CfP: Hydrocarbures et sociétés : travail, relations sociales et culture industrielle aux XIXe et XXe siècles

Call for papers, deadline 15 January 2020

 

14 et 15 mai 2020 - Paris La Défense

 

 

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Les individus ont une place centrale dans le développement de l’industrie des hydrocarbures. Au-delà du capital financier, le capital humain que représente  les hommes et les femmes qui travaillent dans ce secteur est un élément fondamental pour l’essor des entreprises et l’innovation technologique. Concentrés au sein de grandes implantations industrielles, comme les raffineries, les chantiers de forages ou les plateformes de production, les travailleurs de l’industrie pétrolière et gazière constituent des groupes sociaux caractérisé par la maîtrise des procédés techniques et par l’esprit d’appartenance à un corps professionnel. Par ailleurs, même si elle est souvent représentée comme un système de contrôle des flux énergétiques et financiers, l’industrie des hydrocarbures produit et commercialise carburants, lubrifiants et produits chimiques destinés au marché de consommation. Producteurs ou consommateurs, les individus se trouvent ainsi au centre du processus industriel et sont, en même temps, les principaux destinataires des effets de cette activité dans leur contexte de vie et de travail.

Commencées dans le sillage de la Business history, les recherches en histoire des hydrocarbures se sont d’abord concentrées sur l’organisation et les stratégies industrielles des grandes entreprises. Les chercheurs ont donc privilégié l’analyse financière du pétrole avec un intérêt particulier pour les fluctuations des prix et leur influence sur l’économie globale. Dans le même sens, les hydrocarbures ont été étudiés en tant que ressources stratégiques en adoptant le point de vue des Etats et des groupes politiques soucieux de garantir leur indépendance énergétique. En adoptant une approche de diplomatie des ressources, plusieurs travaux en Sciences Humaines se sont ainsi concentrés sur les conflits pour le contrôle des gisements dans les régions productrices. Dans ces études, la place des individus est extrêmement limitée. A l’exception de certains travaux biographiques sur les pères fondateurs, entrepreneurs ou technocrates, celle de l’industrie des hydrocarbures reste aujourd’hui une histoire fortement déshumanisée.

L’émergence  du débat sur la transition écologique et sur la société post-carbone impose de questionner l’émergence de la pétroculture et l’influence des hydrocarbures sur les mentalités et les identités qui caractérisent la société contemporaine. Dans ce but, les archives d’entreprises fournissent des pistes pour comprendre comment le mythe de « l’Or Noir », la légende des « Pionniers du pétrole » et le fantasme de la « pénurie d’essence » ont contribué à façonner nos modes de consommation et à donner du sens aux concepts de « modernité » et « progrès ». Si l’ouverture des archives d’entreprise dans les années 1980 a soutenu l’émergence des premiers travaux en histoire de l’énergie, la multiplication des sources permet, aujourd’hui, d’aborder de nouvelles problématiques. L’accès aux collections iconographiques et audiovisuelles fournit de nouveaux matériaux pour la recherche historique. En même temps, la volonté des organismes du secteur de valoriser leur passé à travers des projets de commémoration contribue à solliciter la mémoire des protagonistes. Dans ce sens, la multiplicité des sources et de collections permet d’adopter des approches comparatives et  contribue, en même temps, à la transnationalisation du champ d’études.

L’objectif de ces journées d’études est d’aborder l’histoire des hydrocarbures au XIXe et XXe siècle en remettant l’élément humain au cœur de l’analyse. L’adoption d’une approche d’histoire sociale et culturelle permet d’analyser l’émergence des métiers et la naissance d’identités professionnelles dans les différents secteurs de cette filière industrielle. Comment les métiers de l’industrie des hydrocarbures se sont-ils professionnalisés et diversifiés ? Qui sont les hommes et les femmes qui ont travaillé dans ce secteur ? Comment ont-ils et elles contribué à l’essor des techniques et des technologies dans le domaine des hydrocarbures ? L’étude de l’élément humain peut être élargie à celui des circulations des savoirs, à la structuration de réseaux scientifiques et professionnels et à l’interaction entre industrie et environnement. Nous proposons de traiter également l’aspect de la contestation dans le cadre des décolonisations des pays producteurs, de l’émergence de revendications sociales tout comme l’affirmation de la conscience écologiste dans la seconde moitié du XXe siècle. Enfin, cette approche demande aussi de mobiliser des éléments d’histoire culturelle pour comprendre l’émergence de la petroculture dans la nouvelle société des hydrocarbures. En effet, en raison de leur omniprésence dans la littérature, le cinéma et les diverses formes d’expression artistique, les hydrocarbures ont profondément influencé nos modes de consommation et bouleversé notre relation avec les phénomènes énergétiques.

