La revue Matériaux pour l’histoire de notre temps, publiée par l’Association des Amis de La contemporaine, lance un appel à contribution sur le thème de « l’histoire des conflits contemporains par l’objet » (XXe et XXIe siècles).
L’objet, entendu ici comme artefact – qu’il soit singulier ou produit en série – suscite un intérêt croissant en histoire contemporaine [cf. depuis Audoin-Rouzeau, Singaravélou (2019), Schechter (2019), etc.]. L’ambition de ce dossier est de réunir les réflexions d’une part sur les enjeux scientifiques et épistémologiques de travaux appréhendant l’objet comme source à part entière – et non seulement comme l’illustration d’un développement historique – et d’autre part sur les différentes opérations de collecte, traitement, conservation et mise à disposition ; les actions de valorisation à des fins de médiation culturelle et pédagogique menées souvent conjointement par les chercheurs et les institutions patrimoniales.
L’objet, plus encore que d’autres sources, se prête à un rapprochement méthodologique fructueux des disciplines et les frontières entre approches ethnologiques, anthropologiques, sociologiques ou d’historien.ne.s spécialistes d’autres époques tendent à s’estomper dans le domaine. La contemporaine souhaite soumettre quelques-uns des objets de ses collections à l’analyse de différents représentants de ces disciplines afin de confronter et enrichir les approches méthodologiques.
NB : les photographies et cartes postales n’entrent pas dans le périmètre de l’appel.
L’appel comprend trois sous-axes :
- Le dossier proposera d’aborder l’objet comme source pour la recherche sur l’histoire des conflits contemporains : comment l’appréhender ? De quels gestes et de quels usages s’accompagne-t-il ? Quels espaces historiques la production et les échanges d’objets définissent-ils ? Quels sens et quelles émotions l’objet engage-t-il dans l’analyse historique ? Quel rôle joue l’objet dans les processus mémoriels ? Comment l’objet définit-il la façon d’écrire l’histoire des guerres et conflits : histoire de leur quotidien ; histoire matérielle ; histoire des pratiques politiques, sociales ou culturelles ; histoire de la propagande ; de l’exil, etc.
- Les contributions abordant les « aspects métier » de la collecte, de la conservation, de la description et de la valorisation des objets dans les institutions patrimoniales : bibliothèques, musées et centres d’archives du contemporain seront également favorablement accueillies. Comment organise-t-on une collecte d’objets (notamment « à chaud » pour documenter un conflit en cours) ? Comment s’articule-t-elle aux collectes d’autres types de documents (archives, photographies, etc.) d’un établissement documentaire ? Comment prépare-t-on et décrit-on un objet pour qu’il devienne une archive ? Comment mettre en valeur la matérialité de l’objet à l’époque de la culture numérique ? Y-a-t-il des objets non identifiés ? Quels sont les usages possibles de l’objet dans le domaine pédagogique/ de médiation culturelle ? On pourra également s’interroger sur la dimension symbolique des objets, représentatifs d’un événement singulier et fabriqués parfois après coup : de « faux vrais objets ». Les contributions sur les objets provenant d’archives de la recherche, c’est-à-dire collectés par les chercheur.euse.s dans le cadre de leur travail, puis éventuellement déposés dans des établissements patrimoniaux seront également considérées.
- Le musée de La contemporaine conserve une collection d’objets : artisanat de tranchée, textile, vaisselle, insignes, etc. Plusieurs fonds d’archives de l’établissement comportent également des objets (fonds de la Cimade, de l’ADIR, de Défense de la France par exemple). Pour cet axe du dossier, les contributions de contemporanéistes et de spécialistes d’autres disciplines et époques historiques (préhistorien.ne.s, médiévistes, ethnologues, sociologues, anthropologues…) pourront s’appuyer sur ces collections de l’établissement, auxquelles La contemporaine donnera accès. Les confrontations disciplinaires pourront nourrir une réflexion méthodologique sur l’objet comme source pour l’histoire des conflits contemporains.
- Eventail. Lucot, F. – Maison Duvelleroy, Paris, 1914
- Artisanat de tranchée, bagues
A gauche :
papier, bois, métal. Crayon, gouache, aquarelle. Éventail de forme ballon à la structure en bois teinté en bleu. Le dessin de la feuille représente un ciel bleu et jaune avec un avion aux couleurs de la France. Le pilote de l'avion tire sur un avion ennemi. Millésime sur l'aile gauche. Montage à l'anglaise : le dos de la feuille est muet. La rivure et la bélière perlée sont en métal doré. Inscriptions : "1914". Sur la face peinte : signature de l'artiste en "F Lucot" ; marque de collectionneur "Bernard Franck Collection" ; sur le dos : signature du fabricant "Duvelleroy". (OBJ 680 (2)), Coll. La contemporaine
A droite : Bague, France 1914-1918, fer, perles. Bague en perles blanches et perles rouges dessinant une croix, faite à l'hôpital Saint-Antoine par un Sénégalais blessé et donnée à madame Roger Schardner-Lameth, son infirmière. OBJ 070 (2)
Calendrier et consignes
Les propositions résumées en 2500 signes, en français ou en anglais, espaces compris sont à envoyer aux coordinateurs du dossier, Alexandre Sumpf (asumpf[at]hotmail.com), Julien Gueslin (julien.gueslin[at]lacontemporaine.fr) et Anne Joly (anne.joly[at]lacontemporaine.fr) avant le 9 mai 2022. Elles comporteront un titre et une présentation des sources envisagées.
Les propositions retenues donneront lieu à des articles de 25 000 signes, espaces compris en français ou en anglais, [pour les axes 1 & 2] et de 5 à 10 000 signes [pour l’axe 3], à remettre le 30 novembre 2022. Ils seront soumis à l’expertise du comité de lecture de la revue.
https://lcbam.hypotheses.org/1241