Social and Labour History News

LUP anniversary: labour history conference bursary for early-career researchers

2 months ago

This year, Liverpool University Press (LUP) is celebrating its 125th anniversary. To mark this occasion, it has created a conference attendance bursary for early career researchers in cooperation with the Society for the Study of Labour History (SSLH). LUP and SSLH have longstanding links as the press publishes the society’s journal, Labour History Review as well as its ‘Studies in Labour History’ book series.

The bursary is worth £ 300, which can be used towards conference registration, travel and accommodation. To be eligible, applicants should be PhD students or postdoctoral researchers without full-time academic employment. The paper should be delivered at any kind of academic workshop or conference but the paper itself should fall within the field of labour history. The successful applicant will be asked to prepare a short blog post relating to their paper.

To apply for this bursary, please send the following information to the SSLH’s Conference Secretary, Daniel Laqua (daniel.laqua@northumbria.ac.uk), by 7 June 2024:

  1. the title and abstract of the paper, as well as the conference it is intended for (and whether it has formally been accepted/scheduled);
  2. a statement (of up to 300 words) on how this paper relates to the applicant’s wider academic development and application plans; and
  3. a one-page CV.

For any questions relating to this scheme, please contact Daniel Laqua. The SSLH committee will consider applications and will notify applicants by 17 June.

Une utopie face au droit. Enjeux politiques des statuts juridiques des coopératives de travailleuses et travailleurs Du XIXe siècle à nos jours (French)

2 months ago

Ce colloque interdisciplinaire, à la croisée de l’histoire, de la philosophie, de la sociologie et du droit, se propose de remettre la focale sur cette dimension politique et critique portée par des coopératives de production en choisissant comme porte d’entrée la question juridique. Ouvert aux contributions portant sur la France et sur l’international, il prend pour objet ce que nous appelons ici, pour des questions de praticité, des « coopératives de travailleuses et travailleurs ». Nous entendons par là les coopératives possédées et gérées (au moins en grande partie) par les travailleur·se·s eux-mêmes – qu’elles prennent la forme des associations ouvrières, des coopératives de production (Scop), des Sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic), des Coopératives d’activité et d’emploi (CAE), des Sociétés anonymes de participation ouvrière (SAPO) – et portant un projet économique et politique alternatif aux entreprises capitalistes.

Argumentaire

Le développement actuel de l’Économie Sociale et Solidaire a pu produire des effets de dépolitisation du mouvement coopératif, encourageant à la fois son intégration dans l’économie de marché et un affaissement des exigences démocratiques dans son fonctionnement[1]. À ses commencements au XIXe siècle, il s’agissait pourtant pour nombre d’ouvriers et ouvrières associé·e·s dans des coopératives de production de s’affranchir du salariat, de s’auto-instituer démocratiquement et de résister aux processus de prolétarisation induits par l’essor du capitalisme industriel. Plus généralement, depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui, certaines coopératives ont pu être conçues à la fois comme des lieux d’expérimentation de pratiques et d’imaginaires anticapitalistes[2], et à la fois comme des espaces où s’élaborent des pratiques de souveraineté populaire dans le cadre du travail.Ce colloque interdisciplinaire, à la croisée de l’histoire, de la philosophie, de la sociologie et du droit, se propose de remettre la focale sur cette dimension politique et critique portée par des coopératives de production en choisissant comme porte d’entrée la question juridique. Ouvert aux contributions portant sur la France et sur l’international, il prend pour objet ce que nous appelons ici, pour des questions de praticité, des « coopératives de travailleuses et travailleurs ». Nous entendons par là les coopératives possédées et gérées (au moins en grande partie) par les travailleur·se·s eux-mêmes – qu’elles prennent la forme des associations ouvrières, des coopératives de production (Scop), des Sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic), des Coopératives d’activité et d’emploi (CAE), des Sociétés anonymes de participation ouvrière (SAPO) – et portant un projet économique et politique alternatif aux entreprises capitalistes.

Ces coopératives de travailleur·se·s ont bien souvent – mais pas toujours – dû se doter de statuts juridiques. Leur élaboration a pu constituer autant de mises à l’épreuve de leurs principes politiques face aux contraintes du droit qu’il soit civil ou commercial. Ce dernier a pu être perçu par les travailleur·se·s comme un cadre coercitif à contourner, un savoir exogène à s’approprier, ou un garde-fou au risque d’anomie. S’intéresser aux relations entre droit et coopératives de travailleur·se·s implique de distinguer deux sources de droits. Le premier est celui fondé par des textes d’origine étatique. Le deuxième renvoie au droit interne aux coopératives. Ces dernières produisent en effet elles-mêmes du droit, ce qui suppose un travail d’élaboration par des théoriciens et des techniciens des textes juridiques (à l’image de François Espagne pour les Scop) mais aussi des formes de réappropriation par les coopérateurs·rices des statuts-types. Il existe également les règlements intérieurs, qui viennent instituer des règles organisationnelles plus quotidiennes. Parce qu’elles forment l’architecture fondamentale de ces « petites sociétés », les différentes règles élaborées par ces organisations démocratiques relèvent bien d’une forme de constitution politique, ainsi que nous invitent à le penser les travaux analysant les entreprises par le prisme de la théorie politique[3] (political theory of the firm).

Le droit des coopératives de production, son histoire et ses enjeux, est un objet relativement peu étudié[4]. Ce relatif désintérêt s’explique sans doute par le fait que les chercheurs·euses et les acteurs·rices de l’Économie Solidaire et Solidaire tendent à estimer que la « vie » démocratique des coopératives n’existe qu’en marge des structures instituées. On en veut pour preuve le fait que les assemblées générales sont souvent considérées comme de simples « chambres d’enregistrement » de décisions prises en amont lors de temps informels. Le droit applicable aux coopératives ne mériterait pas qu’on s’y attarde, car on ne peut espérer qu’il exerce une quelconque influence sur les pratiques. Ce point de vue sous-estime pourtant les effets du droit. En prescrivant des modalités de fonctionnement ou de gouvernance, des institutions internes, des principes auxquels les coopératives doivent se conformer, le cadre légal délimite le champ des possibles pour les coopérateurs·rices et guide leurs pratiques et les orientations de leurs sociétés. Le grand débat qui a agité le monde de l’Économie Sociale et Solidaire français dans le cadre du vote de la loi ESS en 2014 a finalement révélé au grand jour cet aspect du droit. Car la question qui animait ses membres (faut-il intégrer dans sa circonférence d’autres statuts juridiques que les statuts juridiques historiques ?) était, en partie au moins, relative à cette fonction normative du droit. Les partisans de l’ouverture du périmètre de l’ESS brandissaient le slogan « statut ne fait pas vertu » et revendiquaient l’intégration d’ « entreprises à but social », quitte à compromettre quelque peu l’idéal démocratique ou anti-capitaliste de l’ESS. Les partisans du maintien des statuts historiques estimaient que ces derniers, malgré leurs imperfections, représentaient dans tous les cas des garde-fous essentiels, qui ancraient ces organisations dans la défense de valeurs qui font leur spécificité[5] . Le rapport au droit des coopérateurs·rices évolue bien entendu en fonction du contexte historique[6]. En raison de la loi le Chapelier, les premières associations ouvrières de production ont bien souvent été formées par le biais d’un contrat passé entre les membres sous seing privé, sans que le contrat ne soit légal, comme ce fut le cas pour l’association des bijoutiers en doré. Malgré cela, lorsqu’en 1831 Philippe Buchez présente un « Plan général du mode de travail par association », c’est en proposant de s’appuyer sur les statuts des sociétés particulières de l’époque, faisant référence à l’article 1842 du Code civil et 48 du Code de commerce. Il apparaît qu’une des spécificités de l’association ouvrière du XIXe siècle par rapport à des formes d’organisation « coopérative » de la production qui ont existées précédemment (fruitières du jura, Mines de Rancié, etc.) est de s’appuyer, pour beaucoup d’entre elles du moins, sur les statuts juridiques des sociétés civiles. Ce processus est renforcé lors de la Seconde République instaurée par la révolution de 1848. Dans le contexte d’un essor sans précédent des coopératives ouvrières de production, le vote par l’Assemblée en juillet 1848 d’un crédit voué à soutenir les associations ouvrières et l’attribution de ce financement par un « Conseil d’encouragement » a en effet impliqué la diffusion de statuts juridiques officiels visant à encadrer et contrôler les associations de travailleur·se·s. Après le coup d’état de 1851 qui a violemment réprimé les associations ouvrières, le mouvement coopératif connaît une nouvelle impulsion à partir de 1864, date où est abrogée la loi instituant le délit de coalition. Avec la loi de 1867, les coopératives se voient pour autant à nouveau encadrées par le pouvoir en place, alors même que des coopérateurs·rices socialistes et libertaires tentent de défendre le potentiel émancipateur de ces formes d’organisation du travail face à des libéraux cherchant de les récupérer et à les dépolitiser[7]. Il s’agira alors de comprendre en quoi les statuts des coopératives de travailleur·se·s se distinguent des statuts des sociétés commerciales du XIXe à nos jours. En ce qui concerne les coopératives de production par exemple, différents textes juridiques sont venus encadrer leur activité. On pense notamment à la loi de 1915 sur les sociétés coopératives ouvrières de production et l’organisation du travail en France ; la loi-cadre portant statut de la coopération de 1947 ; la loi de 1978 portant statut des sociétés coopératives ouvrières de production, la loi de 2001 définissant la Scic ou à la loi de 2014 relative à l’économie sociale et solidaire. Le législateur a volontairement laissé aux coopérateurs·rices une marge de manœuvre importante concernant l’aménagement des statuts. Mais il a aussi rendu certaines dispositions obligatoires[8], qui lui paraissaient relever de l’essence même des coopératives, de leur raison d’être politique.

Ce colloque, qui se propose de rassembler des chercheurs·euses de différentes disciplines mais aussi des acteurs·rices du monde coopératif (membres de coopératives, organisations visant à fédérer ou à soutenir les coopératives), a ainsi vocation à étudier l’évolution et la multiplicité des rapports au droit des coopératives portant un projet politiquement et économiquement émancipateur. Ces derniers nous paraissent en effet éclairer ce qu’implique l’expérimentation concrète d’une alternative critique dans le cadre des sociétés capitalistes. Autrement dit de ce que signifie faire vivre au jour le jour, dans ses aspects pratiques, l’utopie d’une organisation égalitaire et démocratique du travail[9].

Axes

Les personnes qui souhaiteraient proposer une contribution sont invitées à s’intégrer dans un ou plusieurs de ces quatre axes :

Axe 1 : Le statut juridique, une contrainte pour les coopératives de travailleur·se·s

Ce colloque pourra amener à mettre en lumière l’influence du régime légal sur les coopératives de travailleur·se·s. Il conviendra par exemple de se demander si la reconnaissance de ces coopératives par le droit et la mise en place d’un statut juridique dédié ne constitue pas une « légalisation » au sens développé par Bernard Edelman[10], c’est-à-dire une « mise au pas », une réduction de leur capacité d’agir. Cela est d’autant plus évident pour les travailleuses associées du XIXe siècle, notamment les femmes mariées assujetties par le Code Civil, pour qui le droit constitue une réelle entrave à leur volonté d’autonomie. De même, les règlements produits par les coopératives ont pu reproduire des rapports sociaux de domination en instaurant au sein des coopératives des règles d’exclusion (des femmes, des ouvriers non-qualifiés ou temporaires, des étranger.ères…).

Par ailleurs, d’un point de vue juridique, les Scop sont des sociétés commerciales traditionnelles, ce qui peut les forcer à adopter certaines pratiques s’éloignant de leurs idéaux démocratiques (on pense ici au fait que les membres des Scop doivent posséder une part sociale, ce qui peut nuire à leurs principes d’égalité démocratique). Le cadre légal est-il réellement une contrainte pour les coopératives affirmant un objectif anticapitaliste, ou le droit applicable dispose-t-il d’un caractère plastique offrant une large place à la pratique ? Enfin, cette question de l’encadrement par le droit pose celle de potentielles réformes relevant de choix idéologiques ou politiques contraignants, à l’instar la loi de 1978 qui a essayé de rendre plus facile le respect du principe de la double-qualité dans les Scop[11].

Axe 2 : Le droit au service des travailleur·se·s ? Les bénéfices du cadre légal

Mais le cadre légal peut aussi avoir des fonctions utiles pour les travailleur·se·s. Sur le plan de la lutte politique, l’intérêt du statut légal est de permettre à certaines coopératives de créer un interstice dans le fonctionnement actuel du capitalisme afin, comme le dit le sociologue Erik Olin Wright[12], d’éroder ses structures et d’ouvrir la voie de la rupture dans un objectif d’émancipation sociale à long terme. Issues d’une lutte importante contre les licenciements, les coopératives Viome en Grèce et celle visant à reprendre l’ex-usine GKN en Italie montrent actuellement qu’il est possible de réorienter écologiquement la production.

Sur le plan organisationnel, cette « marge de manœuvre » organisationnelle offerte par le législateur aux coopérateurs·rices est-t-elle investie et si oui, comment ? Quels sont les raisonnements politiques qui mènent les travailleur·se·s à l’acceptation ou à la modification des statuts-types qui leur sont souvent fournis ? Le cadre juridique a pu être perçu comme un moyen de réguler les rapports de pouvoir internes à la coopérative découlant notamment de la hiérarchie professionnelle, des dominations de genre, des inégalités entre nationaux/étrangers, associé.es statutaires/auxiliaires. Ainsi la règle du « une personne égale une voix » peut aussi être conçue comme le garant statutaire de la norme démocratique au sein de ces coopératives. Dans quelle mesure d’autres règles que les coopérateurs·rices décident d’inclure dans leurs statuts relèvent-ils de prises de positions politiques ? Au-delà des règles statutaires à proprement parler et des contrats déclarés, nous aimerions aussi porter l’analyse sur les règlements internes. Comment viennent-ils compléter les statuts sur des règles de fonctionnement (par exemple sur la rotation des postes, sur les horaires, le télétravail, la hiérarchie des salaires) ?Nous aimerions également ne pas limiter l’étude à celle des textes réglementaires mais élargir à la question de la circulation des savoirs juridiques. On sait par exemple que les acteurs·rices chargé·e·s de cette fonction peuvent avoir un pouvoir important en orientant, sciemment ou non, les pratiques démocratiques, souvent vers une acceptation de formes très représentatives[13]. Comment les travailleur·se·s sont conseillé.es sur les règles juridiques ? Comment se réapproprient-ils ce savoir ? Qui sont les « passeur·se·s » du droit, au XIXe siècle comme aujourd’hui ? En outre, les outils de « pédagogie du droit » font-ils parfois plus qu’expliquer les possibilités techniques du droit, par exemple en comprenant des éléments d’élaborations normatives (nous pensons par exemple au Guide juridique des Scop) ?

