CfP: Sexualités: l’intimité entre normes et singularités (French)

Call for Papers, deadline 26 January

One-day study session at University of Pau, 12 April 2024

Cette journée d’étude propose d’explorer la question de la sexualité de manière transdisciplinaire. Cet événement scientifique est organisé par les étudiants en master 2 « Histoire, civilisation, patrimoine » de l’université de Pau et des Pays de l’Adour. Il s’agit, dans le cadre de cette manifestation, de questionner la sexualité à travers l’histoire, l’archéologie, l’anthropologie et l’histoire de l’art sur le temps long et au sein d'espaces géographiques variés. L’objectif de cette journée sera de questionner l’expression d’une tension entre norme(s) et singularité(s) sexuelle(s) dans le paysage social, politique, culturel et religieux des sociétés anciennes et actuelles.

Argumentaire

Cette journée d’étude se veut transdisciplinaire. L’apport de chaque discipline permettra de décentrer les conceptions et les réflexions en apportant des points de vue, des approches et des méthodes différentes. L’intérêt réside dans le dialogue qui peut se créer en confrontant ces différentes sources et disciplines.

La masse de représentations iconographiques, littéraires, cinématographiques ou vidéoludiques qui émanent des représentations individuelles et collectives permettent d’approcher cette thématique par de multiples regards questionnant à la fois les méthodes, les sources et les approches des diverses disciplines à ces enjeux. À l'inverse, la difficulté que présente l'étude de l'intime par les sources archéologiques est un contre-point saillant. L'étude des sources historiques présente souvent la difficulté de saisir le privé par-delà le voile des pudeurs. L'enquête anthropologique quand à elle, interroge les manières d'aller à la rencontre de l'autre, de son affect et de ses sentiments.

À partir de ces éléments, nous pouvons alors entrevoir des pistes de réflexion stimulantes. À cette occasion, nous tenterons de croiser les réflexions autour de ces sujets à la lumière des enjeux actuels de nos sociétés. Une histoire de l'intimité est-elle possible, et à partir de quelles sources ? Comment étudier et appréhender l’intime et la singularité dans une société normative ? Comment questionner et dépasser la rigidité et la régularité de la norme en tant qu’institution sociale ? Comment la norme impose-t-elle un modèle et réprime les singularités ? Comment les singularités peuvent-elles bousculer les normes ?

La sexualité, au sein des sciences sociales, est étudiée au travers des pratiques, des identités sexuelles et de la représentation des pratiques sexuelles et sexualisantes. L’après-guerre, et surtout l’après Mai 1968, est marqué par une libération sexuelle ayant un important écho dans les sciences sociales à partir des années 1970. Dès lors, la sexualité a été pensée dans son rapport au pouvoir, au discours et à la répression (Foucault, 1976). Ainsi, l’encadrement par l’Eglise au sein de l’Europe médiévale et moderne (Rossiaud, 2012), mais aussi le mariage comme système normatif constituent des institutions qui régulent les rapports à la sexualité dans un cadre pratique.

Le corps est sujet à de nombreuses représentations aussi bien érotiques (Journiac, 1972), intimes (Darmon, 2012) et normatives (Buscatto, 2012). Le corps est contrôlé et est investi de normes dominatrices à travers la colonisation notamment (Peiretti-Courtis, 2021). L'histoire des violences sexuelles et conjugales met au jour les rapports entre sexe et domination (Vanneau, 2016) ; dans le cadre colonial ou en temps de guerre, elle revêt une fonction altérisante. Elle est aussi intimement liée à celle des dominations sexuelles. Ainsi, les violences sexuelles et la sexualisation revêtent une fonction altérisante aussi bien du point de vue de l’histoire du genre que dans un rapport de domination coloniale (Boëtsch dir, 2019 ; Blanchard dir, 2018) et en temps de guerre (Branche & Virgili dir, 2011). Il est aussi intéressant de questionner l’évolution des normes et des conceptions concernant les actes et les conceptions sexuelles sur le temps long (Boehringer, 2016).

Un des exemples flagrants du rapport à la norme, à l’intimité et aux singularités est la prostitution (Corbin, 1978 ; Rossiaud, 1988). Son existence et sa polymorphie sont à questionner dans un élan transdisciplinaire afin d’observer les continuités et les ruptures des normes et des représentations qui l'entourent. Imposer des normes insinue aussi l’existence de pratiques et d’identités qui transgressent ces normes, qui forment des singularités. Les relations entre personnes de même sexe n’ont pas toujours été considéré comme le fruit d’une répression ou d’un jugement et varient selon les contextes sociaux, politiques, religieux et culturels (Aldrich, 2006). Néanmoins, l’existence de pratiques sexuelles illégales ou singulières dans un cadre donné rend compte de l’impossible suprématie de la norme (Aldrich, 2002).

L’immiscions des queer studies dans le champ des recherches sur la sexualité et le genre à partir des années 1990 aide à saisir les constructions d’identités genrées et remet en question la nature même des genres qui sont mouvants selon les sociétés et les époques (Boehringer, 2007; Dellile, 2022). Cette historiographie apporte un regard transdisciplinaire majeur entre histoire et histoire de l’art (Warner, 1993 ; Bordes, 2007 ; Barlow, 2017). Les enjeux contemporains qui marquent nos sociétés invitent à historiciser et à repenser ces thématiques afin d’en étudier leurs racines et leurs formes.

Les champs thématiques présentant un certain intérêt pour la journée d’étude, sans pour autant s’y limiter sont les suivants :

  •     Histoire, archéologie et anthropologie du genre ;
  •     Histoire, archéologie et anthropologie de la prostitution ;
  •     L’érotisme et représentation du corps ;
  •     Histoire de l’éducation sexuelle ;
  •     Expressions et pratiques de la singularité ;
  •     Représentations et identités queer ;
  •     Littérature et imaginaires sexuels ;
  •     Les représentations sociales et collectives de la sexualité ;
  •     Sexualité et pouvoir(s) : Le rapport des institutions étatiques, religieuses face aux questions sexuelles ;
  •     La répression des pratiques et des identités dites déviantes ;
  •     Colonisation et sexualité ;
  •     Histoire de la sexualité : sources et matériaux du chercheur.

Modalités de soumission

La date limite de soumission des communications est fixée au mardi 26 janvier 2024.

Les communications (1 page, soit environ 500 mots) devront être envoyées avec une courte présentation de l’intervenant potentiel à vielmas.m@etud.univ-pau.fr

Comité d’organisation

L’ensemble des étudiants du master 2 « Histoire, Civilisation, Patrimoine » de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.

Assister à la journée d'étude

La journée d'étude aura lieu le 12 avril 2024.

Pour assister à la journée d'étude en présentiel ou distanciel, merci de remplir le formulaire d'inscription suivant :

https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScVG5DTyE10VjHBbDd6UiBDLTtyyK2exacC4tcYucbYO5HAeA/viewform?usp=sf_link

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