CfP: Le patrimoine colonial urbain, une histoire mémorielle (1945-2024). Dossier thématique no 9 de la "Revue d’histoire culturelle" (French)

Call for Papers, deadline 20 December 2024

Au terme d’un long processus, la notion de patrimoine a pu être définie, au sein du monde occidental, comme un héritage commun reposant sur la réalité physique de ses objets et donnant lieu à expertise. À ce titre, il bénéficie d’une reconnaissance juridique légitimant sa sauvegarde, de la mise en œuvre d’actions publiques pour l’étudier, le conserver, le transmettre de générations en générations. Ce dossier thématique de la « Revue d'histoire culturelle - XVIIIe-XXIe siècles » propose d’approfondir la réflexion sur les relations que les sociétés entretiennent avec le patrimoine colonial urbain depuis le milieu du XXe siècle.

Argumentaire

Ce dossier propose d’approfondir la réflexion sur les relations que les sociétés entretiennent avec le patrimoine colonial urbain depuis le milieu du XXe siècle. Au terme d’un long processus, la notion de patrimoine a pu être définie au sein du monde occidental, comme un héritage commun reposant sur la réalité physique de ses objets et donnant lieu à expertise. À ce titre, il bénéficie d’une reconnaissance juridique légitimant sa sauvegarde, de la mise en œuvre d’actions publiques pour l’étudier, le conserver, le transmettre de générations en générations. Il peut conduire à des formes de reconnaissance sentimentale, à la mise en place de rituels spécifiques, voire à des mobilisations sociales. La notion n’a cessé de s’élargir depuis les années 1980 et sa grande fluidité complexifie l’approche. L’extension du champ patrimonial a également gagné le niveau international. Le patrimoine dans la définition de l’UNESCO peut être matériel, immatériel, naturel, culturel, mixte, et de très nombreuses études, pour partie issues de l’anthropologie, ont rendu compte de cette évolution. En outre, l’existence de mouvements de patrimonialisation ou, à l’inverse, de destructions, de changements de fonction ou d’abandon dans l’indifférence, tout comme les remises en question, voire les rejets, à l’égard de la notion même de patrimoine, modifient la manière d’appréhender les questions patrimoniales.

Or, un certain nombre d’éléments de l’espace public urbain (bâtiments, statuaire, fontaines, paysages, odonymie…), issus de la colonisation européenne, et ce sur plusieurs continents, sont au cœur de débats mémoriels parfois virulents (enjeux relatifs à la domination ou à la violence coloniales) et, ce faisant, d’interrogations, de controverses, sur ce qui est patrimonialisable ou ce qui doit être dépatrimonialisé. Destructions, déboulonnages de statues illustrent de façon spectaculaire ces tensions mémorielles aussi bien dans les nations issues de la décolonisation que dans les anciennes puissances impériales et appellent une analyse comparée dans le temps et dans l’espace.

En se centrant sur l’espace public urbain depuis 1945, moment où le processus planétaire de décolonisation s’enclenche, l’objectif de ce dossier d’histoire culturelle est de faire progresser une approche historienne mêlant des études sur les acteurs, les représentations et les pratiques patrimoniales avant et après les indépendances. Il vise à mettre en exergue des évolutions dans la perception de ce patrimoine, des moments de rejet, d’indifférence, d’oubli, d’instrumentalisation politique ou économique. L’accent sera mis sur le croisement entre les interrogations relatives aux mémoires des passés coloniaux et les questionnements sur ce qui est susceptible d’entrer ou non dans le cadre patrimonial, y compris sous un angle mémoriel conflictuel.

L’attention pourra plus particulièrement se porter sur :

  • les processus de patrimonialisation ou, au contraire, de dépatrimonialisation avant et après les indépendances, à partir d’exemples pris sur tous les continents ;
  • les acteurs de ces processus, leurs conditions et les objets sur lesquels ils portent (productions architecturales publiques ou privées, places, parcs et jardins, statuaire et odonymie) ;
  • les débats liant les questions patrimoniales et mémorielles dans leurs dimensions coloniale et post-coloniale.

Direction scientifique

  • Françoise Taliano-des Garets, Science Po-Bordeaux/UMR CHS
  • Didier Nativel, Université Paris Cité/UMR CESSMA

Modalités de soumission

Soumission d’un résumé (2 500 signes maximum) et d’une brève notice bio-bibliograhique avant le 20 décembre 2023 aux trois adresses suivantes :

f.taliano@sciencespobordeaux.fr

didier.nativel@u-paris.fr 

revuedeladhc@gmail.com

  • Notification aux auteurs : 15 janvier 2024
  • Remise première version des articles : 1er mai 2024
  • Retour des expertises des articles : 1er juin 2024
  • Remise version 2 par les auteurs : 1er juillet 2024
  • Remise des articles complets (50 000 signes environ espaces compris) : 31 juillet 2024
  • Publication du numéro 9 de la revue : 30 septembre 2024

 

Bibliographie

  • Hamady Bocoum et Bernard Toulier, « La fabrication du Patrimoine : l’exemple de Gorée (Sénégal). In Situ. Revue des patrimoines », février 2013, no 20.
  • Chiara Bortoletto, « L’UNESCO comme arène de traduction. La fabrique globale du patrimoine immatériel », Gradhiva, 2013, 18 : 50-73.
  • Daniel Fabre, Emotions patrimoniales, MSH, ministère de la Culture, Paris, 2013.
  • Emmanuel Fureix, « Déboulonnages et dévoilements : l’histoire en morceaux ? », Écrire l’histoire, 20-21 | 2021, mis en ligne le 01 septembre 2022.
  • Alain Godonou, Christine Mengin, Jean-Pierre Duprat (dir.) Porto-Novo patrimoine et développement, PUS Ecole du patrimoine africain, 2015.
  • Odile Goerg, Xavier Huetz de Lemps, La ville coloniale (XVe-XXe siècle), Histoire de l’Europe urbaine 5, Jean-Luc Pinol (dir.), Paris, Seuil, 2003.
  • Charles Goldblum, « Réflexions à propos du patrimoine urbain en Asie du Sud-Est, sur le versant de l’« UNESCO-isation » », Moussons, 36 | 2020, 35-51.
  • Maria Gravari-Barbas et Sylvie Guichard-Anguis (dir.), Regards croisés sur le patrimoine dans le monde à l’aube du XXIe siècle, Paris, Presses universitaires de Paris Sorbonne, 2003.
  • Nabila Oulebsir, https://criham.labo.univ-poitiers.fr/membres/nabila-oulebsir/
  • Marc PaboisBernard Toulier, Architecture coloniale et patrimoine, Paris, INP, 2007.
  • Dominique Poulot, Une histoire du patrimoine en Occident XVIIIe-XXIe siècle, du monument aux valeurs, Paris, PUF 2006.
  • Pierre Singaravelou  Notre histoire(dir.), Paris, éditions du Seuil, 2023.
  • Sébastien Verney, « Spécificités et ambiguïtés du patrimoine colonial. L’exemple franco-vietnamien (1858-2014) », Revue Ethnologies, Volume 39, numéro 1, 2017, p. 155–165, Géopolitique, conflits et patrimoine.
  • Danièle Wozny, Barbara Cassin, Les intraduisibles du patrimoine en Afrique subsaharienne, Paris, Demopolis, 2016.

Voir aussi :

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