séminaire se propose également d’interroger les divergences d’opinions au sein des familles politiques et entre les nations elles-mêmes sur la question de l’internationalisme, problématique centrale de la pensée socialiste. Tout comme l’historiographie a tenté de conceptualiser une « ère des révolutions » [Hobsbawm, 1962] ne peut-on pas parler d’une « ère des internationalismes » qui dépasse le cadre européen ? Ainsi peut-on s’intéresser aux socialistes en exil [Aprile, 2010], volontaire ou non, qui ont pu se rapprocher des partis socialistes étrangers. Les contributions devront veiller à ne pas négliger les discours et représentations de l’internationalisme socialiste confrontés aux pratiques.
Une place spécifique sera réservée aux contributions relatives à la paix et aux pacifismes, éléments clefs du langage et de la pratique socialiste, étudiés principalement jusqu’ici pays par pays alors que s’impose là encore une nécessaire prise en compte de la dimension transnationale du processus.
Les propositions devront concerner d’une manière ou d’une autre l’histoire du socialisme mais pourront traiter également d’autres univers politico-idéologiques dans une perspective comparatiste.
Modalités pratiques
Les propositions de contributions sont à envoyer avant le 10 mai 2018 à socialismetransnational@gmail.com
À part la séance du 30 mai, le programme des autres séances sera organisé en fonction des réponses à l’appel. Les réponses seront transmises avant le 25 mai.
Les langues de communication lors de ces séances sont le français, l’anglais et l’allemand.
Les frais de déplacement, logement, et restauration seront couverts.