Le parcours et l'œuvre de Friedrich Engels demeurent encore souvent dans l'ombre de Karl Marx. L'ambition de ce colloque pluridisciplinaire, organisé les 30 novembre et 1er décembre 2020 à l'université de Strasbourg à l'occasion du bicentenaire de sa naissance, est de rompre avec les idées reçues sur Engels en mobilisant les acquis de la recherche récente en sciences humaines et sociales, afin de projeter sur sa vie et ses travaux une lumière nouvelle.
ANNOUNCEMENT
30 novembre et 1er décembre 2020 – Université de Strasbourg
Argumentaire
Le parcours et l’œuvre de Friedrich Engels demeurent encore souvent dans l'ombre que projette sur eux la figure de Karl Marx. Celui qui se présentait lui-même comme un « second violon » n'a jamais bénéficié d'une attention et d'un intérêt aussi soutenus que son célèbre compagnon de lutte. Le surnom d' « inventeur du marxisme » qu'on lui prête communément a d'ailleurs contribué à forger l'image d'un vulgarisateur sans originalité, que d'aucuns accusent même d'avoir été l'un des premiers à transformer la parole de Marx en dogme rigide.
L'ambition de ce colloque est de rompre avec les idées reçues sur Engels en mobilisant les acquis de la recherche récente en sciences humaines et sociales, afin de projeter sur sa vie et ses travaux une lumière nouvelle. La parution, au cours des dernières décennies, d'études biographiques (Tristram Hunt, Engels, le gentleman révolutionnaire, Paris, Flammarion, 2009) et philosophiques (Georges Labica, Mireille Delbraccio [dir.], Friedrich Engels, savant et révolutionnaire, Paris, PUF, 1997) spécifiquement consacrées à Engels, mais aussi l'avancée de l'édition critique de ses œuvres en langue française (Friedrich Engels, Écrits de jeunesse, 2 vol., Paris, Éditions sociales, GEME, 2015 et 2018), ont en effet permis d'ouvrir des champs d'études jusqu'ici peu explorés.
Le colloque sera structuré autour de cinq grands axes :
Engels et la philosophie.
Cet axe sera notamment l'occasion d'aborder le rapport d'Engels au jeune hégélianisme, depuis ses textes du début des années 1840 jusqu'au Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, ou encore à la question de la dialectique, telle qu'elle est abordée par exemple dans l'Anti-Dühring. De manière plus générale, il s’agira de revenir sur les différents enjeux qui traversent la philosophie politique et sociale d'Engels.
Engels et le mouvement ouvrier
Cet axe concernera les rapports d'Engels avec le mouvement ouvrier de son temps, depuis sa découverte de l'owénisme et du chartisme à Manchester au début des années 1840 jusqu'à ses débats avec les dirigeants de la social-démocratie allemande entre les années 1870 et les années 1890, en passant par son action au sein de la Ligue des communistes et de l'Association internationale des travailleurs.
Engels, observateur de son temps
Cet axe permettra de voir en Engels un témoin et un analyste des événements et des bouleversements qui traversent le XIXe siècle, attentif aussi bien à la « situation de la classe laborieuse en Angleterre » qu'aux enjeux diplomatiques et militaires de la guerre russo-turque de 1877-1878 ou encore au monde nouveau qui se développe aux États-Unis, qu'il visite en 1888.
La réception d'Engels au XXe siècle
Cet axe aura pour objectif d'étudier la réception de l’œuvre d'Engels au cours du XXe siècle, non seulement dans les différents mouvements et organisations politiques qui se sont réclamés du marxisme, mais aussi dans les sciences sociales, qu'il s'agisse par exemple du rôle joué par L'Origine de la famille, de la propriété et de l’État dans les débats en anthropologie, ou encore de la place occupée par La Guerre des paysans dans l'historiographie des soulèvements allemands de 1525. On s’intéressera également au lien qui relie cette réception à l’histoire des éditions et traductions ainsi qu’à la diffusion des textes d’Engels au XXe siècle.
L'actualité d'Engels
Cet axe aura vocation à interroger la place de la référence à Engels dans les différents courants critiques des sciences sociales contemporaines, qu'il s'agisse de l'analogie entre les femmes et le prolétariat dans le féminisme matérialiste, du rôle des manuscrits concernant la Dialectique de la nature dans le marxisme écologique, ou encore de l'importance du texte sur la Question du logement pour penser le droit à la ville.
Modalités de soumission
La langue du colloque sera le français. Les propositions de communications, d'un format de 3 500 signes, sont à envoyer
avant le 31 décembre 2019.
Une prise en charge des frais de participation des intervenantes et intervenants est envisageable, dans la limite du budget disponible. Les propositions de communications seront accompagnées d'une brève présentation de la candidate ou du candidat, indiquant notamment son champ disciplinaire, son statut et son institution de rattachement.
Les candidatures sont à adresser par voie électronique à l'adresse suivante : jquetier@unistra.fr
Comité d'organisation
- Alix Bouffard (ATER en philosophie, CREPHAC)
- Nicolas Bourguinat (Professeur d'histoire contemporaine, ARCHE)
- Saliha Boussedra (Chercheuse associée en philosophie, CREPHAC)
- Franck Fischbach (Professeur de philosophie allemande, CREPHAC)
- Jean Quétier (ATER en philosophie, CREPHAC)