Axe 3 : Les coopératives de travailleur·se·s contre le droit étatique

Cet axe se propose d’explorer, dans sa radicalité, le rapport conflictuel aux droits expérimenté par des coopératives. On pense notamment aux coopératives de prolétaires qui s’établissent particulièrement aux périodes du XIXe siècle durant lesquelles l’interdiction des associations et des coalitions sont les plus rigides. Comment ces coopératives s’organisent-elles malgré le droit et en dépit d’un régime juridique hostile ? Quelles formes légales utilisent-elles pour contourner les interdictions ? Font-elles le choix de l’illégalité ?

Ainsi, cet axe sera l’occasion d’évoquer des coopératives inspirées par le courant libertaire ou anarchiste qui entendent refuser le régime légal, qu’elles s’inscrivent au sein des communautés intentionnelles du XIXe siècle ou des mouvements anticapitalistes, féministes, écologistes contemporains. Ces coopératives qui ne font pas appel au droit s’appuient-elles pour autant sur des règlements ? Quels sont les effets de ce choix sur les pratiques autogestionnaires et sur l’inscription dans la durée de ces coopératives ?

Axe 4 : Perspectives normatives : quels statuts pour les coopératives de demain ?

Le législateur a fait en sorte que le cadre juridique des coopératives de travailleur·se·s soit assez flexible pour tolérer une vaste gamme de pratiques. On peut se demander si cela n’a pas nuit au respect des fondements mêmes de ces coopératives. Par exemple, dans le droit des Scop, il n’est pas indiqué de limite au pourcentage de travailleur·se·s non-associé·e·s. Cela a pu conduire certaines Scop à passer sous la barre des 50 % du sociétariat, le plus souvent suite à des rachats de filiales non-coopératives (comme Mondragon en Espagne[14] mais il existe des cas en France également). Un autre exemple, propre aux États-Unis cette fois, concerne l’absence de clause juridique interdisant la revente à profit des coopératives de production (présente a contrario dans le droit français), qui a engendré la revente à prix d’or des « coopératives Plywood » de la côte Ouest[15].

Quelques rares propositions de « jardinage du droit coopératif » ont vu le jour ces dernières années[16]. Dans quelle mesure le droit des coopératives de production devrait-il être réformé afin de leur permettre de mieux respecter les idéaux démocratiques et anti-capitalistes qu’elles se donnent ? Par exemple, le système des collèges est-il plus démocratique que la règle du « une personne égale une voix[17] » ? Doit-on remettre en question le lien salarial (sur le modèle des coopératives de travail associé espagnoles[18]), qui semble aller de soi aujourd’hui en France, alors même que le but originel des coopératives de production était de l’abolir ?

Nous souhaiterions également aborder la question actuellement débattue de l’autonomie du droit coopératif, qui impliquerait de détacher la coopérative du droit des sociétés (en créant une nouvelle personne morale, la coopérative, qui ne serait donc ni une société, ni une association). On pourra enfin, plus largement, se demander dans quelle mesure les débats actuels sur l’entreprise comme « bien commun » permettent de renouveler la question des statuts juridiques des coopératives.

Comité d’organisation
  • Caroline Fayolle (Maîtresse de conférences, Histoire contemporaine, Institut Universitaire de France/Université de Montpellier)
  • Etienne Lamarche (Maître de conférences, Histoire du droit et des institutions, Université Paris Nanterre)
  • Camille Ternier (Docteure en philosophie politique de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Avec le soutien du projet ANR JCJC TheoVail « La théorie politique au travail. Reconceptualiser l’exploitation, la démocratie et la justice à travers les écrits réflexifs de travailleurs et de travailleuses » (Science-Po Paris, CEVIPOF)

Informations pratiques
  • Lieu : Sciences Po Paris, 1 Place St Thomas d'Aquin, 75007 Paris
  • Dates : 12 et 13 décembre 2024
  • Prise en charge du transport (France-pays limitrophes), des repas et de l’hébergement sur place par l’organisation du colloque.
Modalités de soumission

Le résumé de la proposition comportera entre 3000 et 5000 signes (espaces compris et bibliographie non-comprise) et devra être envoyé à l’adresse : enjeuxpolitiques.statuts.coop@gmail.com

Date limite d’envoi des propositions : 30 juin 2024

Retour aux auteurs·ices : 10 juillet 2024

Notes

[1] Pour une recension des cas coopératifs les plus édifiants, voir Philippe Frémeaux, La nouvelle alternative  ?  : Enquête sur l’économie sociale et solidaire, Paris, Les Petits Matins, 2013, 156 p. Voir aussi Simon Cottin-Marx et Baptiste Mylondo, Travailler sans patron, Mettre en pratique l’économie sociale et solidaire, Folio, 2024.

[2] Au sens courant du terme, c’est-à-dire qu’elles s’opposent au capitalisme, que l’on peut définir a minima comme un régime économique où la production est orientée vers le profit en vue de l’accumulation du capital plutôt qu’en vue de la satisfaction des besoins. Les chercheurs·euses et les acteurs·rices de l’Économie Solidaire et Solidaire semblent souvent réticent·e·s à utiliser ce terme, lui préférant ceux de « lucrativité limitée » ou d’ « a-capitalisme » (Simon Cottin-Marx et Matthieu Hély, « Le projet de l’économie sociale et solidaire  : fonder une économie acapitaliste : Entretien avec Jean-François Draperi », Mouvements, vol. 81, no 1, 2015, p. 27‑30). On pourrait pourtant estimer que ces termes renvoient à des règles de fonctionnement qui permettent aux coopératives de porter - sur le plan plus global – un projet politique anti-capitaliste. Sur les caractéristiques juridiques de la règle de fonctionnement de l’a-capitalisme, voir David Hiez, Coopératives  : Création, organisation, fonctionnement, Édition : édition 2013-2014., Paris, Dalloz-Sirey, 2013, p. 28.

[3] Elizabeth Anderson, « Equality and freedom in the workplace : Recovering republican insights », Social Philosophy and Policy, vol. 31, no 02, 2015, pp. 48‑69 ; Pierre-Yves Néron, « Rethinking the Very Idea of Egalitarian Markets and Corporations : Why Relationships Might Matter More than Distribution », Business Ethics Quarterly, vol. 25, no 1, Janvier 2015, pp. 93‑124 ; Isabelle Ferreras, Firms as Political Entities : Saving Democracy through Economic Bicameralism, Cambridge, United Kingdom New York, NY, Cambridge University Press, 2017, 226 p ; Abraham A. Singer, The Form of the Firm : A Normative Political Theory of the Corporation, Oxford, New York, Oxford University Press, 2019.

[4] Comme le déplore David Hiez (in Sociétés coopératives 2023/2024, Paris, Dalloz, 2023, p. 46‑47). Citons cependant en plus de cet ouvrage les exemples suivants : Lucien Coutant, L’évolution du droit coopératif de ses origines à 1950, Reims, France, Ed. Matot-Braine, 1950 ; le numéro 317 de la RECMA (août 2010) consacré aux débats relatifs à une réforme possible du droit coopératif ; David Hiez, « Le coopérateur ouvrier ou la signification du principe de double qualité dans les Scop », Revue internationale de l’économie sociale : Recma, no 299, 2006, pp. 34‑55 ; Loïc Seeberger, « Historique de l’évolution du droit des coopératives, de ses origines à nos jours », Revue internationale de l’économie sociale : Recma, no 333, 2014 et, bien sûr, les contributions nombreuses de François Espagne, à trouver à l’adresse https://www.les-scop.coop/doctrines.

[5] David Hiez, Eric Lavillunière et Jean-François Draperi, « Economie sociale, économie solidaire, entrepreneuriat social. Des projets politiques et économiques différents. », in Vers une théorie de l’économie sociale et solidaire, Éditions Larcier, 2013, pp. 55‑77.

[6] Michel Dreyfus et Patricia Toucas-Truyen (dir.), Les coopérateurs : deux siècles de pratiques coopératives, Paris, Éditions de l’Atelier/GNC, 2005 ; Michel Dreyfus, Histoire de l’économie sociale et solidaire. De la Grande Guerre à nos jours, Rennes, PUR, 2017 ; Olivier Chaïbi, Timothée Duverger et Patricia Toucas-Truyen (eds.), (Re)Penser l’histoire de l’ESS. Approches et historiographie, Éditions Arbre bleu, Nancy, 2024.

[7] Carole Christen, Caroline Fayolle et Samuel Hayat (eds.), S’unir, travailler, résister  : Les associations ouvrières au XIXe siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2021.

[8] Comme par exemple la mise en réserve obligatoire d’au moins 15 % de l’excédent net de gestion dans le cas des Scop, ou l’interdiction de la revente de ces dernières à des fins de profit.

[9] Pour reprendre le titre de l’ouvrage d’Alexia Blin, Stéphane Gacon, François Jarrige, Xavier Vigna (dir.), L’Utopie au jour le jour. Une histoire des expériences coopératives (XIXe-XXIe siècle), Nancy, Éditions Arbre bleu, 2020.

[10] Bernard Edelman, La Légalisation de la classe ouvrière ? vol. 1. L’Entreprise, Paris, Bourgois, 1978, 253 p.

[11] François Espagne, « Des modèles originels à un modèle original Remémoration de l’histoire du statut et des outils des SCOP », 12 Janvier 2009 ; Pierre Liret, « Loi de 1978 : une étape essentielle de l’histoire des Scop ». Participer, août 2003.

[12] Erik Olin Wright, Utopies réelles, Paris, La Découverte, 2017.

[13] Maxime Quijoux, « «  Vous allez trouver une façon d’être dirigeant.  » Formation coopérative et résistances ouvrières dans une usine reprise par ses salariés », Politix, n° 126, no 2, 11 Octobre 2019, p. 203 sqq. ; Camille Ternier, Être des travailleurs libres. Le modèle des coopératives de production comme forme institutionnelle d’une économie démocratique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2019, p. 668 sqq.

[14] Anders Christiansen, « Evaluating Workplace Democracy in Mondragon », UVM Honors College Senior Theses, 1er Janvier 2014.

[15] Carl J. Bellas, Industrial Democracy and the Worker Owned Firm : A Study of Twenty-One Plywood Companies in the Pacific Northwest, New York, Praeger Publishers Inc, 1972 ; John Pencavel, Worker Participation : Lessons from Worker Co-ops of the Pacific Northwest, Russell Sage Foundation, 2002.

[16] Nous pensons ici aux travaux menés de 2015 à 2018 par un groupe de juristes (formé de David Hiez, Chantal Chomel, Patrick Le Berre, Lionel Orsi et Patrick Prud’homme) ayant aboutit à la proposition de « de loi coopérative utopique » (accessible à l’adresse https ://orbilu.uni.lu/bitstream/10993/46022/1/loi_cooperative_utopique_2018.pdf). Pour une présentation des innovations de cette loi, voir Patrick Prud’homme, « Vers une loi coopérative rénovée  ? », op. cit. C’est à cet article que nous empruntons ce terme de « jardinage du droit coopératif » (p. 80) Voir encore Marina Bertrel, « La Scop SAS  : une nouvelle opportunité en faveur de l’entrepreneuriat », Revue internationale de l’économie sociale  : recma, no 332, 2014, pp. 124‑133.

[17] Jean-François Draperi et Chantal Chomel, « Construire la communauté coopérative à travers le droit », Revue internationale de l économie sociale Recma, N° 352, no 2, 2019, p. 62.

[18] François Espagne, « Les différentes formes de travail associé dans les sociétés coopératives ouvrières de production en Europe », 14 août 1999.

People and Places. Who Cares ? First International Conference on the History of Psychiatry in the English-speaking world

2 months ago

Université Paris Nanterre, 6-7 February 2025

Who Cares? De la psychiatrie dans l’aire anglophone is a newly-formed group of scholars from the Université Paris Nanterre, Department of English Studies,  CREA EA 370,  working specifically on the history of psychiatry in the English-speaking world. We are keen to encourage discussions on this subject and strengthen its international dimension. Our aim is also to foster further discussions on links and comparisons between historical perspectives on psychiatry in the French and the English-speaking worlds.  

As part of our project, we are organising our first international conference on the history of psychiatry in the English-speaking world on the specific topic of “People and Places”, at the Université Paris Nanterre in early 2025. This will be the first of a series of  3 conferences: “People and Places” (6-7 February 2025), “Theories and Policies” (February 2026) and “Circulations and Transfers” (February 2027) 

The history of psychiatry raises the question of  its disciplinary breadth, which Jan Goldstein once attributed to the very nature of psychiatry, an old discipline somehow “lack[ing] the stability that age would seem to confer”.1  While it was originally  written by psychiatrists and healthcare professionals (most famously, Ida Macalpine and Richard Hunter), it also increasingly caught the attention of scholars in social, cultural and intellectual history, as well as historians of science and medicine from the 1970s-80s onwards.

