L’Institut français de recherche en Afrique de Nairobi (IFRA) et l’Institut des mondes africains à Paris (IMAF), avec le soutien de l’InSHS du CNRS, organisent une École Thématique sur les Afriques ouvrières les 27, 28 et 29 mai 2019 en Ile-de-France (Gif-sur-Yvette). Cette École a pour objectif d’initier des réflexions collectives sur les transformations de l’ouvriérisation et de la salarisation en Afrique, dans un contexte de croissance économique qui voit s’élargir à nouveau la fraction salariée des classes populaires, et de promouvoir les regards croisés sur l’étude des ouvrières et ouvriers en Afrique et en Europe. L’enjeu est aussi de favoriser la structuration de chercheurs autour de savoirs théoriques, bibliographiques et pratiques partagés, et d’encourager des recherches de terrain individuelles ou collectives soutenues par les institutions impliquées et les institutions partenaires. Cette École sera le commencement d’un programme de recherche sur les Afriques ouvrières qui s’effectuera courant 2019 et 2020 et se clôturera par une conférence internationale à Nairobi au Kenya grâce au soutien du Fonds d’Alembert de l’Institut Français.
Thématique
La participation populaire au travail salarié en Afrique, y compris dans le cadre de concentrations incontournables comme la plantation et l’usine, reste sous étudiée depuis près de 30 ans alors que de nouveaux objets empiriques prennent forme et que d’autres évoluent drastiquement. L’actualisation des approches et réflexions sur ces objets s’impose. L’ouvriérisation est un phénomène qui affecte l’Afrique depuis la colonisation – avec la mise en place des plantations, des grands chantiers puis des premières usines –, a connu un boom dans les années 1950 et 1960, et se renouvelle aujourd’hui : à la phase de contraction de l’emploi dit formel provoqué par les ajustements structurels a succédé une nouvelle étape qui se caractérise par une croissance économique forte, accompagnée d’une inflation soutenue et d’une nouvelle extension de l’emploi salarié. De plus, la mondialisation contribue à la délocalisation de certaines activités de production vers l’Afrique. Depuis les années 1990, de nombreux travaux ont porté sur les transformations économiques sous l’angle du travail informel plutôt que sur le travail salarié, en raison de la déstructuration du marché du travail africain et de la faiblesse des régulations étatiques. Une discontinuité forte apparaît ainsi dans la littérature, les mondes ouvriers étant largement délaissés depuis une trentaine d’années, et ce quelques soient les disciplines des sciences humaines s’intéressant au continent. De même, il faut aujourd’hui prêter attention à ce nouveau capitalisme africain qui se développe, porté par l’élite économique sortie gagnante des évolutions ayant accompagné les réformes post ajustement structurel, pour explorer les dynamiques de mobilisation et de stabilisation de la main-d’œuvre qu’il invente. Autant de chantiers de recherche que cette École veut amorcer, en s’alimentant des travaux récents, même connexes à sa thématique de recherche.
Trois axes d'étude seront travaillés : "De l'ouvrier à la classe ouvrière" ; "Au travail : corps et subjectivités" ; "Le rapport ouvrier au politique" (voir présentation jointe).
Informations
- Cette École s’adresse à des chercheurs, doctorants et post-doctorants de toutes disciplines des sciences sociales.
- Le nombre de places est limité ; il est demandé aux participants de soumettre une proposition de participation en renvoyant avant le 15 avril 2019 le formulaire joint et un CV à : AfriquesOuvrieres@gmail.com
- L’hébergement et les repas sont pris en charge. Le transport reste à la charge des participants. Des demandes de soutien spécifique pourront être étudiées au cas par cas.