Depuis les « Printemps arabes », on assiste, dans les différents pays du Maghreb à un renouvellement important des pratiques d’économie sociale et solidaire. En témoignent l’essor des associations dans des pays comme le Maroc oula Tunisie(IPEMED, 2013), les mises en réseau nationales ou sous-régionales (Maghreb-ESS) ou, encore, l’attention renouvelée des politiques publiques (débats surla Loirelative à l’ESS en Tunisie en 2016).
La RECMA, Revue internationale de l’économie sociale fondée en 1921 par Charles Gide, s’est fait l’écho de ce dynamisme au cours de ces dernières années en publiant plusieurs articles sur la situation au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Cet essor n’est pas sans susciter plusieurs interrogations :
Dans un contexte où les traditions de solidarité sont anciennes et ancrées dans des structures sociales et culturelles spécifiques, quelles réalités recouvre l’ESS dans les nombreux domaines où elle est présente, des plus anciens (agriculture, artisanat) aux émergents, notamment ceux liés aux enjeux environnementaux (innovations écologiques, recyclage des déchets) ?
Face à la remise en cause des modes de développement depuis 2011, de nombreux auteurs font de l’ESS une réponse à l’ensemble des déséquilibres que connaît la région (diversification économique, emploi des jeunes, inégalités territoriales, promotion féminine, participation citoyenne, émancipation etc.). Cependant, l’ESS peut-elle trouver sa place en tant qu’innovation socio-économique durable et comment se positionne-t-elle face aux Etats et aux pouvoirs publics : prolongement, substitut ou alternative ? Quelle est en retour l’attitude des pouvoirs publics à son égard : promotion (avancées réglementaires, subventions…), instrumentalisation ou méfiance ?
Comment l’ESS est-elle identifiée et investie par les populations ? Répond-elle aux attentes sociales ? Constitue-t-elle l’expression d’un renouveau démocratique dans les pratiques économiques et joue-t-elle un rôle émancipateur pour les catégories sociales les plus vulnérables?
Sur la base de ces axes de réflexion, et en complément des articles déjà publiés dans ses pages,la RECMAenvisage de réunir dans un dossier six articles illustrant le dynamisme, la diversité et les enjeux des expériences coopératives, associatives ou mutualistes dans ces trois pays du Maghreb. Une attention particulière sera apportée à l’analyse critique des expériences en cours, aux débats qui accompagnent ce renouvellement de l’ESS, mais également aux approches comparatives et à la mise en perspective historique des cas étudiés.
Le dossier s’efforcera d’équilibrer les différentes approches disciplinaires du phénomène (économie, droit, sociologie, anthropologie, histoire, géographie, sciences politiques) et privilégiera les travaux originaux et proches des pratiques de l’ESS sur le terrain.
Coordination
La coordination du numéro sera assurée par Patricia Toucas-Truyen et François Doligez, membres du comité de rédaction de la RECMA. Sa publication est prévue en juillet 2019.
Modalités de soumission
Les chercheurs sont invités à adresser leur projet d’article au secrétariat de la revue (recma@recma.org) avant le 1er juin.
Ces propositions (3000 signes espaces inclus max.) devront être accompagnées d’une brève présentation de l’auteur.
Pour les propositions acceptées, les articles complets (40 000 signes max., notes, résumé et bibliographie inclus) devront être remis avant le 31 octobre.
Modalités d'évaluation
Ils seront alors évalués par deux référés anonymes sélectionnés par la revue.