The term “psychiatry” is to be taken in the broadest sense of the word, as defined by historian Roy Porter – a discipline which is “as old as the hills if we treat it as a portmanteau term for all attempts to minister to minds diseased”.2 This approach is perfectly in line with the definition from the Oxford English Dictionary, presenting psychiatry as the “branch of medicine concerned with the causes, diagnosis, treatment and prevention of mental illness”. Though the term “psychiatre” was used in French as early as 1802, the word “psychiatrist” only appeared much later in the English language, in 1875, while “psychiatry” seems to have been in use since 1846. This does not mean however that the phrase “history of psychiatry” should only apply from the 19th century onwards, and it is entirely justified when dealing with any historical research on the treatment of the mentally ill.  The case of Bedlam in London, that was founded in 1247 as a monastery, then transformed into a hospital and is still considered today as the oldest “psychiatric” hospital in the world, provides a perfect example of the existence of psychiatric practices even before the coining of the term.

Far from being a mere play on words, the polysemy in our project title “Who cares?” raises the question of the attention paid to the patient in the therapeutic relationship, or their neglect.3  Evoking the feeling of incomprehension, contempt or indifference that the patient may feel during therapy, it highlights the gap between the doctor’s perspective, often focused on pathology, and the patient’s subjective experience. On the other hand, questioning the subject of care, it underlines the possible failure of caregivers to treat certain aspects of the illness, deemed secondary or negligible. It also questions the attention granted to the mentally ill and the respect (or lack thereof) shown towards them by the public at large, an attitude that is intricately linked to the perceptions and mentalities of a given society at a certain period of time, making it a genuine social and historical issue. What is more, the question “Who cares?” is intended as a reflection on the place, the role and the recognition of the history of psychiatry in the wider field of the social and political history of the English-speaking world.

The literal and metaphorical place of mental illness, as well as the role of the people involved in the care of the mentally ill (be they the patients themselves, their families, the doctors, nurses/attendants, or the local communities), has been analysed in a variety of ways. Following the seminal influence of scholars such as Gerald Grob, the likes of Kathleen Jones, Andrew Scull, Roger Smith, Jonathan Andrews or Peter Bartlett have anchored their studies on mental institutions in institutional, social and political history. Generations of historians have successfully enriched their approach to mental health hospitals via gender, race and/or colonial studies (e. g. Elaine Showalter, Joan Busfield, Hilary Marland, Catharine Coleborne, Angela McCarthy, Leonard Smith, Waltraud Ernst, Dinesh Bhugra, Roland Littlewood). Under the major influence of Roy Porter in the 1970s-80s, the historiography of mental illness has also attempted to decentre histories of mental illnesses, from the psychiatric institutions to other parts of the community in an era of deinstitutionalisation (Akihito Suzuki, Peter Bartlett, David Wright, Rob Ellis). This trend has continued in recent years, with the rise of micro-histories of experiences of mental illness whether in household or institutional settings, and historians have adopted various approaches to tackle Porter’s call to give a voice to the patients (Jonathan Andrews, Rob Ellis, Leonard Smith, Rory du Plessis, Jane Hamlett).

In the early 2000’s, the “spatial turn” encouraged further studies of care in and outside institutions, engaging in thorough reflections on the geographical language used to analyse the history of mental illnesses (Chris Philo). Transnational studies in recent historiography have been opening up new avenues for research in the history of psychiatry (Waltraud Ernst, Thomas Mueller).

This international conference, to be held at Université Paris Nanterre on 6-7 February 2025, will thus welcome  all historical approaches to psychiatry and more generally  to the treatment of mental illness which reflect on the topic “People and places”  from the Middle Ages to the end of the 20th century in English-speaking countries.

We invite proposals on “People and places” to be submitted by June 30 2024.

Paper proposals (20-minute presentation format), written in English (approximately 250 words) and accompanied by a short biographical note in a single Word document, should be sent to 

whocaresconference@gmail.com

Please note this Call for Papers is for in-person presentations only 

The presentations will be exclusively  in English

Topics may include:

  • Studies of therapeutic places and spaces (private/public institutions, families, community care)
  • Historical studies of psychiatric patients and their relations to their place of care/confinement
  • Individual and collective activities within the institution 
  • Art in hospitals 
  • Labelling patients / places
  • Institutionalisation / demise of mental hospitals/ places of care or deinstitutionalisation 
  • Therapeutic community movement (1960s)
  • Care in the community (1980s)
  • The role of professional carers in specific places
  • The importance of locality, architecture, specific geography in determining care
  • Circulations of patients/carers 
  • Historiographical approaches to people and places in relation to mental health issues. 

Selected bibliography:

https://whocares.hypotheses.org/selected-bibliography

Conference organisers:

Cécile Birks, Claire Deligny, Laurence Dubois (Observatoire de l’aire britannique),  Elisabeth Fauquert (Politiques américaines) and Laetitia Sansonetti (Confluences)

15th Annual Conference of the Academic Association of Historians in Australian and New Zealand Business Schools

2 months ago

The Business and Labour History Group, The University of Sydney of Business School, Australia, will be hosting the 15th Annual Conference of Academic Association of Historians in Australian and New Zealand Business Schools  on the 28-29 November 2024. The conference will be presented in person and not Zoom.

You are invited to submit abstracts addressing the conference theme, but also abstracts relating to accounting history, business history, economic history, labour history, management history, marketing history, tourism history, transport history and other areas of interest relating to historical research in business schools. We also invite panel suggestions relating to business and labour history. We welcome abstracts from researchers outside business schools who have an interest in these fields of study.

Abstracts will be published in online conference proceedings.

The Ray Markey Plenary speaker will be Emeritus Professor Greg Patmore, University of Sydney. The topic with be ‘Economic, Industrial and Platform Democracy: Historical Perspectives.’ For further details about our speaker see https://www.sydney.edu.au/business/about/our-people/academic-staff/greg…

Please submit a 500 word abstract for review by Friday 19 July 2024 to Sebastian Boell at sebastian.boell@sydney.edu.au

The abstract will provide: -

  1. A summary of the argument of the paper
  2. A summary of the findings of the paper
  3. A selected list of references for the paper 

Abstracts should follow the Harvard style.

Registration: The is a registration charge for either one or two days, which includes morning tea, afternoon tea and lunch. There is an additional charge if you wish to attend the conference dinner. All postgraduate research students who have their abstracts accepted will have free registration (does not include conference dinner). Full registration details will follow at http://sydney.edu.au/business/research/blhg

Contact Email greg.patmore@sydney.edu.au URL https://www.sydney.edu.au/business/about/our-people/academic-staff/greg-patmore…

Labour History: a Journal of Labour and Social History (Volume 126/ Issue 1)

2 months ago
Almost 50 years ago, Labour History published a special issue on the problem of racism in the Australian labour movement. Its theme and the question contained in its title – Who Are Our Enemies? – were prescient then and remain pressing for labour historians to examine. Edited by young scholars, Ann Curthoys and Andrew Markus, who would each go on to very distinguished careers, the issue’s publication was a landmark event for them and for the field. It was conceived at a moment of optimism when academic history and political activism promised real change in knowledge and direction. Curthoys’ and Markus’ own scholarship, and their collection of essays, built a bridge between sub-fields and opened up research possibilities for Australian historians. In the 1970s, Aboriginal history was an emerging specialism. Racial capitalism was a concept yet to be taken up. Today, this field has a well-established and abundant academic literature. With th is current special issue, guest edited by a new generation of historians, we revisit the question posed to frame that initial work. In a conversation demonstrating its long-term significance, articles here also reveal a little of how the field has developed in the interim. Fortunately, we have been able to include a reflective contribution by Ann Curthoys, which locates the history of the original issue and identifies themes of subsequent research for which it laid the groundwork. Nascent themes (transnationalism and internationalism) have been strengthened over the ensuing years; settler colonialism has been deepened as a distinct field of enquiry; and labour migration (imperial, coerced and/or free) has been placed at the forefront of a more globalised approach. The articles published here were selected from those presented at a dedicated symposium. Once again, we have a mix of well-established and newly emergent researchers in a collection of articles pushing the discipline with their probing questions and politically engaged scholarship. We learn that, at the end of the twentieth century, old certainties about “friends” and “enemies” no longer held even as the question – of who are the enemies we struggle against – remained constant into the twenty-first century. One stark continuity with the earlier issue is the reality of racism as the enemy of working-class solidarity. This current special issue was begun before Australia officially embarked on a referendum to amend the Constitution to recognise and give its Indigenous population a Voice to Parliament. The process of article selection and refereeing was undertaken almost simultaneously with the referendum campaign. The Australian Constitution was written as a colonialist document: containing principles of exclusion of people who were living here when the first Europeans arrived, it enabled the subsequent enactment of laws and policies against Indigenous and other non-European peoples. That colonialist legacy has been resisted constantly by those affected and their supporters, as labour history has, over the years, revealed; but it also inflected the labour movement as workers and their unions sought to protect their jobs and wages from capitalist imperatives. The past is messy, complex, and often surprising when historians dig into the details hidden in the archives. Through this scholarship we have a better understanding of the processes, encounters, and efforts the working class made to good, or not so good, effect. The 2023 referendum offered another chance to acknowledge Australia’s colonialist past and bring meaningful change, and it failed for reasons future historians will explore. But it showed how powerful the political mobilisation of racialisation can be. This special issue is timely, appearing as Australia comes to term with its continuing settler colonialism, and as local protests against the horrors in Gaza gather momentum.   Link: https://www.liverpooluniversitypress.co.uk/toc/labourhistory/126/1

Backstages of Globalization: New Perspectives on Infrastructure and Power in the 20th Century

2 months ago

Workshop at Leibniz Center for Contemporary History (ZZF) Potsdam, 28-29 November 2024

We invite proposals for a workshop dealing with the role of infrastructures, broadly conceived, in historical processes of globalization during the 20th century that will take place at the Leibniz Center for Contemporary History in Potsdam from November 28–29, 2024. Monika Dommann (University of Zurich) will hold the keynote lecture.

“Backstages of Globalization: New Perspectives on Infrastructure and Power in the 20th Century”

Over the last decades, scholars have investigated the various ways in which the built environment functions as a form of governance by shaping how people work and live. It also codifies and coproduces ideas about authority and the role of the state (Star 1999; van Laak 2001; 2018). While an initial phase of interest centered on infrastructural projects in the United States and Europe (Hughes 1983; Nye 1996; White 2011), more recently historians have turned to studies of infrastructure in the Global South, with its experiences of colonial, imperial, and postcolonial governance and extractivism (Hecht 2012; Tischler 2013). This work has produced great insight into the changing political economies of capitalism and science, the reorganization of global and local interests, and increasingly transnational transfers of people, practices, and technology that challenge simplistic narratives about agents of the “West” as the bearers of modernity. Through these studies, a more differentiated understanding of the role of infrastructure in integrating markets, regions, and people across the globe has come into focus.

Historians of infrastructure have long demonstrated sensitivity to the materiality of technologies and the distinctive spaces they create. By tracing the construction of railroads, dams, and communications networks, scholars have demonstrated how these structures created privileged areas and communities while neglecting or destroying others, thereby contributing to the production of uneven spaces of racial, social, environmental and economic inequalities. While attention to space and place has long factored into how historians understand infrastructures, the role of time has often been underappreciated: the imposition of standardized time accompanied the construction and extension of major networks, like the railroad and telegraph, and brought with them their own regime of uniformity across far-flung areas (Schivelbusch 2014; Zimmer 2020; Ogle 2015). Further, as Jens Ivo Engels has argued, histories of infrastructure are almost impossible to think of in isolation from discourses of modernization, and thus invite normative questions of vanguard vs. late comers that are reflected in the logic of “catching up” that informed such twentieth-century modernization projects (Engels 2020). Taken together, these interventions have led to more sustained attention not only to the spaces, but also to the rhythms, of global processes.

More recently, historians have examined the interconnections between material constructions and human organization, including bureaucratic and legal frameworks. They have further specified their interest by exploring the development of systems of logistics in trade and shipping (Dommann 2023; Haller 2019; Mauch 2021). By focusing on materials, but also on the organizational-administrative practices that accompany them, these contributions have enhanced our understanding of globalizing dynamics and processes of hidden integration in the twentieth century. Such studies reveal how new artifacts, such as the standardized Europa pallet after World War II, became a norm between the two Cold War blocs and new spaces, such as warehouse districts, container terminals, and special customs areas, developed to heighten productivity and facilitate exchange between remote regions (Mauch 2021; Dommann 2023, Khalili 2020). Increasingly, the transnational and international nature of these arrangements has come into focus. In particular, the relationship of infrastructure projects to processes of decolonization and the struggles of postcolonial states has productively challenged understandings of international governance. Recent studies of the use of flags of convenience in international shipping or the establishment of tax havens, two practices that experienced a conjuncture in the latter half of the twentieth century, have demonstrated how these innovations often came at the expense of local communities, laborers, and existing organizations (Khalili 2023; Ogle 2020; Slobodian 2023). In fact, these histories seem to pose the question of whether infrastructure might not in fact better understood as a post-national category, leading to increasing misalignment between geographical units, cultural groups, and economic markets.

This workshop “Backstages of Globalization” takes these recent studies as a point of departure and aims to explore these disjunctions in the twentieth century through its “backstages”: that is to say, it welcomes contributions that foreground the invisible or out-of-sight infrastructures that developed to facilitate trans- and international exchange and cooperation. We will tease out histories of conflict and contest over whose interests and experiences counted in setting standards, and whose vision of a possible future was to be pursued in the development of systems of trade, commerce, and information exchange. We will consider these questions across and beyond national borders, during decades of Cold War rivalries and struggles for postcolonial independence. Globalization may well entail processes of increasing exchange and integration, but these are highly uneven. The contributions to the workshop will pay attention to this uneven quality. The workshop explicitly invites contributions from scholars working on invisible, hidden, or hitherto underappreciated processes of globalization, such as histories of shipping, temperature regulation, financial regulation, building materials, and/or computing. It aims to bring together scholars working in diverse fields, including global history, history of capitalism, the history of knowledge, science and technology studies. We will exchange perspectives related to ongoing research on infrastructure and processes of globalization in the twentieth century. Possible topics may include (but are in no way limited to) the following:

1. Transfer and mobility of expertise: How did plans and practices for construction and/or implementation change in different geographic, environmental, political, and cultural contexts? What types of preparation and knowledge was valued? What role did local or indigenous knowledge play in planning?