 

Modalité de Soumission :

Les propositions de communication de 500 mots maximum en français ou en anglais incluront :

  • Le titre et le résumé de la communication, précisant en particulier les sources, la méthodologie ainsi que quelques orientations bibliographiques
  • Une CV et une brève présentation de l’auteur

Les propositions ainsi que toute demande d’information sont à envoyer à : gs.tfms-paris-archives@total.com

 

Calendrier :

15 janvier 2020 - Date limite d'envoi des propositions

31 janvier 2019 - Réponse des organisateurs

14 et 15 mai 2020- Journées d’études

 

Orientation bibliographique

 

Touraj Atabaki, Elisabetta Bini et Kaveh Ehsani (dir.), Working for Oil: Comparative Social Histories of Labor in the Global Oil Industry, New York, Palgrave Macmillan, 2018.

Ross Barrett et Daniel Worden, Oil Culture, U of Minnesota Press, 2014.

Alain Beltran et Jean-Pierre Williot, Gaz : du gaz en France à Gaz de France, deux siècles de culture gazière, Paris, Cherche midi, 2009.

Roberto Cantoni, Oil exploration, diplomacy, and security in the early Cold War: the enemy underground, New York, Taylor and Francis, 2017.

Giulio Latini, L’energia e lo sguardo: il cinema dell’Eni e i documentari di Gilbert Bovay, Roma, Donzelli Editore, 2011.

Timothy Mitchell, Carbon Democracy : le pouvoir politique à l’ère du pétrole, Paris, La Découverte, 2017.

André Nouschi, La France et le pétrole : de 1924 à nos jours, Paris, Picard, 2014.

Kristin Ross, Rouler plus vite, laver plus blanc : modernisation de la France et décolonisation au tournant des années soixante, Paris, Flammarion, 2006.

Robert Vitalis, America’s Kingdom: Mythmaking on the Saudi Oil Frontier, London, Verso, 2009.

Sheena Wilson, Adam Carlson et Imre Szeman (dir.), Petrocultures: Oil, Politics, Culture, Montreal; Chicago, McGill-Queen’s University Press, 2017.

Daniel Yergin, The Prize: The Epic Quest for Oil, Money & Power, New York, Simon and Schuster, 2012.

 

 

Comité Scientifique

 

Alain Beltran, (CNRS, UMR Sirice)

Elisabetta Bini (Università di Napoli Federico II)

Roberto Cantoni (Universitat Autònoma de Barcelona)

Clotilde Cucchi-Vignier (Total)

Pascal Griset, (Sorbonne Université, UMR Sirice)

Anne-Therese Michel (Total)

Radouan Mounecif (Sorbonne Université, Total)

Marta Musso (King's College London, EOGAN)

Jean Pierre Williot (Sorbonne Université, UMR Sirice)

 

 

Journées d’études organisées par Total, Comité d’Histoire de l’électricité et de l’énergie, UMR SIRICE, Sorbonne Université, EOGAN

 

 

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Call for papers

 

 

Hydrocarbons and societies: labour, social relations and industrial culture in the 19th and 20th centuries

 

14 and 15 May 2020 - Tour Coupole, Paris-La Défense

 

 

 

People have played a central role in the development of the hydrocarbon industry. Human capital, represented by the men and women who work in this sector, even more than the financial capital, has been a key element in the growth of business and technological innovation. Concentrated within large industrial installations, such as refineries, drilling sites or production platforms, the people who work in this sector are a social group characterised by their mastery of technical processes and the spirit of belonging to a professional body. The hydrocarbon industry, although it is often portrayed as a control system for energy and financial flows, produces and markets fuels, lubricants and chemicals destined for the consumer market. Whether as producers or consumers, people are always, therefore, at the centre of the industrial process and are, at the same time, those most affected by this activity in the context of their life and work.

In line with the Business History structure, historical research into hydrocarbons first focused on the organisation and industrial strategies of oil companies. Researchers therefore favoured financial analysis of oil – with a particular interest in price fluctuations and their influence on the global economy. In the same vein, hydrocarbons have been studied as strategic resources, adopting the point of view of states and political groups concerned with guaranteeing their energy independence. By adopting a resource diplomacy approach, several works in the field of social sciences have therefore focused on conflicts to control deposits in oil-producing regions. The role of individuals in these studies is extremely limited. With the exception of certain biographical works on the founding fathers, entrepreneurs and technocrats, historical studies into the hydrocarbon industry remain highly dehumanised even today.

