Le GROC (Groupe de recherches sur les ordres coloniaux) a l’immense plaisir de vous annoncer la tenue future de la journée intitulée : États, Empires, Migrations.
Après une très longue préparation et un report dû à une certaine pandémie, cette journée se tiendra les 19 et 20 mai 2021. Initialement prévue entre les murs de l’université Le Havre-Normandie, cet évènement sera accessibles à distance. Afin de pouvoir y assister et contribuer à ses échanges, il est nécessaire de nous écrire, dès maintenant, à : je.groc.eem@gmail.com.
Cette journée est organisée par plusieurs membres du GROC, intéressé.e.s par l’étude des phénomènes migratoires : Vincent Bollenot (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) ; Aliénor Cadiot (EHESS) ; David Leconte (Université Le Havre-Normandie) ; Sara Legrandjacques (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) ; Hugo Mulonnière (Université Paris Nanterre).
C’est en novembre 2019 que nous avions commencé à faire connaître notre appel à communication (ici). Nous y définissions ainsi notre projet :
« Lors du colloque international, Historiographies sans frontières. Les migrations internationales saisies par les histoires nationales (XIXe-XXe siècles), organisé à Paris le 4 octobre 2011, Philippe Rygiel, spécialiste de l’histoire des migrations, dressait le bilan de l’historiographie française de l’immigration depuis ses débuts dans les années 1980. Au sujet de la prise en compte de l’Empire par les historien.ne.s français, il déplorait que : « Nous avions un petit peu oublié que la France avait été un empire dans les années [1980] et [1990]. » Ce constat ne signifiait pas que les travaux français antérieurs aux années 2000 ne voyaient pas les migrant.e.s originaires des territoires sous domination française présent.e.s sur le territoire hexagonal, particulièrement dans la première moitié du XXe siècle. Il signifiait plutôt que l’Empire n’était pas au cœur du questionnement et de la réflexion de ces chercheur.e.s. La situation changea à partir des années 2000. Les migrations coloniales étaient alors étudiées par le prisme du territoire métropolitain : celui-ci faisait office de point d’arrivée tandis que les possessions ultramarines de la France constituaient des terres d’émigration . Peu de travaux prirent le parti inverse d’étudier les colonies comme des territoires d’immigration. En 2013, à l’occasion d’un ouvrage collectif faisant la synthèse de plusieurs décennies de recherche sur les empires coloniaux des XIXe et XXe siècles, Pierre Singaravélou, spécialiste de l’empire colonial français, présenta un bilan des travaux étudiant les migrations au sein de ces empires. La tendance s’inverse alors : les métropoles ne sont, ici, pas incluses comme territoires d’immigration et leurs rôles dans l’organisation des flux ne sont pas abordés. Par conséquent, ces deux approches montrent bien l’insuffisance de discussions entre les deux historiographies. Et pourtant, le croisement entre ces deux historiographies permettrait d’ouvrir de nouvelles pistes afin de les renouveler mutuellement. À travers trois journées d’études entre 2020 et 2021, nous souhaitons explorer l’une de ces pistes au moyen d’une thématique commune à ces deux traditions de recherche, celle de l’État. En effet, les États se sont imposés, dès les premières colonisations, comme des acteurs centraux, bien que non-exclusifs, des migrations impériales, à travers la mise en place de cadres législatifs, incitatifs ou répressifs, notamment.
Ces journées ont donc pour ambition de nourrir une réflexion ne se limitant ni à l’État et à l’empire français ni aux flux migratoires reliant les colonies à leur métropole. Il s’agit plutôt de considérer ces circulations de personnes dans toutes leurs configurations : les colonies furent aussi des terres d’immigration, les migrant.e.s n’étaient pas originaires uniquement de la métropole, et la colonisation ne commença pas au XIXe siècle. Cette approche globale est à long terme, puisqu’elle s’étend du XVIe au XXe siècle, doit permettre d’évaluer et de mesurer la pertinence d’une spécificité impériale quant aux migrations et à leurs régulations en faisant appel à des comparaisons inter- et intra-impériales. »
Nous sommes heureux et heureuses de pouvoir désormais vous présenter le programme de cette journée et ses contributeur.rice.s.
Axe I. Discipliner les migrations
Animé par Vincent Bollenot (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Aliénor Cadiot (EHESS)
Théophile Lavault (Université Paris-Est Créteil), « La conquête des cœurs et des esprits » : un dispositif militaro-pastoral
Magali Bigaud (Université d’Amiens et de Brest), Encadrement par l’État français des migrations impériales en direction du Cambodge : enjeux coloniaux et postcoloniaux
Pascal Bonacorsi (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), La fabrique du « colon désirable » : L’administration préfectorale et la gestion des demandes d’emplois outre-mer (1890-1920)
Axe II. Colonies-Métropoles, des migrations spécifiques
Animé par Vincent Bollenot (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Sara Legrandjacques (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Romain Landmeters (Université Saint-Louis-Bruxelles), Des migrants d’un genre colonial à Bruxelles. Les étudiant.e.s congolais.es dans les années 1950
Aliénor Cadiot (EHESS) et Hugo Mulonnière (Université Paris Nanterre), Algériens, Marocains et Tunisiens en métropole durant la Seconde Guerre mondiale : Encadrer les « Nord-Africains » sous Vichy
Axe III. Identités de papiers et contrôle de la migration
Animé par David Leconte (Université Le Havre-Normandie) et Hugo Mulonnière (Université Paris Nanterre)
Fanny Malègue (EHESS), Les habitants et les autres : Projet colonial, mobilités intra-impériales et enregistrement bureaucratique dans les Amériques françaises aux lendemains de la guerre de Sept Ans (seconde moitié du XVIIIe siècle)
Nicolas Ribeiro (Université de Nantes), « Un modèle de passeport » pour contrôler la circulation des habitants des colonies françaises des Petites Antilles durant la seconde moitié du XVIIe siècle : un dispositif voué à l’échec
Baptiste Mollard (Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), Une rencontre avec l’État ? : Les demandes de cartes d’identité et d’autorisations de sortie du territoire des Algérien·nes auprès du Gouvernement Général (1947-1962)
Vous pouvez consulter le programme en détail dans le lien suivant :