2. International governance and North-South relations: How did the planning and implementation of projects change according to priorities of decolonization, independence, or during structural adjustment programs? Which sorts of new geographies of power emerged? How were the concerns of different groups represented in national and international governing bodies? Who was tasked with this representation?

3. (Invisible) labor and infrastructures: What kind of challenges emerged regarding the recruitments of laborers, the sourcing building materials, and the implementation of maintenance work outside of Western Europe/USA? How might infrastructural disasters, failures or stoppages help us to understand histories of global processes?

Monika Dommann (University of Zurich) has agreed to give the keynote lecture.

The two-day workshop will take place from November 28–29, 2024 at the Leibniz Center for Contemporary History (ZZF) Potsdam. The workshop will be structured around 20-minute presentations and discussions. Funding for travel and accommodation will be covered by the organizers.

Submissions:
To be considered, please submit the following documents:
- A CV (including a list of recent publications)
- A brief description of what you intend to present (ca. 300 words)
as a single PDF file to Carolyn Taratko (carolyn.taratko [at] zzf-potsdam.de) by June 24, 2024. Participants will be contacted in the first week of July.

The workshop is organized by the “Cooling the Global South” DFG Emmy Noether-Research Group in collaboration with the Leibniz Center for Contemporary History, Potsdam.

Please contact the organizer for a list of references.

Kontakt

Dr. Carolyn Taratko
carolyn.taratko [at] zzf-potsdam.de

Human Rights Between Universalism and Particularism

2 months ago

Munich, 6-7 June 2024

Third conference of the Center for Advanced Studies in the Humanities and Social Sciences (KFG): Universalism and Particularism in Contemporary European History

Human Rights Between Universalism and Particularism

The KFG investigates universalist and particularist models of order in European contemporary history from the 1970s to the present. Universalist claims aim to validate universally applicable rules. However, demands for such rules usually grow out of concrete interests. In contrast, particularist models reject any general claim and justify guiding principles that are oriented towards the construction of individual or group-related needs.

In the upcoming conference the KFG will focus on "Human Rights Between Universalism and Particularism": The postulate of human rights became attractive as a concept throughout the world in the 1970s and was a major driver of political protest in the pre-1989 dissident movement. With the democratization of post-communist societies, the issue of human rights seemed to become less important. On the other hand, recourse to human rights formed a decisive element in the universalistic draft of the world order of liberal internationalism that triumphed in 1989–91. At the same time, this policy increasingly met with opposition. Since the 2010s, the EU has been confronted with the serious problem of maintaining a uniform standard of civil rights in Poland and Hungary. The modern authoritarian and populist regimes of East (Central) European countries question the universality of human rights by trying to unmask them as a particular ideology that is directed against traditional family or cultural values.

Programm

Thursday, 6 June 2024

13.00-13.15
Welcome and Introduction: Andreas Wirsching (Munich), Angelika Nußberger (Cologne)

Panel 1
Are Human Rights Universal?
Chair: Andreas Wirsching (Munich)

13.15-15.15
Angelika Nußberger (Cologne):
Tendencies of De-Universalizing Human Rights

Laurence Burgorgue-Larsen (Paris):
Universalism in Question

Panel 2
Human Rights and Gender Equality
Chair: Kiran Klaus Patel (Munich)

15.45-17.45
Claudia Kraft (Vienna):
The Question of Universalism on the First UN World Conference on Women in Mexico City (1975)

Celia Donert (Cambridge):
Taking the State Out of Socialism: Women's Rights in Central and Eastern Europe Before and After 1989

Keynote Lecture

18.30
Frank Bösch (Potsdam):
Die Deutschen und die Diktaturen. Außenpolitik und Menschenrechte seit der Ära Adenauer
(Keynote in German, open to the public)

Friday, 7 June 2024

Panel 3
The Human Rights Discourse in Central and Eastern Europe in the 1970s and 1980s
Chair: Martin Schulze Wessel (Munich)

8.30-10.45
Michal Kopeček (Prague):
Political Languages of Human Rights in East Central European Dissent.

Caroline von Gall (Frankfurt):
Soviet Theory of Human Rights in the 1970s

Ivan Kislenko (Belgorod):
'Not decolonization but self-isolation' - How the Kremlin's Purported Fight Against 'Neocolonialism' is Destroying Russian Science

Panel 4
Human Rights in International Politics and Commemoration
Chair: Hélène Miard-Delacroix (Paris)

11.15-13.30
Agnes Bresselau von Bressensdorf (Munich):
Between Universalism and Regionalization: Human Rights, Middle Eastern Refugees and Western Europe in the 1980s

Ida Richter (Berlin):
Universalistic Rhetoric in the Commemoration of Rescue during the Holocaust: Establishing Raoul Wallenberg as a Human Rights Symbol in the 1980s

Concluding Remarks
Stefan-Ludwig Hoffmann (Berkeley)

Kontakt

KFG Coordination Office
Amadeus Neumann, M.A., and Dr. Isabella Schüler-Pfeuffer
Center for Advanced Studies in the Humanities and Social Sciences (KFG) "Universalism and Particularism in European Contemporary History"
Ludwig-Maximilians-Universität München
Historisches Seminar
Edmund-Rumpler-Str. 9, 80939 München
Tel.: 0049 89 2180-1851
Email: kfg20@lrz.uni-muenchen.de

https://www.kfg20.geschichte.uni-muenchen.de/index.html

Labor History Seminar at Newberry Library Chicago

2 months ago

This seminar provides a forum for works in progress that explore the history of working-class people, communities, and culture; class and state policy; unions and popular political movements; and other related topics. We are particularly interested in works that deal with gender, sexuality, race, migration, and the social history of work. Our focus has been on U.S. history, but we welcome papers on North America generally, and on transnational aspects of labor history.

In 2024-25, some sessions will meet virtually via Zoom and others will meet in person at the Newberry Library in Chicago.

The seminar's co-coordinators are Peter Cole, Western Illinois University; Colleen Doody, Depaul University; Liesl Orenic, Dominican University; and Elizabeth Tandy Shermer, Loyola University Chicago.

Contact Email scholarlyseminars@newberry.org URL https://mcusercontent.com/1a13dcc4af86a0272353d2c37/files/780a0b88-f1f8-a7d2-d3…

Direct Action and Democracy: Histories and Transformations

2 months 1 week ago

Institut für soziale Bewegungen, Ruhr-Universität Bochum, Germany, 11-12 June 2025

The concept of ‘direct action’ crystallised in the late nineteenth and early twentieth centuries as a challenge to parliamentary democracy.  The advocates of ‘direct action’ included anarchists opposed to the state, radical proponents of independent trade unionism, and disillusioned followers of the parliamentary road. They promoted the transformative potential of participation in strikes, militant demonstrations, boycotts, and sabotage. They imagined these actions as forms of ‘revolutionary gymnastics’ that would radicalise working-class consciousness, and thereby serve as a prelude to revolution. They argued that even within bourgeois democracy, external pressure through radical contention was a more effective means of winning reforms than reliance on elected representatives. They developed detailed criticisms not just of bourgeois democracy, but also of the institutions of social-democratic politics, most famously in Robert Michels’ analysis of Political Parties.

The first propagandists of ‘direct action’ were frequently scornful of ‘politics’ and explicitly opposed to ‘democracy’. Yet this stark opposition was increasingly undermined by a more contested and variable relationship. Even in the first years of the twentieth century, leading figures in the labour movement sought to combine the force of direct action with the procedures of formal politics, theoretically and practically. Over time, groups denied full citizenship deployed forms of direct action in pursuit of civil and political rights (such as in the cases of the Suffragettes and desegregation in the US) and in the cause of decolonization (as seen in the nonviolent campaigns led by Mohandas Gandhi as well as for a period, Kwame Nkrumah). Subjects of authoritarian governments in Eastern Europe and Latin America turned to forms of direct action to sustain dissidence and to seek transformation. Protesters engaged in range of campaigns, such as those asserting bodily autonomy, opposing militarism, and defending the environment used direct action to challenge government policy, and to shift public opinion. Formulated as a critique of parliamentary democracy, forms of ‘direct action’ came over time to be widely understood also as tools to win inclusion in the polity and as a supplement to established political practice. At the same time the concept continued to pose a challenge to conventional politics, through being combined with network-based politics and horizontal decision making, as well as concepts such as ‘direct democracy’ and ‘participatory democracy’.

Yet if the relations between ‘direct action’ and ‘democracy’ are generally understood as variable and contested, historians have been slow to closely examine these shifting ties, to consider their tensions, or to explain their transformations. While many studies have offered close up portraits of direct-action protests, fewer have sought to probe the implications for the making and remaking of democracy. Fewer still have sought to compare multiple episodes, or to explain how a doctrine strongly critical of parliamentary democracy has also been extolled as a necessary feature of a healthy democratic polity.

This conference aims to stage a sustained dialogue on the relationship between direct action and democracy. Organisers welcome papers on this topic, broadly conceived, including the following themes:

  • Direct action as a form of direct democracy and an alternative to representative forms of democracy.
  • Forms of democratic decision making within direct-action movements. 
  • Concepts of democracy in the work of direct-action proponents and thinkers.
  • The use of direct action to influence and overthrow dictatorships and secure rights to political participation.
  • The uses and limits of direct action in influencing publics, as well as decision makers in government, business, and elsewhere.
  • State responses to direct action within representative democracies.
  • The context of representative democracy and the remaking of direct action over time.
  • The changing place of direct action in the conceptualisation of democracy.

Organisers particularly welcome comparative studies on these topics and on the broader conference theme.

We plan to publish a selection of papers after the conference, and will seek revised written papers by November 2025.

Organisation

The conference will be held at the Institut für soziale Bewegungen, Ruhr-Universität Bochum, Germany, 11-12 June 2025. The conference language is English. Papers will be twenty minutes in length followed by discussion. The conference will be conducted solely at the location, and not online. There is no conference fee.

Those interested in delivering a paper should draft and send an abstract of 700 words or less to conference organisers by 31 July 2024. This should be accompanied by a brief biography of no more than 100 words. Abstracts should be sent to: sscalmer@unimelb.edu.au.

Acceptances will be conveyed by 30 September 2024.

The conference forms part of a research project funded by the Gerda Henkel Stiftung  (2023-26) on the topic of ‘Direct Action and Democracy: Utopia, Experience, Threat’.

Conference organisers have received funding to support the conference, but do not currently possess sufficient funds to meet costs of travel and accommodation for all participants. They do plan to seek additional funding in the second half of 2024 to meet all travel and accommodation costs, but the funding bodies to which they will apply first need to consider a full conference program. In the interim, conference organisers therefore request that applicants indicate their capacity to fund their own travel and accommodation costs.

Conference Organisers:

Professor Stefan Berger, Institut für soziale Bewegungen, Ruhr-Universität Bochum, Germany.

Dr Iain McIntyre, School of Historical and Philosophical Studies, University of Melbourne, Australia.

Professor Sean Scalmer, School of Historical and Philosophical Studies, University of Melbourne, Australia.

Online Workshop: New Perspectives on Displaced Colonial Archives

2 months 1 week ago

This online workshop, to be held on 11-12 September 2024, seeks to facilitate inclusive discussion of new perspectives on displaced colonial archives.

Online Workshop: New Perspectives on Displaced Colonial Archives

Recent years have seen a proliferation of research about displaced colonial archives. Thanks to pioneering work by archive studies specialists, historians, and others, we have a deepening knowledge of the ways that declining empires sorted, destroyed, and removed archives during the twentieth century. This research has addressed profound concerns about how colonial – and decolonial – projects have shaped the world we live in. The interest in displaced colonial archives extends well beyond academia, and is being addressed as well in journalism, novels, and other media.

Yet the study of displaced colonial archives remains a relatively new field. Given the vast scale of the displacement of archives across multiple empires and territories, the scope for future research is huge. There is enormous potential for comparative and connected histories of the displacement of colonial archives within and between empires, including the Belgian, British, Dutch, French, German, Italian, Japanese, Portuguese, and Spanish empires. While some parts of displaced colonial archives have now been quite intensively studied, much of this material remains under-used by researchers. We urgently need to know more about resistance to the removal of records, including efforts to contest and recover displaced archives. The strong recent interest in histories of knowledge and ignorance promises new theoretical and methodological approaches to the study of displaced colonial archives. We also need to consider how new research about these archives might reinvigorate our broader understandings of how colonial empires ended, and the incompleteness of these endings.

This online workshop, to be held on 11-12 September 2024, seeks to facilitate inclusive discussion of new perspectives on displaced colonial archives. We would welcome papers on topics including, but not limited to:
- Conceptualising and naming displaced colonial archives: what should we call these collections? Stolen? Migrated? Removed?
- Contexts, policies, and practices: how and why were archives sorted, destroyed, and removed?
- Comparisons and connections: how do histories of displaced colonial archives compare within and between empires?
- Secrecy and knowledge: how significant and successful were efforts to conceal the removal and destruction of archives? Who knew what was happening?
- Content: to what extent have displaced colonial archives contained information unavailable from other sources, and facilitated new historical interpretations?
- Resistance: how has the destruction and removal of archives been contested?
- Legal dimensions: who owns displaced colonial archives? What efforts have been made to regulate the succession of state archives?
- Implications: how does recent research on displaced colonial archives contribute to our broader understanding of the ends of empire?
- Social and cultural responses: how have displaced colonial archives stimulated popular reinterpretations of history and contemporary societies?
- Knowledge production now: in what ways are displaced colonial archives accessible and inaccessible today?
- Futures: what are the possibilities and problems of digitising displaced colonial archives? What are the prospects for restitution?

To contribute, please submit an abstract of up to 500 words plus a short CV (2 pages maximum) to displacedcolonialarchives@gmail.com by Friday 24th May 2024.