 

The emergence of the debate on ecological transition and on the post-carbon society makes it necessary to question the emergence of petrocultures and the influence of hydrocarbons on the mentalities and identities that characterise contemporary society. To this end, business archives provide insight into understanding how the myth of 'Black Gold', the legend of 'oil pioneers' and the fantasy of 'fuel shortages' have shaped our consumption and given meaning to the concepts of 'modernity' and 'progress'. In the same way as the opening of corporate archives in the 1980s supported the emergence of the first works on the history of energy, the significant increase in available sources has made it possible to address new issues today. Access to visual and audiovisual collections has provided new material for historical research. At the same time, the desire for organisations in the sector to promote their past through commemorative projects has helped to reawaken the memory of the protagonists. In this way, the variety of sources and collections has made it possible to adopt comparative approaches and has contributed, at the same time, to the transnationalisation of this field of study.

The aim of these study days is to address the history of hydrocarbons in the 19th and 20th centuries by putting the human element at the heart of the analysis. Adopting a social and cultural history approach makes it possible to analyse the emergence of oil-related trades and the emergence of professional identities in the different sectors of this industry. How did hydrocarbon industry jobs become professionalised and diversified? Who are the men and women who worked in this sector? How have they contributed to the development of techniques and technologies in the field of hydrocarbons? Research into the human element can be extended to include knowledge flows, the structuring of scientific and professional networks and the interaction between the industry and the environment. We also suggest analysing elements of dispute in the context of the decolonisation of the oil-producing countries, the emergence of social demands, as well as the assertion of environmental awareness in the second half of the 20th century. Finally, this approach also necessitates the involvement of elements of cultural history in understanding the emergence of 'petroculture' in the new hydrocarbon society. Indeed, because of its omnipresence in literature, film and various forms of artistic expression, hydrocarbons have profoundly influenced our consumption patterns and have transformed our relationship with energy phenomena.

 

Terms of Submission:

 

Proposals for papers should be maximum 500 word in French or English and should include:

  • The title and the summary of the paper, specifying, in particular, the sources, the methodology and some bibliographic indications
  • A CV and a short passage introducing the author

The proposals themselves, as well as any requests for information, should be sent to: gs.tfms-paris-archives@total.com

 

Calendar:

15 January 2020 - Deadline for the submission of proposals

31 January 2019 - Response from the organisers of the study days

14 and 15 May 2020 - Study days

 

Bibliographic Indications

Touraj Atabaki, Elisabetta Bini et Kaveh Ehsani (dir.), Working for Oil: Comparative Social Histories of Labor in the Global Oil Industry, New York, Palgrave Macmillan, 2018.

Ross Barrett et Daniel Worden, Oil Culture, U of Minnesota Press, 2014.

Alain Beltran et Jean-Pierre Williot, Gaz : du gaz en France à Gaz de France, deux siècles de culture gazière, Paris, Cherche midi, 2009.

Roberto Cantoni, Oil exploration, diplomacy, and security in the early Cold War: the enemy underground, New York, Taylor and Francis, 2017.

Giulio Latini, L’energia e lo sguardo: il cinema dell’Eni e i documentari di Gilbert Bovay, Roma, Donzelli Editore, 2011.

Timothy Mitchell, Carbon Democracy : le pouvoir politique à l’ère du pétrole, Paris, La Découverte, 2017.

André Nouschi, La France et le pétrole : de 1924 à nos jours, Paris, Picard, 2014.

Kristin Ross, Rouler plus vite, laver plus blanc : modernisation de la France et décolonisation au tournant des années soixante, Paris, Flammarion, 2006.

Robert Vitalis, America’s Kingdom: Mythmaking on the Saudi Oil Frontier, London, Verso, 2009.

Sheena Wilson, Adam Carlson et Imre Szeman (dir.), Petrocultures: Oil, Politics, Culture, Montreal; Chicago, McGill-Queen’s University Press, 2017.

Daniel Yergin, The Prize: The Epic Quest for Oil, Money & Power, New York, Simon and Schuster, 2012.

 

 

Scientific Committee

 

Alain Beltran, (CNRS, UMR Sirice)

Elisabetta Bini (Università di Napoli Federico II)

Roberto Cantoni (Universitat Autònoma de Barcelona)

Clotilde Cucchi-Vignier (Total)

Pascal Griset, (Sorbonne Université, UMR Sirice)

Anne-Therese Michel (Total)

Radouan Mounecif (Sorbonne Université, Total)

Marta Musso (King's College London, EOGAN)

Jean Pierre Williot (Sorbonne Université, UMR Sirice)

 

 

The conference is organised by Total, Comité d’Histoire de l’électricité et de l’énergie, UMR SIRICE, Sorbonne Université, EOGAN

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