Contact (announcement)

displacedcolonialarchives@gmail.com

Erste, zweite, dritte Welle? Neuere Forschungen zur Frauenbewegungsgeschichte des 19. und 20. Jahrhunderts (German)

2 months 1 week ago
Kassel/Germany, 8 November 2024

Jahrestagung 2024 im Archiv der deutschen Frauenbewegung

Erste, zweite, dritte Welle? Neuere Forschungen zur Frauenbewegungsgeschichte des 19. und 20. Jahrhunderts

Das Archiv der deutschen Frauenbewegung (AddF) veranstaltet in Kooperation mit dem Arbeitskreis für Historische Frauen- und Geschlechterforschung (AKHFG) am 8. November 2024 eine eintägige Tagung, auf der aktuelle Forschungsarbeiten aus dem Feld der Frauen(bewegungs)geschichte vorgestellt werden sollen. Ziel der Tagung ist es, einen Überblick über aktuelle Forschungsprojekte zur Frauen- und Geschlechtergeschichte zu erhalten. In diesem Sinne ist die Tagung auch ausdrücklich als interdisziplinärer Vernetzungs-Workshop gedacht.

Inhaltlich nimmt die Tagung drei größere Zeitblöcke in den Blick, welche die Zeiträume von ca. 1830 bis 1933; 1933 bis 1970 und 1970 bis heute umfassen.

Willkommen sind Bewerbungen aus allen Phasen des akademischen Arbeitens sowie ebenso Projekte, die an außeruniversitären Einrichtungen entstehen.

Das Themenspektrum der Forschungsprojekte ist offen, in allen Projekten soll die Frauenbewegung oder eine bzw. mehrere Akteur:innen im Zentrum stehen. Auch Projekte, die sich theoretisch oder methodisch mit Fragestellungen der Frauenbewegungen beschäftigen sind möglich.

Die Vorträge, die im Anschluss diskutiert werden, sollten eine Dauer von 20 bis 25 Minuten umfassen.

Das AddF übernimmt die Reisekosten der Vortragenden.

Bitte schicken Sie eine kurze Projektskizze (eine Seite) sowie einen kurzen CV bis zum 15. Juni 2024 an bartels@addf-kassel.de

Kontakt

Mette Bartels (AddF)
bartels@addf-kassel.de

Reminder: Drivers of Change. Labour migrants from the Middle East, North Africa, and Turkey and social transformation in Western Europe, 1960-1990

2 months 2 weeks ago

Leuven, 26-27 September 2024

Ever since their arrival in the 1960s, labour migrants from the Middle East, North Africa, and Turkey have been drivers of change in Western European societies. Their labour was essential to Western Europe’s economic growth, while their presence rejuvenated the region’s aging demography. Simultaneously, their cultures prompted a wide array of new encounters, while their mobility was key to the transformations of Europe’s growing urban centres. Migrant communities furthermore introduced new knowledge, and their modes of religiosity added additional complexity to the position of religion in the public sphere. Finally, their precarious economic positions provoked new debates on the role of the welfare state, while their perceived ‘otherness’ challenged Eurocentric understandings of nationalisms, citizenship, social rights, and what it means to co-exist.

Historiography is starting to recognize the transformative power of labour migrants. However, scholars note that it remains challenging to fully integrate migrants’ pivotal roles into our fundamental comprehension of social, cultural, and political change in Western Europe. The histories of migrant communities are often written in parallel with, but largely distinct from, histories of globalization, nationalisms, democratization, social movements and activisms, changing religious landscapes, technological and scientific advances, environmental awareness, …

This workshop aims to merge these subfields and to integrate the history of post-war labour migration into a larger narrative. We welcome contributions of varied historical fields, such as urban history, decolonization studies, gender history, the history of emotions and knowledge, and the history of social movements, with a scope from 1960 to 1990. Interdisciplinary contributions from the fields of anthropology, religious studies, cultural and art studies, and social geography are also encouraged.

 Link to the full CfP

 Extended application deadline: 15th of May 2024

 Abstracts of ca. 350 words can be uploaded online or sent to stijn.carpentier@kuleuven.be by the 1st of May 2024.

 Accepted authors will be notified before the 1st of July 2024.

We ask them to provide a substantial working paper by the 1st of September 2024.

 

Stijn Carpentier

Doctoraal Onderzoeker
Onderzoeksgroep Moderniteit en Samenleving 1800-2000 (MoSa)

KADOC-KU Leuven

Onderzoekseenheid Geschiedenis

KU Leuven
Vlamingenstraat 39
3000 Leuven

Special Issue of the journal Social Movement Studies: New insights into global labour: movement strategy and mobilisation in the context of crisis

2 months 2 weeks ago

Decades of crises — economic, the climate crisis and the COVID-19 pandemic — have placed the labour movement in a precarious situation and delivered novel and new challenges. In almost all locations, trade unions face decreasing membership numbers, weakening bargaining powers, and declining political influence. Proposed revitalisation strategies in this period have ranged from using tactics more commonly associated with social movements such as street protests, cooperating with social movements, engaging more young and migrant workers in innovative ways, and more frequently using information and communication technologies in organising and mobilising activities.

This special issue would like to go beyond discussions of “old” and “new” movements, popular during the 1990s, and instead emphasise the usefulness of using social movement and collective action theories for analysing the development, strategies, and consequences of labour movements — in short, to bring the labour movement back to social movements studies. This approach would allow us to move our understanding of social and labour movements beyond present knowledge and improve our theoretical and conceptual tools.

We welcome theoretically informed empirical analysis and encourage the use of comparative and innovative methods, unique empirical material, and historical and contemporary cases worldwide. Potentially exciting topics could be related, but are certainly not limited, to:

• Labour movements’ coalition building and protest strategies concerning migration.

• First Nations workers movements / First Nations workers in movements.

• Efforts to address climate adaptation and environmental issues.

• Organising through the pandemic.

• Organising in the context of rising populist and radical right parties,

• Gig workers and the platform economy.

• Biographical, economic, and political consequences of labour activism.

To propose papers, please send the 500-word abstract for the 1st of June 2024. The accepted proposals will be notified by the 1st of July 2024, and finalised manuscripts will be due on the 1st of October 2024. All abstracts and inquiries should be sent to: Katrin.Uba@statsvet.uu.se

Please be advised an invitation to submit is no guarantee of publication. All submissions need to follow the guidelines of the SMS and will go through the regular peer review process. Please be advised that authors not meeting the relevant deadlines may be dropped from consideration in the special issue, as everyone is affected by long delays of any individual abstract.

https://think.taylorandfrancis.com/special_issues/new-insights-into-glo…

« Une utopie face au droit. Enjeux politiques des statuts juridiques des coopératives de travailleuses et travailleurs (du XIXe siècle à nos jours) » (French)

2 months 2 weeks ago

Les 12 et 13 décembre 2024, Sciences Po Paris organise un colloque interdisciplinaire intitulé "Une utopie face au droit. Enjeux politiques des statuts juridiques des coopératives de travailleuses et travailleurs (du XIXe siècle à nos jours)".

À cette occasion, nous publions un appel à communications que vous trouverez en pièce-jointe.

Les intentions de communications sont à adresser au plus tard le 30 juin 2024 à l’adresse enjeuxpolitiques.statuts.coop@gmail.com.

Ce colloque s’inscrit dans les activités du projet ANR Theovail (La théorie politique au travail. Reconceptualiser l'exploitation, la démocratie et la justice à travers les écrits réflexifs de travailleurs et de travailleuses).

Der Eurokommunismus. Schlüsseltexte und neue Quellen (German)

2 months 2 weeks ago

Der vorliegende Band beleuchtet anhand von Schlüsseltexten und bisher nicht veröffentlichten Archivdokumenten Argumente und theoretische Grundlagen des Eurokommunismus, aber auch dessen Wahrnehmung und Bekämpfung durch Moskau und Ost-Berlin. Er enthält wissenschaftlich eingeleitete und kommentierte Grundlagentexte der „eurokommunistischen“ Parteien Italiens (PCI), Spaniens (PCE) und Frankreichs (PCF) sowie interne Akten aus den Archiven der Sozialistischen Einheitspartei Deutschlands (SED) und der Kommunistischen Partei der Sowjetunion (KPdSU), darunter Texte von und Gesprächsprotokolle mit Enrico Berlinguer (PCI), Santiago Carrillo (PCE), Georges Marchais (PCF) und KPdSU-Chef Leonid Breshnew.

Francesco Di Palma, Historiker, Privatdozent an der Universität Wien.

Walther L. Bernecker, Prof. Dr., Lehrstuhl für Auslandswissenschaft an der Universität Erlangen-Nürnberg 1992–2014; Sonderlehrstuhl Wilhelm und Alexander von Humboldt in Mexiko-Stadt 1999–2000.

Jean-Numa Ducange ist Professeur d’histoire contemporaine an der Universität Rouen Normandie.

Maximilian Graf, Österreichisches Staatsarchiv.

Irina Kasarina, Leiterin der Abteilung für Benutzung und Deklassifizierung von Archivalien, Russisches Staatsarchiv für Neueste Geschichte, Moskau.

Wolfgang Mueller, Professor für Russische Geschichte an der Universität Wien.

https://metropol-verlag.de/produkt/der-eurokommunismus-schluesseltexte-…

CfP: Dealing with «activist artefacts» : Conservation, valorisation, history

2 months 3 weeks ago

54th Annual Conference
International Association of Labour History Institutions
La Contemporaine, Paris (Nanterre)
September 12-14, 2024

Dealing with «activist artefacts» (products of the workers' movement and social movements):
Conservation, valorisation, history

Call for papers

Since the 1970s, the well-known visual turn has been accompanied by a shift in the focus of museums and archives towards collecting and exhibiting objects. Especially the way of representing society in museums has changed fundamentally, so that nowadays the material history is a major trend. This development has affected museums as well archives dealing with the history of labour movements. A real effort is being made to make icons of activism and the protest movement accessible in museums.
Safeguarding, collecting, conserving, describing, making them available for researchers, promoting them and writing their story raises questions. These concern us all as archivists, museum curators, librarians and researchers of various disciplines. In France, the MATOS project (Mémoires, archives et transmission des objets militants; Memories, Archives and Transmission of Activist Objects) has for several months been engaged in a collective reflection on this subject.

More information, also in French and Spanish, in the attached PDF and here !

WO-NAM - Women and Non-Alignment in the Cold War era: biographical and intersectional perspectives

2 months 3 weeks ago

On Monday, May 13th, 2024, at 5:00 PM, Professor Kristen R. Ghodsee (University of Pennsylvania) will deliver a keynote lecture at Ca’Foscari University of Venice (Room B, Ca'Bernardo) on her recently translated book "Red Valkyries: Feminist Lessons From Five Revolutionary Women" (Verso 2022). Professor Ghodsee will engage in dialogue with Duccio Basosi, Chiara Bonfiglioli, and Bruno Walter Renato Toscano (Ca'Foscari).

On May 14th at 1:00 PM, there will be a seminar for master's and doctoral students on ethnographic writing (registration required).

For any information, please contact chiara.bonfiglioli@unive.it or brunowalter.toscano@unive.it.

Both seminars will be held in English and are part of the ERC project “WO-NAM - Women and Non-Alignment in the Cold War era: biographical and intersectional perspectives” (http://www.unive.it/wo-nam). 

Tracés. Revue de sciences humaines (n° 48): "Politique des objets" (French)

2 months 3 weeks ago

Numéro coordonné par Marie Alauzen, Anthony Pecqueux et Ange Pottin
Possibilité d’envoyer des résumés d’intention avant : 15 septembre 2024
Date limite d’envoi des manuscrits : 1er novembre 2024

Adolphe Alphand, Les promenades de Paris : histoire, description des embellissements, dépenses de création et d’entretien des Bois de Boulogne et de Vincennes, Champs-Élysées, parcs, squares, boulevards, places plantées, études sur l’art des jardins et arboretum. Dessins par E. Hochereau © Gallica/BNF ark:/12148/bpt6k310316c

Les bancs publics font partie des objets que vous voyez au cours de vos déplacements en ville, mais, comme l’a formulé Harold Garfinkel, ils peuvent rester inaperçus1 jusqu’à ce que la rencontre d’une connaissance, l’arrivée d’un rayon de soleil ou la recherche d’un espace pour poser vos paquets le temps d’un appel téléphonique vous amènent à considérer que vous pourriez vous y asseoir quelques minutes (Garfinkel, 1967, p. 36). Cette possibilité de station, ouverte par une attention légèrement transformée à l’écologie urbaine, est notamment liée aux politiques d’aménagement, qui depuis la fin du XIXe siècle, supposent la planification, l’installation, l’entretien et la réparation d’objets fabriqués industriellement. Avec ce banc disposé dans l’alignement du trottoir, kiosques, candélabres, vespasiennes, panneaux d’affichage publicitaire, armoires électriques et fontaines impriment une esthétique à la ville et témoignent de la manière dont des services administratifs dédiés, des ateliers et des agent·e·s mobiles organisent et orientent une partie de nos manières d’être ensemble (voir Sansot, 1995 et plus récemment, Zask, 2023, p. 117-120, dans le cas du kiosque de Tel-Aviv).

Vous examinez maintenant différemment le banc dont vous vous approchez, téléphone à l’oreille : les accotoirs qui séparent l’emplacement des assises, s’ils vous offrent un territoire préservé ou censé l’être, ne vous permettent pas de déposer vos paquets tout près de vous. Le banc auquel vous faites face n’est pas construit d’un seul tenant mais se compose de trois assises distinctes ; serait-ce dans le but d’empêcher que des personnes sans abri ne s’y allongent ? On est loin de la considération sympathique pour les amoureux des bancs publics de la chanson et la perspective suffit à vous irriter ; votre interlocutrice à distance perçoit l’inflexion de votre voix et vous demande ce qui ne va pas. En vous asseyant sur un côté, les sacs empilés sur vos jambes, vous constaterez que, sous la peinture rafraîchie, le bois est fendu. Trop tard, voilà votre collant filé. En plus des choix de conception qui peuvent inclure ou exclure des usages et des usager·e·s du banc public, le façonnement continu par les éléments et les passant·e·s, la vigilance, le soin et le budget accordés à l’entretien configurent aussi d’une manière ou d’une autre votre relation à l’environnement urbain. Autrement dit, cet objet que vous n’aviez jusqu’ici pas pleinement considéré, ce banal banc vissé sur le trottoir, définit un cadre, qui rend possibles certaines interactions, en empêche d’autres, le tout, pour une certaine durée.

C’est à ce moment que vous vous imaginez interpeller la mairie sur les réseaux sociaux, lancer une pétition ou, peut-être, utiliser le marqueur au fond de votre sac, car, après tout, le banc peut aussi devenir un support d’expression de votre parole de citoyenne concernée par l’étiolement de l’espace public. En 2003, le film d’intervention Le repos du Fakir avait esquissé une typologie de mobiliers urbains anti-sans-abri, ils se sont démultipliés depuis ;  il est peut-être  temps de partager votre indignation. À moins que l’exploration, par une rapide requête en ligne, de l’ampleur des mobilisations conservatrices unies sous la bannière du #saccageparis (un mouvement qui dénonce le mauvais entretien du patrimoine, réclame une meilleure gestion de la propreté, se prononce contre les expérimentations urbaines, le tout aiguillonné par le rejet de l’équipe municipale d’Anne Hidalgo) ne vous fasse renoncer à tout engagement et que, rassemblant vos sacs, vous ne repreniez le cours de votre trajet, laissant le banc fêlé aux marges de votre conscience.
       
Extraits du Repos du fakir, 2003, vidéo DVD VHS, 6 ” 20, réalisée par Gilles Paté et Stéphane Argillet et produit par Canal Marches.

L’appel des objets

Ce prologue est une invitation à remettre sur le métier les questions suivantes : en quoi un objet peut-il être qualifié de politique ? Comment est-il pris dans un agencement politique ? Comment comprendre la manière dont il engage, voire incarne, une multitude de relations politiques ? Parler de politique des objets ce n’est nullement rester sur un plan incantatoire, celui du quasi-slogan. L’exemple de cette passante met en lumière au moins quatre modalités selon lesquelles il est possible de parler de politique des objets. Premièrement, le banc est politique au sens où il participe d’une politique d’aménagement de la ville témoignant d’un mode de présence de l’État dans la société (Alauzen et Gélédan, 2021) : les choix d’implantation par quartiers et de conception sont mis en discussion par les institutions dédiées ; l’installation et la maintenance sont financées par de l’argent public ; dans la division du travail, des agent·e·s administratif·ve·s sont responsables de son état et des élu·e·s en répondent devant les citoyen·ne·s. Deuxièmement, le banc est politique dans la mesure où il fait partie des choses publiques (res publicae) qui trament nos existences (Latour et Weibel, 2005) et fondent les appuis matériels de la citoyenneté urbaine, au sens où celle-ci est le « corrélat d’activités pratiques » (Relieu & Terzi, 2003, p. 374), comme céder sa place ou se décaler pour laisser s’asseoir, pour lesquelles des objets peuvent se révéler centraux (Goffman, 2013 ; Joseph, 1995 ; Pharo, 1985 ; Gayet-Viaud, 2022). Ainsi, le banc est un objet qui, du fait de ses qualités visuelles et tactiles, prend une signification qui rend ou non possibles, pour une passante, certaines actions dans l’environnement urbain. Les objets ne sont pas des entités purement passives, leur matérialité est chargée de potentialités — au point que l’on parle parfois de « matière vibrante » (Bennett, 2010). Et, les affordances, à savoir ces prises ou possibilités d’action renvoyées par l’objet dans son environnement (Gibson, 1986), peuvent être orientées par différentes intentions politiques (en l’espèce, permettre aux passant·e·s de s’asseoir, mais aussi les empêcher de s’allonger). Troisièmement, les concepteurs ont inscrit dans la stabilisation des propriétés physiques du banc un certain programme politique tenant compte de la réglementation en vigueur, des standards des marchés publics, de contraintes des matériaux, de la valeur attribuée à des comportements ou encore de l’esthétique souhaitée pour la ville. Toutefois, il n’est pas évident que l’objet épouse strictement la volonté d’un groupe — pas plus les élu·e·s, les concepteur·ice·s ou des usager·e·s — d’inclure ou d’exclure (ici, personne n’a explicitement cherché à exclure les femmes portant des collants). L’anthropologie des techniques a en effet montré que l’objet n’est pas la stricte matérialisation d’un dessein de contrôle social, mais le résultat toujours temporaire d’une composition de forces hétérogènes (Akrich, 1987 ; Conein et al., 1993). Subséquemment, un objet tel un banc n’est pas autonome, mais dépend d’une politique de la maintenance, soit d’une manière de faire durer, de prendre soin et de gérer les conflits susceptibles d’émerger (Denis et Pontille, 2022). Quatrièmement, les objets sont aussi potentiellement des surfaces d’inscription ou de cristallisation de mots d’ordre et peuvent être appréhendés par les processus de politisation au cours desquels ils deviennent des ressources matérielles ou des symboles (le renouvellement du mobilier urbain comme cristallisation des mobilisations de #saccageparis).

La définition du politique qui émerge de ce paragraphe est délibérément large et celle d’objets que nous voudrions amener dans ce futur numéro l’est tout autant. La catégorie d’objet, qui désigne couramment une chose solide, manipulable, conçue pour des usages particuliers, comme ce banc, peut également inclure des objets techniques (le micro, dont il sera question plus loin) ou des ensembles d’objets techniques, formant des dispositifs et des agencements (comme une installation nucléaire). Cette définition extensive des objets permet, d’une part, de laisser ouvertes questions et analyses sur les catégories (objets d’artisanat, d’art, industriel, etc.) et leurs effets, et, d’autre part, de faire place aux enjeux d’échelles et de combinaisons d’objets. Par exemple, la technique nucléaire, afin de réaliser la fission à l’échelle subatomique, mobilise un ensemble d’objets aux propriétés matérielles et politiques diverses — atomes d’uranium, réacteurs, centrales, boîtes à gants permettant de manipuler les matières radioactives, déchets radioactifs contenus sous diverses formes de conditionnement, etc. 

Une autre manière de synthétiser les questions que soulève l’appel à contribution serait de pointer le double écueil que le numéro voudrait éviter. D’un côté, l’écueil du déterminisme technique selon lequel les objets seraient les causes déterminantes d’un ordre politique donné (ce qui reviendrait à donner au seul design des bancs le pouvoir d’exclure les sans-abris), voire, dans une version plus radicale, considérer que les objets auraient remplacé la politique pour former un système verrouillé par avance (supposer, par exemple, que toute discussion sur l’inclusion et l’exclusion dans l’espace public serait prédéfinie par son organisation matérielle, exprimée entre autres par les bancs). L’enjeu analytique et descriptif du numéro est, bien au contraire, de prêter attention à l’hétérogénéité politique et aux effets inattendus des objets (ce que peut, ou non, ouvrir la maille d’un collant). D’un autre côté, nous voulons nous tenir à distance d’un double réductionnisme dans lequel les objets ne seraient que des supports fonctionnels d’interaction, de médiation, de traduction, sans consistance propre (thèse parfois nommée la neutralité technique, faisant tout reposer sur l’usage) ; soit ne seraient que des signes sociaux, symboliques, dissous dans la force du dispositif. Ainsi, le banc ne saurait être réduit à un signal envoyé aux passants par les aménageurs ou un symbole d’exclusion, car c’est aussi un objet de bois et de fonte, nécessitant d’être repeint et réparé au fil des saisons, par un personnel municipal vigilant. L’enjeu est donc de trouver, dans la description, la juste place des objets, sans sur- ni sous-détermination politique.

Pour travailler les questionnements spécifiquement politiques émergeant des objets, nous proposons trois axes : d’abord en appelant des contributions qui reviendraient sur des concepts, des notions ou des méthodes forgées dans la littérature pour appréhender les implications des objets dans la politique, voire, dans une version plus forte, les qualités politiques des objets ; ensuite en invitant des enquêtes sur la participation et la représentation politique par les objets ; enfin, en rouvrant la discussion sur la normativité ou l’idéologie logées dans certains objets spécifiques.

Axe 1 : Perspectives critiques sur l’analyse des objets

Depuis près de quarante ans, la mise en lumière de la politique des objets est au cœur du programme de recherche des science and technology studies (STS) qui ont pris très au sérieux la double question de la détermination sociale des objets et, inversement, de la détermination de la société par les objets, poussant d’un cran l’optique constructiviste qui avait été appliquée aux sciences (ie. montrer, depuis le poste d’observation du laboratoire, la manière dont les technologies sont faites, après avoir montré la manière dont les faits scientifiques sont faits). En effet, peuvent être rassemblés sous cette étiquette de STS, les travaux pionniers de sociologie des usagers et des usages des objets ordinaires comme le photocopieur, la voiture, le vélo ou le rasoir électrique qui ont mis en avant la flexibilité interprétative des technologies, soit la capacité des groupes sociaux à appréhender et faire usage en contexte d’une technologie donnée (Bijker et al. 1987 ; Oudshoorn et Pinch, 2003 ; Pinch et Bijker, 1984). Sur ce terreau, se sont développés des travaux d’histoire et de sociologie historique des connaissances scientifiques et des savoirs techniques visant à examiner les objets les plus opaques de la modernité, les missiles, les centrales nucléaires ou encore les modèles d’intelligence artificielle, afin de les rendre discutables dans des arènes publiques et de rouvrir les modalités de la confiance (MacKenzie, 1990). S’ajoutent à ces écrits pionniers les contributions d’anthropologie cognitive et de sociologie pragmatique (pour le dire rapidement et au regard de l’époque), qui ont déplié le rôle d’appui des objets représentationnels dans les cours d’action (boussoles, plans, étiquettes, compteurs, etc.) et ont invité à se débarrasser définitivement d’une compréhension statique des objets (Conein et al., 1993 ; Hutchins, 1995 ; Suchman, 1987). En France, les travaux sur le façonnement social des objets techniques ont donné naissance à une nouvelle anthropologie des techniques, qui a insisté sur l’actantialité des objets (leurs capacités d’action dans leur environnement) et le rôle des médiations (Akrich, 1987 ; Hennion et Latour, 1993 ; Latour, 1993, 1996), allant jusqu’à invoquer la nécessité d’un Parlement des choses pour débattre des questions écologiques (Latour, 1994) et plaider pour un renouvellement général de la pensée politique par la « Dingpolitik » (Latour et Weibel, 2005), soit l’appel à faire pleinement entrer les objets techniques en politique. Attachements, boîte noire, délégation, dingpolitik, flexibilité interprétative, ingénierie hétérogène, médiations, Parlement des choses, porte-parole, script, etc. : les STS ont ouvert une multitude de questions sur les objets techniques et proposé nombre d’opérateurs analytiques dont le présent appel offre l’occasion de retravailler la pertinence et l’articulation pour penser la politique des objets à la lumière de nouvelles enquêtes de terrain ou de nouveaux enjeux pour les sciences humaines et sociales.

La richesse de ces pistes est loin d’avoir épuisé toutes les questions ni d’avoir convaincu en dehors des cercles d’initiés — voir en particulier les réticences de Winner (1993) à considérer que les questions politiques aient entièrement été prises en charge par les STS. De plus, d’autres disciplines prennent en charge, et depuis longtemps, la question de la politique des objets. En effet, elle parcourt aussi bien la philosophie des techniques, l’ontologie orientée objet, la théorie critique, la psychologie environnementale, la sociologie politique, l’histoire et l’anthropologie des techniques, l’archéologie, la géographie, l’architecture, les sciences du design, les sciences politiques, le droit, l’économie, mais aussi les sciences de l’information et de la communication ou encore la littérature.

Pour Marx, le machinisme industriel donne une “réalité technique” aux rapports de production capitalistes (2010 [1867], p. 504), thématique reprise et travaillée par différentes traditions marxistes ultérieures (Castoriadis, 1975 ; Tronti, 1964) ; en phénoménologie, la technique a été pensée comme porteuse d’une manière de dévoiler le monde comme un fonds exploitable (Heidegger, 1953) ; l’analyse critique des dispositifs marchands a ouvert des pistes pour penser les entrelacs entre techniques de production industrielle, utopies politiques et fantasmagories (Benjamin, 1935) ; la théorie critique issue de l’École de Francfort a questionné la domination de la rationalité instrumentale associée à la société industrielle (Marcuse, 1968) ; l’écologie politique a pu s’alimenter à ces différents gestes, en questionnant le rôle de certains objets dans la domination des humains et de la nature (Gorz, 1975). Fournissant l’occasion de revisiter ces traditions-là, le présent appel souhaiterait susciter des réponses à des questions telles que celles-ci : comment saisir les modes d’existence et les principes d’individuation propres des objets afin de ne pas les réduire à un rôle d’instrument de l’action (Simondon, 2012) ? Comment penser le pouvoir politique des objets sans succomber à un déterminisme technique qui ne laisse pas place à la possibilité de mise en débat et de modification des propriétés et du rôle des objets (Feenberg, 1995, 2004) ? Comment les objets peuvent-ils être compris comme des agents politiques sans perdre leurs caractéristiques spécifiques ? Comment penser à la fois leur consistance ontologique propre et leurs modes d’inclusion dans des collectifs ? Sont-ils les dépositaires transparents d’une action, d’un code ou d’un programme, ou des entités opaques qui résistent à ce programme, qui le complexifient ? Quelles sont les échelles pertinentes pour identifier et étudier des objets politiques – l’objet d’usage, l’infrastructure (Jarrige et al., 2018), le réseau sociotechnique, voire les objets-monde (Serres, 1990) ? Comment humains et objets s’agencent-ils pour former des milieux dans lesquels s’insère l’action politique ?

Des contributions théoriques ou empiriques pouvant éclairer l’une ou l’autre de ces questions sont attendues de l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales, de la littérature de science-fiction à la paléoanthropologie : la mise en question de la politique des objets touche de nombreux domaines et toutes les périodes historiques. 

Axe 2 : Participation et représentation 

Prendre au sérieux un rôle politique des objets nécessite d’affronter des questions qui ont trait à la représentation et à la participation politiques. Du côté de la représentation : en prolongeant les pistes ouvertes par les STS, qui peut se faire porte-parole non pas de sujets, mais d’objets ? À l’inverse, qui les objets représentent-ils ? Leurs concepteur·rice·s – et la représentation qu’ielles ont du monde social – ou des groupes plus larges, plus divers, moins visibles ? Dans quelles circonstances se construisent ces mécanismes de représentation ? Sont-ils le relais des intérêts d’un groupe au détriment d’autres ? Ou d’une orientation idéologique spécifique ? De telles questions croisent l’épistémologie (obtenir une représentation vraie ou juste) et la délégation politique, mais aussi des questions d’échelle et de description des objets et des actions associées. Elles peuvent également ouvrir des pistes de dialogue, par exemple, avec les historien·ne·s du politique qui, de plus en plus intéressé·e·s par la matérialité, ont entrepris d’étudier l’engagement des objets dans des actions situées en ne se restreignant pas aux objets porteurs de signes et de symboles (une plaque commémorative, une médaille, une banderole, un cadeau diplomatique), pour mettre la focale sur des objets qui n’étaient pas a priori perçus comme politiques : un phonographe ou une boîte de corned-beef (Brice, Fureix, 2022 ; Fletcher, 2021). Du côté de la participation : quels collectifs les objets favorisent-ils ? Ou, à l’inverse, empêchent-ils ou masquent-ils ? Comment animent-ils, ou au contraire dévitalisent-ils, les collectifs qui s’agrègent et s’affairent autour d’eux ?

Prenons un dispositif utilisé comme un kit sur mesure de démocratie participative : un microphone relié à un amplificateur (Pecqueux, 2020). Au cours d’un débat public, le micro fonctionne comme un dispositif d’audibilité et d’ordonnancement de la parole. Sa présence en contexte (et souvent l’obligation d’utilisation) permet d’être audible et fonctionne comme un bâton de parole individualisant (voire infantilisant) : chacun son tour, et chacun ne parle que lorsque lui échoit cet objet. Seulement, l’accomplissement d’un débat public ne remplit pas toujours ce programme : d’un sifflement à l’autre, la dynamique de circulation de micro ouvre une brèche de politisation par la mise en avant du collectif et du pluralisme, laissant place à de l’inattendu. Au lieu du bâton de parole performant un ordre préinscrit, il devient le support d’accomplissement d’une modalité de débat plus complexe : se mettre à plusieurs pour signaler à l’animateur une personne qui a réclamé le micro ; refuser le micro en signalant une personne prioritaire ou une parole plus urgente (« après vous », « lui d’abord ») ; prendre le micro pour le passer immédiatement à une autre personne… La participation devient plus collective à mesure que la trajectoire du micro dans la salle fait émerger un autre ordre, celui d’une priorisation, par exemple en direction des « premier·e·s concerné·e·s » par le débat, faisant de l’objet lui-même une partie prenante de cette dynamique politique. On peut ainsi rediscuter la notion d’affordance : tandis qu’elle semble s’inscrire dans l’idée d’un dispositif dont l’usage serait pré-écrit et s’accomplirait de manière quasi automatique (la boîte aux lettres appelle ma lettre à poster), la situation se complique lorsqu’on prête attention à l’objet qui porte ce potentiel d’action et à l’environnement institutionnel qui contribue à lui donner sens (Quéré, 1999). Ce dernier ne se limite pas à une action privilégiée par des concepteuri·ce·s tout·es·-puissant·es·s, mais donne accès à une palette d’actions possibles laissant une part d’inventivité aux usager·e·s et appelant à considérer pleinement la vie de l’objet (panne, effet Larsen, portée, etc.). C’était également la perspective travaillée Christian Bessy et Francis Chateauraynaud (2014, p. 287 sqq) en croisant les notions de prise, de repère et de pli dans le cas d’expert·e·s engagé·e·s dans des épreuves d’authentification avec toutes sortes d’objets. Pour revenir au débat public : le processus n’a rien de nécessairement vertueux ni de définitif : l’ordonnancement individualisant peut toujours devenir prééminent, durablement ou momentanément ; le micro peut également être l’occasion d’usages détournés ou déviants (par exemple : le confisquer en ne le rendant plus, donc en empêchant la circulation de la parole, etc.).

Le mic drop de Barack Obama après son discours lors du dîner des correspondants de la Maison-Blanche en 2016. Source : Wikipédia.

Cet exemple esquisse une manière de saisir, en même temps, la participation et la représentation de publics lors d’un débat, à partir de la circulation d’un objet technique ; on y voit un microphone contribuer à la performance d’une parole politique, l’animer suivant des règles accomplies en situation et l’ouvrir à la contingence. Toutefois, la politique des objets ne renvoie pas de manière privilégiée à des activités et des situations labellisées comme politiques (voter, participer à une instance délibérative, etc.), à la représentation du pouvoir en majesté (le couronne, le spectre, l’hermine, etc.) ni à des « symboles » de contestation (gilets jaunes ou casseroles dont toute l’épaisseur matérielle, en termes de rétroréflexion pour le gilet ou de sonorité métallique venue des cuisines pour les casseroles, resterait à décrire). Nous entendons donner une place à des comportements plus ordinaires, comme la façon de prendre ou non la parole et de prendre part à la bonne tenue d’une conversation à plusieurs (voir Dewey [1995] sur cette conception du politique comme irriguant les activités routinières de coordination). Autrement dit, des objets plus quotidiens que le micro, des “objets usuels” (Thévenot, 1993) appellent à relancer l’investigation sur la représentation et la participation politiques. C’est la perspective privilégiée par Noortje Marres, à partir des objets domestiques déployés dans le cadre d’initiatives d’habitat durable. Elle interroge « le rôle des technologies, des réglages et des objets dans la réalisation (performance) d’un engagement public » (Marres, 2012, p. 22-23), et, pour ce faire, examine la manière dont les dispositifs de mesure des émissions de carbone du chauffage et de la cuisine permettent aux citoyens-habitants de la maison de prendre de conscience de leur empreinte environnementale et de participer consciemment à l’engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre (ibid, p. 62-83). Voici donc les questions politiques relancées : ces objets de quantification nous permettent-ils de devenir des citoyens concernés par l’environnement ? La participation par les objets du quotidien (le smartphone, parmi une multitude d’exemples possibles) serait-elle avant tout individualiste ? Ou peut-elle, comme le micro circulant dans la salle, donner naissance à d’autres paroles et actions politiques ? Voici quelques-unes des pistes de réflexion que vise à alimenter ce second axe.

Nous n’évacuons pas pour autant les propositions portant sur des gestes militants dans la mesure où ceux-ci ne feraient pas de l’objet un simple symbole, mais travailleraient sa dimension matérielle propre. On peut penser par exemple aux mouvements féministes utilisant alternativement des cintres ou des représentations de clitoris dans l’espace public. Précisément, on pourra questionner ces objets en considérant qu’ils sont le produit d’une synthèse de travaux de dissection anatomique, de différentes étapes de modélisation, d’une mise à disposition des matrices pour imprimante 3D, avant de devenir des pochoirs ou des autocollants ; ce qui permet de ne pas les réduire à des “symboles de” et de renouveler les enquêtes à leur propos (il en irait de même pour les gilets jaunes ou les casseroles mentionnées plus haut).

         
À gauche, première version du clitoris d’Odile Fillod en 3D, réalisée en 2016. Source : Carrefour Numérique de la Cité des sciences et de l’industrie. À droite, fresque comportant la deuxième version du clitoris d’Odile Fillod, peint sur un mur à Genève, janvier 2024. Source : auteur·ice·s.

Axe 3 : Normativité et idéologies

Une autre manière de penser la politique des objets consisterait à interroger la normativité dont ceux-ci sont intrinsèquement porteurs. Y a-t-il une bienveillance de certains objets, à l’instar de celle travaillée en propre par Emmanuel Belin (2001) à partir de notions de Donald Winnicott (comme celle d’espace potentiel), puisque ce qu’il désigne comme “bienveillance dispositive” est bien une médiation technique, reposant sur la mise en place d’un environnement aménagé ? Y a-t-il des objets plus autoritaires ou plus démocratiques que d’autres (Mumford, 2021) ? Les objets peuvent-ils porter, à même leur matérialité, une idéologie ou les germes d’une société donnée que l’on pourrait analyser à la manière dont d’autres ont identifié, à partir de principes de justice et d’épreuves, des cités (Boltanski et Thévenot, 1991) ? Comment les idéologies des concepteur·rice·s — architectes, designer·eus·s, ingénieur·e·s, urbanistes, etc. – sont-elles intégrées dans les objets ? Les exigences spécifiques des objets — pour leur durabilité, leur stabilité, leur alimentation — dessinent-ils un ordre politique au détriment d’autres ? Les objets sont-ils traversés par une idéologie technicienne qui viendrait masquer les relations de pouvoir sous les aspects de la neutralité rationnelle (Habermas, 1975) ? Que deviennent les idéologies, si elles ne sont plus seulement comprises comme des justifications instituées d’un ordre matériel donné (Althusser, 1970), mais comme existant à même les objets ? Ces questions ont animé un article séminal sur la politique des objets : comment les objets incarnent-ils (embody) des options politiques déterminées et des décisions aux conséquences durables concernant l’ordre social (Winner, 1980) ? Et, de même que pour les objets militants précédemment mentionnés, ces interrogations ont également été celles de mouvements sociaux, dont le luddisme dans l’Angleterre du début du XIXe siècle, qui s’est manifesté par des épisodes de bris de machines comme autant de mises en doute et de résistances d’un ordre économique (Jarrige, 2009; Noble, 1995; Cachard, 2022) et qui peuvent être étudiés à nouveaux frais dans la perspective d’une histoire de la mise en politique d’objets — notamment quand on pense à l’étymologie plus ou moins fantasmée de sabotage, qui viendrait du jet des sabots des ouvriers dans les machines pour les abîmer ou les détruire.  

Pour évoquer un cas emblématique, les questions de normativité et d’idéologie ont jalonné l’intrusion brutale, le développement et les défaillances des objets produits par l’industrie nucléaire. Les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945 ont pu être compris comme annonciateurs d’un âge dont les traits seraient spécifiquement définis par cette technologie et son potentiel de destruction (Anders, 2008). Les discours des industriels et des représentants politiques ont cependant cherché à dessiner un nucléaire biface : d’un côté, le potentiel destructeur qu’il faut confiner ; de l’autre, la perspective d’une abondance énergétique, où le nucléaire ferait au contraire entrer le monde dans une société d’abondance pacifiée (Pottin, 2024). Le développement industriel de l’énergie nucléaire dans les années 1970 a fait naître d’autres figures de la politique des objets nucléaires parmi ses critiques : par son gigantisme, ses liens avec les usages militaires et son imposition sans débat démocratique, le nucléaire serait une technologie intrinsèquement autoritaire (Gorz, 1988). Pour la génération de militant·e·s des années 1970 (Cambourakis, Houdart et Gauthier, 2021 ; Starhawk, 2015 ; Touraine et al., 1980), le nucléaire est un objet intrinsèquement politique, porteur d’une idéologie technocratique et d’une organisation sociale rigide qui serait sa condition de possibilité — situation qui appelle, selon elles et eux, de nouvelles formes de contestation. En prenant leurs distances vis-à-vis des accents de déterminisme technique qui imprégnaient les critiques des années 1970-1980, la recherche sur le nucléaire a pu mettre au jour d’autres manières de penser la normativité et le mode d’existence des idéologies dans la technique – et ce en allant la chercher à même les objets du nucléaire. Dans le cas français, les réacteurs nucléaires ont été construits et conçus, jusque dans leur plan, comme des incarnations du “rayonnement” national dans le contexte de l’après-guerre (Hecht, 1998) ; quant aux déchets nucléaires entreposés sur différents sites, la reconnaissance de leur poids sur la communauté nécessite un travail préalable de mise en politique (Barthe, 2006). Mais cette dialectique plus subtile entre les objets nucléaires et la société n’en laisse pas moins ouverte une question : comment démanteler les objets qui font l’héritage matériel que nous lèguent les choix techniques passés (Bonnet et al., 2022), dont les conséquences nous engagent sur le long terme, et dont nous dépendons encore aujourd’hui ?

Affiche sous forme de faux journal, Comité antinucléaire de Bordeaux, ca. 1985.  Source : ficedl, site international d’affiches anarchistes, licence creative commons.

Nous invitons ici des contributions qui décriront finement les normativités et idéologies enchâssées ou attribuées aux objets, les enquêtes, les débats qui les entourent, ainsi que les arènes publiques de leur déploiement (Cefaï, 2016; Chateauraynaud, 2011) ; mais aussi des contributions plus conceptuelles qui pourront revenir sur des débats classiques sur ces sujets dans l’histoire des idées.

*****

Pour appréhender en quoi un objet peut être qualifié de politique, nous invitons les contributeur·ice·s à ne pas considérer ces trois axes de retour sur les notions, sur la participation et la représentation et sur la normativité et l’idéologie comme formant des cheminements séparés ; ils dessinent ensemble l’ambition du numéro. Nous cherchons à réunir des propositions qui s’efforceront aussi bien de faire le point sur des contributions passées, que de proposer des voies originales de description et d’analyse des questions et problèmes soulevés par la politique des objets, par exemple dans le contexte environnemental présent. Loin de ne renvoyer qu’à une unique chapelle théorique ou de privilégier une approche méthodologique ou disciplinaire, ce numéro de Tracés a vocation à accueillir les contributions (articles, notes, entretiens ou traductions), dans toute leur diversité potentielle, qui prendront à bras le corps ces questions.

1 « Seen but unnoticed background expectancies » (Garfinkel, 1967, p. 36), soit « […] l’arrière-plan des activités quotidiennes, qui est vu dans l’attitude ordinaire sans que l’on y prête attention »  (trad. M. Barthélémy et L. Quéré, 2007, p. 99).

Modalités de soumission

L’appel à contribution a valeur de cadrage et permet la sélection des contributions en fonction de leur pertinence par rapport au thème et aux enjeux du numéro. Il a, en outre, vocation à suggérer aux rédacteur·ice·s potentiel·le·s quelques pistes générales de réflexion.

Articles

Les articles représentent des contributions originales à la recherche, qui suivent les normes habituelles de la production scientifique. Ils doivent tous se positionner par rapport à l’appel à contribution.

Différents types d’approches sont possibles, permettant de diversifier la manière d’aborder la thématique : nous accueillons tant des articles à vocation essentiellement théorique, que des contributions fondées sur des recherches empiriques, où les enjeux méthodologiques seront précisés et discutés.

Tracés étant une revue interdisciplinaire, les articles doivent pouvoir être compréhensibles et pertinents pour des lecteurs et des lectrices non spécialistes ; ils peuvent également faire appel à des méthodes et des références de plusieurs disciplines, ou interroger les présupposés ou les outils empiriques et théoriques d’une discipline à partir du point de vue d’une autre discipline. Les articles soumis ne peuvent excéder 50 000 signes (espaces, notes, et bibliographie incluses).

Notes

Nous publions des notes critiques qui présentent un ensemble de travaux (éventuellement un ouvrage en particulier), une controverse scientifique, ou l’état d’une question actuelle. Elles doivent dans tous les cas se rattacher explicitement à la thématique du numéro et permettre d’éclairer des orientations de recherche ou des débats inhérents à cette dernière, notamment pour des lecteurs et des lectrices non spécialistes des disciplines concernées.

Les notes soumises ne peuvent excéder 25 000 signes (espaces, notes, et bibliographie incluses).

Entretiens

Des entretiens avec des chercheurs, chercheuses ou d’autres expert·e·s des questions étudiées sont également publiés dans chaque numéro. Les contributeurs et les contributrices qui souhaiteraient en réaliser sont invité·e·s à prendre contact directement avec les coordinateurs du dossier : Marie Alauzen (marie.alauzen@dauphine.psl.eu,), Anthony Pecqueux (anthony.pecqueux@msh-lse.fr) et Ange Pottin (ange.pottin@univie.ac.at).

Traductions

Les traductions sont l’occasion de mettre à la disposition du public des textes peu ou pas connus en France et qui constituent un apport capital à la question traitée. Il doit s’agir d’une traduction originale. Le choix du texte devra se faire en accord avec les coordinateurs du dossier et le comité de rédaction ; les questions de droits devront être réglées en amont de la publication.

Recommandations pratiques

Il est donc demandé aux contributeur·ice·s de bien préciser pour quelle rubrique l’article est proposé. La soumission d’articles en anglais est également possible, mais si l’article venait à être retenu pour la publication, sa traduction nécessaire en français demeure à la charge de l’auteur·ice·s.

Les auteurs et autrices devront envoyer leur contribution (article complet) pour le 1er novembre  2024 aux coordinateurs du dossier (marie.alauzen@dauphine.psl.eu, anthony.pecqueux@msh-lse.fr et ange.pottin@univie.ac.at) et à l’adresse redactraces@groupes.renater.fr. Les auteur·ice·s peuvent, s’ils le souhaitent, en outre adresser un résumé (en indiquant le titre de leur contribution, la rubrique dans laquelle ils le proposent, ainsi qu’un bref résumé du propos) aux coordinateur·ice·s du dossier, pour leur faire part de leur intention de soumettre un article et entamer un premier dialogue avec l’équipe de coordination.

Chaque article est lu par un·e membre du comité de rédaction et par deux évaluateurs et évaluatrices extérieur-e-s. Nous maintenons l’anonymat des lecteurs et lectrices et des auteur·ice·s. À l’aide de ces rapports de lecture, le comité de rédaction de Tracés rend un avis sur la publication et décide des modifications à demander aux auteur·ice·s afin de pouvoir publier l’article. Dans le cas de propositions trop éloignées de l’appel à contribution ou des exigences scientifiques de la revue, le comité de rédaction se réserve le droit de rendre un avis négatif sur la publication sans faire appel à une évaluation extérieure. Hormis ces exceptions, une réponse motivée et argumentée est transmise aux auteur·ice·s suite à la délibération du comité de lecture.

Nous demandons aux contributeurs et contributrices de tenir compte des recommandations en matière de présentation indiquées sur notre site (https://journals.openedition.org/traces/).

Les articles envoyés à la revue Tracés doivent être des articles originaux. L’auteur·ice s’engage à réserver l’exclusivité de sa proposition à Tracés jusqu’à ce que l’avis du comité de lecture soit rendu. Elle ou il s’engage également à ne pas retirer son article une fois que la publication a été acceptée et que l’article a été retravaillé en fonction des commentaires des lecteurs et lectrices.

NB : L’insertion d’images et de supports iconographiques en noir et blanc et en couleurs est possible en nombre limité (Précisez-le dans votre déclaration d’intention). Celles-ci doivent être livrées libres de droit (sauf exception, la revue ne prend pas en charge les droits de reproduction) ; elles limitent le nombre de signes à hauteur de 2500 signes par image pleine page, et de 1500 signes par image demi-format. Pour des projets spécifiques, il est possible de faire établir un devis pour un cahier hors-texte

We Are One – Honoring Immigrant Garment Workers’

2 months 3 weeks ago

We Are One – Honoring Immigrant Garment Workers’ exhibit by Rachel Bernstein and May Ying Chen at The American Labor Museum, May 1st – Aug. 24th, 2024

Haledon, New Jersey The American Labor Museum/Botto House National Landmark proudly opens the exhibit We Are One – Honoring Immigrant Garment Workers by Rachel Bernstein and May Ying Chen on Wednesday, May 1st, 2024.

We Are One – Honoring immigrant Garment Workers features historic photographs and more to celebrate the workers in garment manufacturing, many of whom were recent immigrants, who formed the International Ladies’ Garment Workers’ Union (ILGWU). Composed of Jewish and Italian workers in the early 1900s, a wave of Puerto Rican and southern Black American workers joined the union by the 1950’s. After changes to immigration laws in 1965, they were soon joined by new waves of Asian and Latin American immigrants. Though often underestimated, immigrant women were always essential to the factories, the union, and the fight for safety laws.

Rachel Bernstein directs LaborArts, a website which presents exhibits collections, and events to further public understanding of the past and present lives of working people. Ms. Berstein researches, writes about and teaches American working-class history.  Until her retirement in 2009, May Ying Chen was the Manager of ILGWU Local 23-25, and Vice President of the International Union.  She continues organizing and educating workers through LaborArts, the Museum of Chinese Americans, and other organizations.

We Are One – Honoring Immigrant Garment Workers is on view at the Museum from May 1st through August 24th, 2024.  

This program is made possible in part by a grant administered by the Passaic County Cultural and Heritage Council from funds granted by the New Jersey State Council on the Arts.

The Botto House National Landmark, headquarters of the American Labor Museum, is located at 83 Norwood Street in Haledon, NJ.  The Museum's hours of operation are Monday through Friday, 9AM-5PM.  Visitors are welcome Wednesday through Saturday from 1PM-4PM and at other times by appointment.  For further information about the Museum, call 973-595-7953 and visit www.american-labor-museum.org.

Genealogies of Memory 2024 Gentry, Nobility and Aristocracy: the Post-Feudal Perspectives

2 months 3 weeks ago

The conference will take place in Warsaw at the Faculty of Modern Languages ​​at the University of Warsaw
(ul. Dobra 55) on 25-27 September 2024 in a hybrid format with possible online participation. 

The vital and complex role of the landowning elites in the political, economic, and cultural history of Europe has been extensively researched, resulting in a wealth of literature. However, the question of how this role has been remembered since the dissolution of these elites as a social class, and what the implications of this memory and legacy are for contemporary European societies, has only recently been addressed by sociologists, historians, and anthropologists.

The opening hypothesis of the conference is that post-feudal social structures, which were a consequence of the power dynamics between the landowners and peasants, can be examined through a perspective of the longue durée. The existence of landowners as a class was brought to an end by political decisions and revolutionary movements, or gradually transitioned into social and political systems based on more democratic principles. This led to various legacies from the past, modes of remembrance, and finally, legal and economic circumstances. These diverse trajectories serve as a reminder of the East-West dichotomy in Europe, as in part of Central and Eastern Europe the end of the landowners' domination came with bloodshed and violence, as part of the making of the ‘Bloodlands’. However, our aim is to go beyond this dichotomy and see whether schemes other than East-West can be employed to understand the diversity of the gentry, nobility and aristocracy history in Europe.

An illustration of this diversity is also the multitude of terms used to describe the phenomena we discuss and its internal stratification. While we use the ahistorical terms "landowners" or the „landowning elites” as the overarching terms for the purpose of this call for papers, we acknowledge that in different regional contexts, more specific categories such as gentry, nobility, and aristocracy are relevant. We also welcome discussion on the terms used in the papers.

Individual and collective memory of the gentry, nobility and aristocracy, and in a broader sense, of the post-feudal period with all its complexities, will, however, vary depending not only on how the landowners' era concluded, but also on its characteristics in different regions of Central and Eastern Europe. The landowning elites might have shared the same ethnicity and religion as the subordinate classes, or they could have been of different backgrounds, such as in Eastern Galicia, where Poles owned vast swathes of land populated by ethnic Ukrainians. They could have also belonged to the titular nation of the nation-state, as in interwar Poland, or been ethnically connected to another nation, as was the case with the German aristocracy in interwar Czechoslovakia. Its social and political standing, as well as its proportion within the general population, could range from significant, as seen in Hungary, to marginal, as observed in Romania. Moreover, the gentry, nobility and aristocracy could either be the sole elite in the country or blend, compete with, or even give rise to other influential groups, as exemplified by the Polish intelligentsia. Lastly, the current status of the landowning elites and their (former) property varies greatly across Europe: from regions where its status was never formally challenged, such as in Great Britain, to countries where extensive (re)privatization laws were enacted after the collapse of communism, like in the Czech Republic and Lithuania, and to the post-Soviet states of Ukraine and Belarus, where the issue of reprivatization was never politicized and remains largely absent from public discourse.

With this complex agenda in mind, we want to approach the topic of this conference in a comparative and contextualised perspective. We wish to pose questions about memory of the gentry, nobility and aristocracy as inscribed in the official narrative, vernacular beliefs, cultural practices and art. We will have a close look at the approach to the their material heritage, the role its history and legacy plays in maintaining collective identities on the local and national levels, as well as the complexity of the legal constraints involved. We will be interested in broadening our approach to the dynamics of the social relations between various actors and seeing among them not only the landowning elites and peasantry, but also Jews in their traditional and less conventional roles, city dwellers as a counter-community, rich bourgeoisie as the competing and/or aspiring class, and intelligentsia with its multifaceted role. Thus, we will include the internal and external perspective of various memory actors and keepers. Additionally, our key focus will be the material heritage: objects, buildings and spaces as spheres of interference, contested property battleground and non-sites of difficult memories.
 
The proposed papers might address, but not be limited, to the following issues:

THE LONGUE DURÉE OF POST-FEUDAL STRUCTURES
• How did the memory of the landowning elites, their role and status change over the time? What were the dividing lines or the turning points? 
• What is the group memory dynamics among the descendants of the gentry, nobility and aristocracy themselves, among people with peasant origins, and in local village communities where once the gentry resided?
• What are the main determinants of this memory – how are violence, power relations and class dependencies remembered?
• How can the longue durée of the post-feudal social mechanisms and structures be discovered in the cultural memory, values and elements of the identity of different social groups?
• How are various aspects of the gentry, nobility and aristocracy ethos perceived in contemporary social life, art and culture?
• Who endeavours to uphold this ethos as the ethos of their own group – in other words, who currently belongs to the group that regards the landowning elites’ legacy as its own?

CHANGE  
• How the ways the post-feudal system was dissolved in different countries influenced the memory of the gentry, nobility and aristocracy?
• How the categories of guilt, victimhood and historical justice have been employed in the narratives about the end of these groups’ domination on various levels (local, group, national)?
• How is the violence against the gentry, nobility and aristocracy that accompanied their dissolution as a social strata – physical, political and symbolic – remembered today?
• In which form, if any, is the past social order reactivated if an estate is bought by a new owner?  How does such new ownership, be it by descendants of a historical landowning family, or by new people,  resonate with the legacy of the past?
• How did the memory and survival strategies of the gentry, nobility and aristocracy families form and evolve during the communist and post-communist period?

MATERIAL HERITAGE
• What is the status of the material heritage of the gentry, nobility and aristocracy – manors, parks and palaces? To what extent is it considered common heritage – by local communities, by the national community, and by authorities on various levels?
• What does the memoryscape of such places look like?
• What are the commemorative practices connected with such spaces?
• Does the issue of the post-1989 (re)privatisation influence attitudes towards the landowning elites’ material heritage?
 
REGIONAL AND PARTICULAR VS. UNIVERSAL
• What is the specificity of memory related to the gentry, nobility and aristocracy in various European countries? Is the East-West division the main important one?
• Is the memory of the aristocracy different from the memory of the lower nobility, or landowners without noble titles? How does the social and political diversification of the landowning elites in the past influence its memory today?
• Which historical factors influence the collective and individual memory, as well as memorial practices?
• Is the overlapping of class, ethnicity and religion in the past decisive for the contemporary memory of the landowning elites and post-feudality?
• Is there any specific memory of the Jewish landed gentry?
• Can any parallels be found outside Europe? What is the postcolonial aspect of the landowning elites’ historical presence in these countries?

We welcome submissions from memory studies, heritage studies, and other related disciplines. The comparative approach will be particularly welcome.

Organisational information
The conference will take place in Warsaw on 25-27 September 2024 in a hybrid format with possible online participation.
The conference language is English. The organisers provide accommodation for the participants. There is no conference fee.

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1 hour 47 minutes ago
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